Rachat de VMware par Broadcom : quelle stratégie adopter ?
Broadcom, le géant américain des semi-conducteurs, a finalisé en Novembre 2023 son acquisition de VMware, le spécialiste de la virtualisation. Montant du rachat ? 69 milliards de dollars. Une opération majeure dont les conséquences considérables se font déjà sentir auprès des milliers d'entreprises clientes de VMware dans le monde entier. Pourtant, malgré les inquiétudes, certains DSI et responsables IT restent optimistes : ils y voient l'occasion de revoir leur stratégie, renforcer leur souveraineté et réaliser des économies à long terme.
Diversification des activités avec un objectif financier
Avec cette acquisition, Broadcom poursuit la diversification de ses activités et a annoncé viser un retour sur investissement rapide sur 3 ans. Avec ce mariage qui obéit essentiellement à une logique financière, des milliers d'entreprises clientes de VMware voient d'un mauvais œil l'arrivée de Broadcom à la tête du spécialiste de la virtualisation.
En plus des impacts récents liés aux annonces des derniers mois, certains clients craignent les décisions futures de Broadcom. Depuis les acquisitions de CA Technologies en 2018 et de Symantec en 2019, l'entreprise est en effet connue pour sa tendance à augmenter régulièrement le coût des licences logicielles.
Le budget IT des entreprises fortement impacté
Depuis le début de l’année, les projections du Cigref se vérifient sur le terrain. Selon ses calculs, qui tiennent compte de la revente d’une partie des activités de VMware et des réductions d’effectifs et de coûts, pour rentabiliser son acquisition sur trois ans, en moyenne la facture des clients actuels sera multipliée par 3.
De nombreux décideurs IT s'inquiètent de l'impact majeur sur leur budget IT. « Des entreprises de toutes tailles viennent nous consulter car elles font face à des augmentations de prix considérables. Nous observons aussi de vraies disparités, en fonction de leur infrastructure et des services VMware qu’elles utilisent. Les plus impactées sont plutôt les ETI et PME, avec des augmentations pouvant parfois être multipliées par 15 », confirme Aurélien Violet, Chief Marketing Officer chez Enix.
Pour atteindre ces niveaux d'augmentation, Broadcom a entièrement restructuré son offre : modification de l'unité de calcul des licences ; abandon du modèle de licence perpétuelle au profit de l'abonnement et introduction de "bundles", c'est-à-dire l'obligation de souscrire à un package complet de services VMware Cloud Foundation (VCF) ou VMware vSphere Foundation (VVF), que ce package soit pleinement utilisé ou non.
Revisiter la question de la souveraineté sur le plan des compétences
Cette opération financière pousse également les DSI à réfléchir à la notion de souveraineté, trop souvent abordée uniquement sous l'unique angle du stockage des données. « Chez Enix, nous pensons nécessaire qu’elle soit appréhendée de façon plus globale. En vous basant sur des solutions propriétaires clés en main, a fortiori chez un seul fournisseur, vous devenez simple utilisateur plutôt qu’acteur, vous vous en remettez intégralement à lui. Or la souveraineté, c’est avant tout la capacité à décider et agir en autonomie. Pour cela, il faut conserver la compétence au sein de ses équipes ou chez des partenaires de confiance », précise-t-il.
VMware étant devenu le standard de facto pour la majorité des environnements on-premise ou de cloud privé, son acquisition soulève également des interrogations concernant la souveraineté et l'indépendance. « Par opposition au déploiement sur les clouds des trois GAFAMs, avec des plateformes on-premise, de nombreux clients se pensaient à l’abri des desiderata américains. La situation actuelle révèle en réalité la forte dépendance que certains ont créée au fil des années en s’appuyant sur une solution propriétaire », ajoute-t-il.
La qualité du support et le Run au cœur des réflexions des DSI
Outre l’impact financier à court terme, les clients craignent des bouleversements majeurs dans les roadmaps des produits. Ces dernières années, VMware a beaucoup investi dans le développement de solutions de pointe en virtualisation, conteneurs, cloud hybride et edge computing. Les entreprises peuvent-elles espérer la continuité de ces efforts d'innovation et la qualité du support technique sous la direction de Broadcom ? Cela reste incertain, malgré les récentes tentatives de réassurance de la part du géant américain.
« Les interrogations de certaines DSI sur l’évolution de la qualité du support VMware nous semblent aujourd’hui prématurées. Il est cependant intéressant de voir que le sujet du support et du modèle pour assurer le RUN de leurs plateformes soit au cœur de leurs réflexions. Cet aspect peut en effet évoluer fortement en cas de sortie de VMware et du modèle basé sur un unique fournisseur de solution propriétaire », souligne le responsable marketing d’Enix.
Faire évoluer sa stratégie IT : quels paramètres privilégier ?
Les répercussions budgétaires incitent les DSI à réévaluer plus globalement leur stratégie IT. Doivent-ils continuer avec VMware en acceptant les nouvelles offres et tarifs ? Opter pour d'autres solutions propriétaires avec des fonctionnalités équivalentes ? Adopter des solutions plus ouvertes basées sur l'open source, en ré-internalisant certaines compétences ou en étant accompagnés par de nouveaux partenaires ? Ou bien envisager des évolutions plus conséquentes, comme la migration vers le cloud public ou le passage à Kubernetes ?
« La stratégie à adopter dépendra de nombreux paramètres spécifiques à chaque entreprise : l’architecture et les serveurs composant les plateformes ; la façon dont les équipes consomment les VMs ; les services que les VMs font tourner ; les besoins réseau ou backup ; l’intérêt ou non d’évoluer vers le cloud native ; les préoccupations de sécurité et de souveraineté, ou encore la compétence dont l’entreprise dispose en interne. », relève Aurélien Violet.
Ce nouveau contexte offre également à de nombreux DSI l’opportunité de remettre en question l’utilisation de solutions sur étagère. « Au-delà de leur volonté de sortir d’un modèle propriétaire, de plus en plus d’entreprises s’intéressent aux solutions open source dans une optique d’optimisation de leurs coûts IT à plus long terme », souligne Aurélien Violet, avant de noter que « les souhaits de migration vers notre cloud Proxmox se sont nettement renforcés depuis le rachat. Nous sommes ravis de voir que les DSIs explorent ces solutions basées sur de l’open source, que ce soit chez nous, chez d’autres acteurs ou en renforçant leurs équipes internes sur ces technologies. »
Voir aussi :
(2/3) : Pourquoi opter pour des alternatives open source à VMware ?
(3/3) : Comment migrer de VMware vers Proxmox ?