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Volvo Cars encadre la transformation agile de son SI

Volvo Cars encadre la transformation agile de son SI
« Nous n'avons pas redressé la barre avec moins de gouvernance ou de contrôle, mais avec des cadres, des principes et des lignes directrices clairs », explique Tobias Altehed, responsable de l'organisation digitale de Volvo Cars. (Photo Volvo Cars - DR)

Volvo Cars procède à une transformation majeure de son business model et de ses produits. Pour y faire face, il remplace ses systèmes de base développés en interne comme son PLM par des solutions du marché, et donne davantage de cadre à ses équipes agiles.

PublicitéL'industrie automobile continue d'accélérer sa transition vers les moteurs électriques, et Volvo Cars déploie tous les efforts possibles pour se placer à l'avant-garde. Ce changement radical qui impacte l'entreprise crée également une dynamique différente sur le marché, car la plateforme technique de base des véhicules est plus simple qu'avec les moteurs à combustion interne. En conséquence, de nouveaux constructeurs automobiles apparaissent et la concurrence s'intensifie, comme l'explique Tobias Altehed, qui dirige l'organisation digitale de Volvo Cars. Sans oublier, que l'équilibre entre logiciel et matériel au sein même des véhicules change aussi et que de plus en plus de ces logiciels sont développés en interne.

Enfin, l'industriel revoit également son business model pour passer à la vente directe. « Cela nous donne désormais accès à toutes les données de nos clients, ce qui n'était pas le cas avant puisque nous n'avions pas de contact direct avec eux, explique Tobias Altehed. Nous avons désormais une relation avec eux tout au long de leur utilisation du véhicule qu'ils achètent ou auquel ils s'abonnent. » Autant de transformations qui demandent des changements à tous les niveaux du système d'information.

Un SI historique déployé depuis les années 70

Mais Tobias Altehed rappelle que l'informatique de Volvo couvre au moins cinq décennies de technologie, depuis les systèmes centraux des années 70 jusqu'aux infrastructures les plus récentes. « Notre existant aura probablement entre 60 et 70 ans avant que nous ayons tout modernisé, estime-t-il. Mais nous donnons la priorité aux évolutions dans les domaines liés à la transformation globale de l'entreprise. » Une grande partie de cet héritage informatique provient de l'époque où Volvo Cars appartenait encore au groupe Volvo. Lorsque la société a été rachetée par Ford en 1999, quelques grands projets informatiques de nouvelle génération ont été réalisés, et certains systèmes de base datent du début des années 2000. Enfin, lorsque le Chinois Geely a racheté le constructeur en 2010, cela a principalement conduit à une expansion géographique de l'industriel, mais jusqu'à présent, « il n'y a jamais eu d'effort aussi imposant de modernisation de notre paysage numérique », selon Tobias Altehed.

« Nous avons été plutôt efficaces lorsqu'il a fallu ajouter progressivement de nouvelles fonctions à notre SI, mais beaucoup moins lorsqu'il s'est agi d'en supprimer, poursuit-il. Si bien que nous devons maintenant gérer un large éventail de technologies. Pour autant, lorsque nous remplaçons ou faisons évoluer certains systèmes de base, ce n'est pas qu'ils sont mauvais, instables ou coûteux, c'est avant tout parce que nous avons besoin d'un SI beaucoup plus adaptable pour suivre l'évolution très rapide de notre secteur. »

PublicitéUne transformation difficile des applications de base

Il n'est jamais facile de remplacer les systèmes de base qui constituent l'épine dorsale d'une l'entreprise. Les solutions commerciales, le PLM (product lifecycle management), le SCM (supply chain management), les SIRH doivent tous être pris en compte. Et la migration du PLM a été une des plus difficiles chez Volvo Cars. « Le nôtre a été conçu dans les années 70 et contient toutes nos informations sur les produits, précise Tobias Altehed, mais il ne dispose pas des fonctions nécessaires pour les futurs produits et services que nous voulons lancer, précise le responsable du digital. Nous sommes donc en train de le remplacer par une solution du marché. » En outre, ce qui complique la tâche des équipes c'est que le PLM actuel de Volvo Cars s'interface directement avec quelque 500 autres systèmes ! Maintenant qu'il a été remplacé, l'entreprise doit encore concevoir une nouvelle architecture sans ce type de connexions.

L'entreprise a opté pour un déploiement progressif des nouveaux systèmes plutôt qu'un big bang. « Même lorsqu'une nouvelle usine est construite, en Slovaquie par exemple, on ne peut pas repartir de zéro avec de nouveaux systèmes, insiste Tobias Altehed. Tenter l'aventure à l'occasion de l'ouverture d'une nouvelle usine pourrait sembler la solution évidente, mais nous ne voulons pas risquer de déployer trop de technologies qui n'ont pas encore fait leurs preuves. Nous mettons donc en oeuvre un mix de notre existant et de nouvelles solutions déjà testées dans d'autres usines. »

Le passage dans le cloud est achevé

Avant même de faire évoluer ses systèmes, Volvo Cars a déjà procédé à une migration complète dans le cloud. Il s'agissait de l'un des programmes importants en cours lorsque Tobias Altehed a pris ses fonctions en 2019. « Nous avons achevé cette transition en moins d'un an, et une grande partie des systèmes que nous allons changer sont hébergés dans le cloud. La seule exception étant le grand système. Le SI est plus stable et sécurisé, mais nous constatons aussi que cela va simplifie le travail de remplacement de systèmes. »

La stratégie de Volvo Cars consiste désormais à déployer principalement des systèmes standards, et à réaliser le moins possible d'adaptations. « Nous avons déjà procédé de cette façon par le passé, mais nous avons personnalisé les solutions pour répondre aux nombreuses exigences des utilisateurs, raconte Tobias Altehed. Et à un point tel dans certains cas que nous n'avons pas été en mesure de tirer parti de ce que les solutions de base pouvaient déjà offrir. Même si vous impliquez les utilisateurs dès le début, ils ne doivent pas dicter leurs exigences pour continuer de travailler comme avant, mais ils doivent au contraire comprendre comment fonctionner avec les solutions du marché. Aujourd'hui, ils ont même la possibilité de tester les nouveaux outils et c'est un changement considérable pour l'entreprise et l'équipe digitale. Nous devons assumer davantage notre responsabilité et ne pas agir comme un simple fournisseur interne. »

Davantage d'encadrement des méthodes agiles

Autre changement majeur pour l'organisation numérique récemment, l'éloignement progressif des approches agiles pures. En 2018, le département digital de Volvo Cars a commencé à travailler avec le framework SAFe dans un modèle orienté produit. Mais même si les avantages sont considérables, des inconvénients sont apparus. Une transparence plus importante et la gestion du backlog ont certes accéléré le rythme de développement, mais le manque de réels cadres clairs pour les équipes agiles a apporté de la confusion pour certaines d'entre elles quant aux réelles attentes, puis le rythme de développement a ralenti, et d'autres équipes sont même parties dans la mauvaise direction.

« Nous n'avons pas redressé la barre avec moins de gouvernance ou de contrôle, mais en mettant en place des cadres, avec des principes et des lignes directrices clairs, pour que les équipes sachent ce qu'elles doivent faire, précise Tobias Altehed. Elles sont plus autonomes et rapides lorsqu'elles savent ce qu'elles peuvent et ne peuvent pas décider seules. » La direction digitale a par exemple décidé de supprimer les rôles de scrum master et de release train engineer, tandis que les chefs de projet et les responsables de programme ont fait leur retour. « Nous travaillons de nouveau de manière un peu plus traditionnelle, mais nous avons surtout beaucoup appris avec l'aide d'entreprises des nouvelles technologies qui se sont développées avec la méthode agile, mais avec un modèle pragmatique. » Tobias Altehed pense que le balancier des méthodes agiles revient en arrière dans plusieurs domaines. « Nous les avons adoptées très tôt, insiste-t-il, et je pense que nous sommes aussi parmi les premiers à pratiquer une approche plus équilibrée. C'est essentiel. On doit apprendre de son expérience et s'adapter en fonction. »

Rendre les développeurs heureux

Au cours des dix dernières années, Volvo Cars est de plus en plus devenue une entreprise de logiciels. Et cela transparaît aujourd'hui non seulement au sein de l'informatique, mais aussi dans les produits de l'entreprise. Pour cela, elle a choisi d'externaliser davantage, avec plus de développeurs qui ont de nouvelles exigences vis-à-vis de l'entreprise. Volvo Cars a ainsi travaillé pour fournir à ces nouveaux développeurs un accès rapide aux outils dont ils ont besoin - Slack et Teams, très utilisés pour la collaboration et la communication avec le reste de l'entreprise, ont été ajoutés aux purs outils de développement - et faire en sorte que le délai entre l'embauche et la sortie du premier code soit aussi court que possible. « Notre boîte à outils s'est élargie pour répondre à la façon dont ils communiquent et codent », raconte Tobias Altehed. Volvo Cars propose également aux développeurs des parcours d'évolution de carrière, qu'il s'agisse de devenir manager ou de se spécialiser en tant qu'ingénieur logiciel.

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