VMware : 6 options pour en sortir, 1 piste pour y rester

Est-il préférable d'absorber les hausses de prix de Broadcom ou de s'engager dans la voie coûteuse et risquée d'une migration hors de VMware ? Ce dilemme oblige les entreprises à reconsidérer non seulement la virtualisation de serveurs, mais aussi leurs initiatives en matière de cloud hybride, de conteneurisation et d'IA.
PublicitéLa décision de Broadcom de remplacer les licences perpétuelles de logiciels VMware par des abonnements et de pousser ses clients à acheter un coûteux bundle d'outils incite les clients de VMware - même ceux utilisant la technologie de longue date - à chercher une stratégie de sortie.
De nombreuses entreprises se disent insatisfaites des nouvelles licences, selon le cabinet d'études Gartner, qui note que les changements apportés par Broadcom ont contraint les entreprises à acheter des logiciels qu'elles n'ont pas l'intention d'utiliser. « Pour un client type, la 'modernisation' de la tarification des licences VMware a multiplié par deux ou davantage les coûts d'exploitation de VMware », écrit Paul Delory, analyste chez Gartner, dans un rapport sur les options de remplacement de VMware.
Pour les clients qui cherchent ailleurs, les alternatives ne manquent pas. L'analyste a identifié six solutions potentielles : l'infrastructure hyperconvergée (HCI), le IaaS, les hyperviseurs autonomes, le cloud distribué, l'orchestration de conteneurs et l'infrastructure ouverte. Le problème étant de trouver des alternatives qui offrent un niveau équivalent de performance, de fiabilité, de sécurité et de réduction des risques à celui de VMware. « Il n'existe pas sur le marché de substitut équivalent à l'hyperviseur VMware », tranche d'emblée Paul Delory. Stephen Elliot, analyste chez IDC, abonde : « VMware fonctionne et fonctionne très bien. C'est une solution d'entreprise. Elle est évolutive et reste la Lamborghini du domaine ».
L'opportunité d'une réflexion plus large
Ce dilemme - absorber les hausses de prix de Broadcom ou s'embarquer dans un projet ardu et risqué de sortie de l'écosystème VMware - aboutit à des réflexions plus larges sur la stratégie de virtualisation. « Pour les entreprises qui naviguent dans cette incertitude, le défi n'est pas seulement de trouver un remplaçant à VMware. Les services IT de toutes tailles voient dans les actions de Broadcom une opportunité de repenser leur approche de la virtualisation, de la stratégie cloud et de la modernisation informatique », souligne ainsi Steve McDowell, analyste en chef chez Nand Research.
Selon Stephen Elliot, la virtualisation des serveurs a longtemps été considérée comme allant de soi, et le réveil provoqué par Broadcom oblige les entreprises à réévaluer leurs stratégies en la matière, y compris en portant ces réflexions jusqu'aux conseils d'administration. « Ce type de conversation stratégique n'a pas eu lieu depuis des années. Les entreprises se demandent ce qu'elles peuvent faire. Comment articuler ce sujet avec leur stratégie multicloud ou de cloud privé et quels gains d'efficacité elles pourraient réaliser ? Et elles veulent parler de la réduction des risques, de leur stratégie de plateforme. C'est l'occasion de mieux analyser la valeur métier. La sujet VMware déclenche cette pléthore de lignes de nage ».
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Bien qu'il existe de nombreuses solutions de rechange à la plateforme VMware, aucune n'est aussi performante du point de vue des fonctionnalités, et il existe toujours un risque associé à l'abandon d'une solution qui a fait ses preuves. Au sein de son étude sur l'estimation des coûts d'une migration à grande échelle hors de VMware, Gartner mettait en garde : « La plateforme de virtualisation de serveurs de VMware est devenue pour ses clients le point d'intégration des infrastructures de serveurs, de stockage et de réseau dans les datacenters. De même, elle est au centre des opérations IT, notamment le provisioning des workloads, la sauvegarde et la reprise après sinistre. Pour quitter la plateforme de virtualisation de serveurs de VMware, il faudrait démêler de nombreux aspects liés à ces investissements ».
Conclusion, selon le cabinet d'études : il faudrait au moins deux ans à une entreprise de taille moyenne pour se défaire d'une grande partie de sa dépendance à l'égard de VMware, et jusqu'à quatre ans pour une grande entreprise. Et, même dans ce cas, les coûts associés à la planification et à l'exécution de la migration pourraient absorber les économies réalisées grâce à la baisse des coûts de licence et introduire des risques supplémentaires.
Empreinte VMware et date de renouvellement : les deux termes de l'équation
Un avis que partage Steve McDowell (Nand Research) : « s'éloigner de VMware n'est pas une mince affaire. Les entreprises doivent évaluer la complexité de la migration, les défis en matière d'intégration et la viabilité à long terme de l'alternative choisie. La décision n'est pas seulement une question d'économies - il s'agit d'aligner la stratégie informatique sur l'avenir du cloud hybride, de la conteneurisation et des workloads pilotées par l'IA. »
Naveen Chhabra, analyste chez Forrester, a développé une approche pour réfléchir à la stratégie de virtualisation de serveurs à travers deux dimensions : le délai de renouvellement des licences et le nombre d'outils logiciels VMware utilisés. Si une organisation n'utilise qu'un ou deux de ces produits et que sa licence n'expire pas avant plusieurs années, il a le temps de planifier, de piloter un projet de migration et de déployer une solution de remplacement. À l'inverse, si elle utilise déjà sept ou huit produits VMware et que son contrat de licence expire d'ici un an ou deux, il n'est probablement pas très judicieux, ni même faisable d'un point de vue technique, de quitter le navire.
« Vous voudrez peut-être quitter l'autoroute VMware, prévient Naveen Chhabra, mais ne vous laissez pas attirer par la nouveauté et les promesses des prochaines technologies. Essayez-les, lancez des projets pilotes. Assurez-vous que la plateforme répond aux besoins de l'entreprise. Ne vous contentez pas d'une réaction instinctive aux augmentations de prix. »
Quelles solutions de rechange ?
Voici les autres voies que les entreprises pourraient emprunter, chacune avec leurs avantages et leurs inconvénients. Paul Delory du Gartner présente les choses de la manière suivante : « étant donné qu'aucun hyperviseur concurrent sur le marché n'offre les mêmes fonctions que VMware, la question revient à savoir si les solutions de remplacement possibles sont suffisamment bonnes à un prix inférieur. »
1. Remplacer les serveurs virtuels sur site par le cloud public
Il existe des arguments en faveur d'une stratégie de réduction de la dépendance à l'égard des serveurs virtualisés sur site au profit d'applications portées dans le cloud public. Paul Delory souligne que « la construction de toute alternative à VMware et la migration proprement dite impliqueront un certain niveau de réingénierie et un investissement considérable en argent, en temps et en efforts. Il serait sans doute plus judicieux d'utiliser ces ressources pour réorganiser les applications afin de ne plus avoir besoin de machines virtuelles (VM). Le transfert en lift-and-shift vers une infrastructure IaaS devient ainsi une solution beaucoup plus attrayante ».
« Idéalement, les entreprises qui déplacent des ressources VMware vers le cloud public le font dans le cadre d'un programme global de transformation vers le cloud, où les applications sont modernisées et les VM rendues inutiles », ajoute l'analyste. Bien entendu, la plupart des organisations possèdent un certain nombre d'applications qui ne peuvent pas être transférées dans le cloud pour diverses raisons de sécurité, de réglementation, de conformité, etc.
2. Infrastructure hyperconvergée
L'infrastructure hyperconvergée (HCI) fournit l'ensemble de l'infrastructure (calcul, stockage et réseau) dans un modèle défini par logiciel, ainsi que des capacités d'automatisation de l'infrastructure, de surveillance et de gestion du cloud. Parmi les fournisseurs de HCI, on trouve notamment Nutanix, Scale, Microsoft Azure Stack. Les solutions HCI étant les équivalents les plus proches de la stack VMware, elles peuvent être déployées avec moins d'efforts que d'autres solutions, en particulier en matière d'architecture des workloads et de formation du personnel.
Cependant, le passage au HCI est une décision qui implique des dépenses d'investissement. Elle nécessite l'achat de nouveaux matériels, ce qui pourrait annuler toutes les économies réalisées grâce à l'abandon de l'offre VMware. En outre, les produits HCI ne prennent généralement pas en charge le stockage externe et imposent souvent le matériel sur lequel le logiciel HCI peut fonctionner.
Bien qu'aucun produit HCI ne puisse égaler la profondeur et l'étendue des capacités techniques de VMware, ce type d'offres répond généralement aux besoins des entreprises. À défaut, des solutions tierces peuvent venir compléter ces offres, en attendant qu'elles s'enrichissent.
3. Hyperviseur autonome
Un certain nombre d'hyperviseurs autonomes, notamment Microsoft Hyper-V, Oracle Linux Virtualization Manager et le logiciel libre KVM, sont présents sur le marché et constituent une autre option pour les entreprises qui cherchent uniquement à remplacer ESXi et vCenter. Mais, là encore, les hyperviseurs autonomes ne peuvent rivaliser directement avec VMware, notamment en ce qui concerne les capacités de gestion du stockage.
Gartner souligne que vSphere Storage APIs Array Integration (VAAI) offre une standardisation et un contrôle robustes du stockage externe, et que vSphere Virtual Volumes (vVols) permet à l'hyperviseur de gérer directement les disques virtuels d'une VM. Les autres hyperviseurs s'appuient largement sur la baie pour gérer le stockage indépendamment de l'hyperviseur, ce qui est plus risqué, plus sujet aux erreurs et nécessite plus de temps et d'efforts en matière de gestion.
4. Orchestration de conteneurs
Une autre approche consiste à déployer un outil d'orchestration de conteneurs Kubernetes pour gérer les VM. Le projet open source KubeVirt enveloppe ainsi chaque VM dans un conteneur léger. Kubernetes planifie ensuite le conteneur, avec la VM à l'intérieur, débouchant sur une chaîne unique d'outils de gestion pour les conteneurs et les VM. (Lire l'article de Network World : Comment KubeVirt migre les workloads VMware vers Kubernetes)
Gartner souligne toutefois que KubeVirt est « nouveau et n'a pas fait ses preuves » et qu'il n'a pas d'antécédents en matière de performances et d'évolutivité au niveau de l'entreprise. Il est donc peut-être trop tôt pour jouer cette carte, mais la piste mérite d'être analysée à moyen terme. « KubeVirt est à la base d'offres d'infrastructures majeures proposées par des fournisseurs de premier plan, telles que Google Anthos et Red Hat OpenShift Virtualization. Ceux-ci étendent KubeVirt avec de nouvelles capacités et atténuent ses risques avec un support pensé pour l'entreprise. Les principaux fournisseurs investissant de l'argent, du temps et des efforts dans le projet KubeVirt, celui-ci est susceptible de se développer et de mûrir rapidement. D'ici deux à trois ans - ce qui correspond au délai de remplacement visé par de nombreux clients de VMware - KubeVirt pourrait devenir une alternative viable à VMware », estime ainsi le Gartner.
5. Cloud distribué ou cloud privé managé
Une autre solution consiste à mettre en place des services cloud natifs on premise. Parmi les options en la matière, AWS Outposts, Google Distributed Cloud Edge ou Oracle Distributed Cloud. Le cloud distribué consiste à porter les services cloud au sein des datacenters des entreprises, tandis que l'exploitation, la gouvernance et l'évolution de ces services restent la responsabilité du fournisseur de cloud.
Les entreprises choisissent cette solution lorsqu'elles ont des applications qui doivent rester sur site pour des raisons de réglementation, de sécurité ou de latence et qu'elles ne souhaitent pas créer leur propre cloud privé. L'inconvénient ? Les fournisseurs « mettent rarement à disposition l'ensemble de leurs services de cloud public sur site », de sorte que le taux d'adoption de ces solutions est resté faible jusqu'à présent, souligne Gartner.
6. Infrastructure Open Source
OpenStack, la plateforme d'infrastructure de virtualisation Open Source pour les déploiements de cloud publics et privés, est une option moins viable pour l'entreprise de taille moyenne, car elle s'est avérée complexe à gérer. Certes, elle est gratuite, mais elle nécessite également l'embauche d'experts à même de faire fonctionner l'infrastructure virtuelle. Selon Gartner, malgré quelques promesses initiales, OpenStack est déployé principalement dans des cas d'utilisation de niche, principalement dans la recherche, l'hébergement et les télécommunications.
7. Maintenir le cap avec VMware
Après avoir passé en revue toutes les options, les entreprises pourraient décider de s'en tenir à VMware en tant que pierre angulaire de leur stratégie de cloud privé. Stephen Elliot (IDC) réfute l'idée selon laquelle les entreprises ne devraient pas payer pour un ensemble d'outils qu'elles n'utilisent pas. Il affirme que si une entreprise paie déjà pour ces fonctionnalités, pourquoi ne pas les utiliser pour construire un cloud privé qui offre des niveaux d'efficacité, d'automatisation et une valeur métier dignes d'un cloud public.
Et l'analyste de plaider : « il n'y a pas de mal à dire à Broadcom : 'Nous renouvellerons notre contrat pour 1, 2 ou 3 ans. Montrez-nous à quoi ressemble la feuille de route. Faites-nous-en la démonstration'. C'est l'occasion de renouer avec VMware. » L'éditeur a toujours présenté à ses clients une grande complexité entre ses nombreuses lignes de produits. En regroupant ces produits en une seule offre, Broadcom a simplifié le portefeuille, ajoute Stephen Elliot. « Ce n'est pas rien », dit l'analyste. Et bien qu'il y ait eu plusieurs défections très médiatisées de grandes entreprises, Stephen Elliot souligne également que 30 millions de coeurs ont été renouvelés par Broadcom.
Pour Steve McDowell, de Nand Research, les entreprises ont plus d'options que jamais. « C'est maintenant qu'il faut agir, dit-il. Aborder cette transition de manière proactive atténuera les incertitudes liées aux nouvelles orientations de VMware. »
Article rédigé par
Neal Weinberg, Network World (adapté par Reynald Fléchaux)
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