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Yves Caseau, CDIO du groupe Michelin : « Je vais encourager les usages de ChatGPT en interne »

Yves Caseau, CDIO du groupe Michelin : « Je vais encourager les usages de ChatGPT en interne »
« Pour un développeur, ChatGPT représente un gain de productivité significatif, mais pas un changement spectaculaire du métier lui-même. » (Photo : Thomas Leaud / CIO)
Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°204 !
IA génératives : aux DSI de jouer !

IA génératives : aux DSI de jouer !

L’arrivée de ChatGPT est d’abord un phénomène grand public. Des millions d’utilisateurs ont rejoint la plateforme d’OpenAI en quelques semaines. Mais le sujet occupe maintenant une place de choix sur les feuilles de route technologiques des entreprises, du fait des gains de productivité que...

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Directeur du digital et des systèmes d'information du groupe Michelin, Yves Caseau s'est penché sur le potentiel des IA génératives ou transformers IA, comme ChatGPT. Et y décèle déjà un outil de productivité intéressant pour les développeurs.

PublicitéVous avez mené de premiers tests de ChatGPT (synthétisés dans un billet posté sur LinkedIn). Est-ce que ce galop d'essai vous permet d'imaginer de premiers cas d'usage au sein de Michelin ?

Yves Caseau : Deux premiers scénarios me viennent en tête. D'abord, ce type d'IA génératives est à même de produire de petits textes à usage professionnel, par exemple pour le marketing ou pour des briefs internes. Mais il faut cibler un domaine qu'on connaît bien et se limiter à des questions générales, sinon l'outil produit des erreurs. Autrement dit, se servir à bon escient et efficacement de ces IA génératives est une nouvelle compétence à appréhender.

L'autre usage assez immédiat de ce type d'outils réside dans l'écriture de code, notamment dans le cadre de démarches low code. On peut imaginer des outils embarquant des technologies de ce type pour générer du code à partir de questions en langage naturel. Mais attention, ce n'est pas une révolution, juste une manière d'accélérer ce que les développeurs font déjà avec des sites comme Stack Overflow qui fournit des bouts de code prêts à l'emploi. Et encore une fois, il faut connaître le domaine, donc ici avoir des compétences en développement, pour vérifier la qualité des réponses fournies par l'outil.

Dans le prolongement, un outil comme ChatGPT peut également produire des scripts pour gérer les infrastructures programmables. Mais là encore, mieux vaut miser sur une technologie populaire si on veut obtenir des réponses fiables, et s'en tenir à des questions classiques.

Allez-vous encourager les usages en interne ?

On peut considérer ChatGPT de deux façons. Soit de façon négative, en arguant qu'il est facile de le piéger. Soit de façon positive, en prenant cet outil pour ce qu'il est et en intégrant ce qu'il ne faut pas lui demander. Ma position, c'est que cette technologie est intéressante dans des démarches d'essais/erreurs, en se limitant à des sujets maîtrisés et à des questions classiques. A chacun d'apprendre à s'en servir !

Des employés de Michelin, notamment des développeurs, testent déjà ChatGPT et je vais encourager ces initiatives. On peut tout à fait imaginer utiliser ce type d'outils en production d'ici un an. Le constat qui se dégage des premiers tests, c'est que nous aurons besoin de former les utilisateurs d'approches low code, souvent des profils habitués des macros Excel mais peu familiers des langages de développement proprement dit. Ils ont besoin de monter en compétences sur ce sujet pour revisiter le code produit par les IA. Cette démarche de formation des citizen developers est prévue dès 2023.

A plus long terme, ce type d'outils peut-il amener une refonte en profondeur de certains métiers ou de certaines filières ?

Même à moyen terme, je ne pense pas. Si on prend le cas des développeurs, ce type d'outils leur permet de produire du code simple plus rapidement. Peut-être avec une accélération d'un facteur dix sur ce type de tâches. C'est donc un gain de productivité significatif, mais pas un changement spectaculaire du métier lui-même, car l'outil reste limité à des fonctions simples et ses réponses doivent être systématiquement vérifiées. Les lacunes des IA génératives empêchent, à ce stade du moins, de se projeter plus loin.

PublicitéDe réels changements de la structure des métiers pourraient provenir des IA hybrides, qui ont le potentiel pour changer la structure du travail collaboratif via des assistants cognitifs fiables à même de préparer les interactions entre individus. Ce type d'outils, s'il voit le jour, pourrait transformer la nature des travaux intellectuels.

Des outils de type ChatGPT pourraient-ils également simplifier l'accès à la connaissance métier dans de grandes entreprises industrielles comme Michelin ?

D'abord ces sujets font l'objet, depuis longtemps déjà, de projets de recherche utilisant par exemple les ontologies (modèle de données contenant des concepts et relations permettant de modéliser un ensemble de connaissances dans un domaine donné, NDLR). Mais, c'est vrai qu'on peut aussi imaginer exploiter des outils d'IA de type ChatGPT bénéficiant d'un apprentissage par renforcement sur les connaissances métiers d'une entreprise. Si la technologie fonctionne suffisamment bien, des fournisseurs proposeront probablement d'entraîner ces technologies sur des corpus de textes privés. Mais je n'en fais pas une urgence.

OpenAI a annoncé une version payante de son outil. Réfléchissez-vous déjà à acheter des licences ?

Non, nous sommes encore au stade de la découverte des possibilités de cet outil.

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