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Voile et IT : vive les skippers 2.0 !

Voile et IT : vive les skippers 2.0 !
Le cockpit de Soyouz ? Non, juste le poste de veille du trimaran Macif sur lequel François Gabart prendra part à la Transat Jacques Vabre avec Pascal Bidégorry.
Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°104 !
Voile et IT : un mariage pour la performance

Voile et IT : un mariage pour la performance

Une chose est sûre, l'IT est devenue une composante à part entière du sport quel qu'il soit. La donnée étant étant désormais au coeur de nombre d'activités, les data-scientists travaillent main dans la main avec les sportifs. Mais dans les sports mécaniques, comme la voile, l'IT ne s'arrête pas...

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Contrairement à d'autres sports les skippers sont directement impliqués dans l'évolution technologique de leur sport. En outre, ils sont de plus en plus nombreux à prendre part directement au développement de leur bateau. 

Une série d'articles sur l'IT et la voile est publiée sur CIO à l'occasion de la Transat Jacques Vabre, aussi appelée Route du Café.

PublicitéDire que la voile et notamment la course au large est un sport complet relève presque de l'euphémisme. Quand un marin s'embarque en solitaire ou en équipage pour une course océanique, ses seules aptitudes physiques sont loin de lui garantir d'arriver premier et en un seul morceau. Pour palier aux problèmes du bord, ils doivent avoir des notions avancées d'électronique, de menuiserie composite et surtout de bricolage. Les connaissances de météorologies et mathématiques sont aussi primordiales pour pouvoir définir sa route et anticiper les événements climatiques.
Et avec l'informatisation de plus en plus poussée des bateaux, leur champ d'expertises s'étalent encore.

Dans la navigation en elle-même, l'informatique est même devenue prépondérante. « Quand je navigue en solitaire avec un objectif de record, j'ai besoin d'un co-pilote capable de m'assister. L'informatique peut m'apporter cette aide », expliquait François Gabart, skipper du trimaran Macif a quelques jours du départ de la Transat Jacques Vabre.
Il suffit de voir son espace de vie à bord du bateau tout fraichement mis à l'eau pour s'en rendre compte. Dans à peine quatre mètres carrés, deux écrans sont reliés à l'ordinateur de bord, un mini-PC Nuc de Intel. D'autres écrans répartis autour affichent les données de la centrale de navigation (vents, vitesses du bateaux, cap etc) et du pilote automatique. Ces données sont en outre répétées à divers endroits stratégiques du trimaran : au niveau du poste de barre, sur le mat et dans la zone de manoeuvre.

Les iPad se généralisent à bord des bateaux

Sur des bateaux moins volumineux ne permettant pas d'embarquer un ordinateur de bord, il n'est pas rare de voir les équipiers s'équiper d'iPad pour faire la route et analyser les conditions météo. Le logiciel Adrena, largement utilisé par la plupart des coureurs, permet de calculer les routes optimales entre deux points en fonction des données météo, des courants et des polaires de vitesse [vitesse théorique du bateau selon telles conditions météorologiques, NDLR] des bateaux. « Il y a beaucoup d'analytique derrière », témoigne François Gabart. Mais si le logiciel est déjà parfaitement utilisable dès sa livraison, ce n'est pas forcément le cas des pilotes automatiques.

« Les skippers passent beaucoup de temps à les régler et à optimiser leurs réactions. Nous en deviendrions presque des développeurs », explique Pierre Rhimbault, champion de France de Match Racing. Aujourd'hui, les pilotes automatiques sont de plus en plus intelligents mais il reste beaucoup à faire. « A terme, le but est qu'ils réagissent comme le ferait un humain mais c'est compliqué tant les données à prendre en compte sont nombreuses », déclare Antoine Gauthier, responsable du bureau d'étude du trimaran Macif. Il faut ainsi prendre en compte la vitesse du vent et sa direction, le cap du bateau, son positionnement par rapport au vent, sa vitesse, son angle de gite latéral et longitudinal, etc. Chaque variation d'une de ces données peut exiger un changement complet du comportement du pilote.

Publicité Les objets connectés prennent place

Les skippers se tournent aussi vers les objets connectés. Sans parler des trackers d'activité physique, François Gabart s'est, par exemple, équipé d'une montre connectée pour mieux gérer ses rythmes de sommeil, primordiaux lors d'une course autour du monde. « J'ai une gestion du sommeil un petit peu au feeling. La montre doit m'aider à mieux le gérer grâce aux données qu'elle récupère », explique le dernier vainqueur du Vendée Globe. Ces innovations ont beaucoup simplifié le quotidien des skippers à bord et nettement augmenté leurs performances.

Mais au-delà de la navigation pure, les skippers prennent très largement part au développement de leurs bateaux. « Une course se gagne en grande partie avant le départ » rappelle François Gabart. Si sur les bateaux comme les IMOCA ou les maxi-multicoques, les skippers qui dessinent eux-mêmes leurs bateaux sont rares, dans d'autres classes, comme les Mini 6.5, ils sont très nombreux et sont loin d'être incompétents.
David Raison qui a gagné la Mini-Transat en 2011 sur le bateau qu'il avait dessiné (un Mini 6.5) a ainsi redéfini complètement les règles en vigueur en matière d'architecture navale. « J'adore la technologie et je m'implique à fond dans le développement de mes bateaux », clame de son côté François Gabart. Comme lui, les skippers sont d'ailleurs nombreux à être issus de formations d'ingénieurs. Ils ont alors suivi l'évolution des techniques de fabrication.

Vers des voiliers automatiques ?

Pour les plaisanciers, la tendance est similaire. Comme l'explique Georges Epinette, ancien DOSI de la STIME et fervent navigateur, dans une interview dédiée, l'informatique est partout. « Elle facilite tellement les choses qu'elle émousse le sens marin », déplore le vice-président du Cigref. Avec leur système AST (Assisted Sail Trim), Harken et Jeanneau s'apprête même à lancer sur le marché des bateaux capables de se gérer tout seul, que ce soit pour la direction ou le réglage des voiles.

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