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Vincent Dussaucy (MGEN) : « J'ai une certaine expérience des GIE informatiques et du monde de la protection sociale »

Vincent Dussaucy, DSI de la MGEN, est devenu un spécialiste des GIE informatiques qui doivent servir à la convergence des membres.

Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°156 !

Transformer la DSI pour innover en business

Le métier veut du neuf. La direction générale veut de l'innovation. Mais le quotidien doit toujours être assuré. Le DSI doit donc à la fois servir l'innovation globale de son entreprise, en être un moteur, mais aussi savoir transformer l'organisation de son propre service. Démonstration au travers...

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Vincent Dussaucy, directeur des systèmes d'information de la MGEN et directeur général du GIE MGEN Technologies analyse les spécificités de son secteur et détaille ses projets dans un contexte budgétaire contraint.

PublicitéCIO : Pour commencer, quel est votre profil personnel ?

Vincent Dussaucy : Je suis ingénieur Supélec. Après avoir passé une dizaine d'années dans le conseil, notamment chez Price Waterhouse, j'ai travaillé à l'architecture du SI de SFR en 1997. Etape suivante : Humanis pour une aventure de quinze ans. J'entre alors dans le monde de la retraite complémentaire Agirc Arrco, marqué par des créations de GIE informatiques, des arrêts ou suppressions de GIE. Certains ont très bien marché, d'autres pas. J'ai donc une certaine expérience des GIE informatiques et du monde de la protection sociale, où les fusions ne manquent pas et subissent le même sort que les GIE. La tentative de fusion envisagée entre Malakoff Médéric et la Mutuelle Générale, il y a trois ans, n'a pas abouti.

CIO : Avez-vous retrouvé cette formule du GIE à la MGEN ?

Vincent Dussaucy : Notre informatique a suivi différents mouvements dont la création d'un GIE pour mieux servir la mutuelle. L'idée, en mutualisant nos ressources, était de réduire nos coûts et d'augmenter la qualité de service. C'était le pari des GIE Effigie puis Choregie, créés avec les mutuelles de MFPS qui n'en est plus membre aujourd'hui. La DSI de MGEN correspond désormais au GIE MGEN Technologies, notre GIE interne. L'enjeu est maintenant de faire travailler les métiers et l'informatique ensemble.
Après ces différentes expériences, j'ai une conviction sur les GIE. On ne peut justifier ce type d'organisation que s'il existe une volonté forte de converger au sein de ses membres, si le GIE n'est motivé que par la seule réduction des coûts, c'est rarement un succès. Si son seul projet stratégique est cette réduction des coûts, le GIE et donc la DSI perdent la proximité avec les métiers qui se sentent dépossédés. Même si la qualité de service est bonne, l'adéquation avec les métiers n'est pas forcément au rendez-vous.
C'est un point essentiel, la gouvernance du GIE doit être partagée par les métiers. Je n'ai pas vu cette question se poser uniquement à la MGEN. Depuis trois ans, notre Gie se transforme en une DSI partenaire des métiers, en collaboration avec eux pour la transformation de l'entreprise. Nous sommes là au coeur du sujet.

CIO : Quelle est la place de l'informatique à la Mgen ?

Vincent Dussaucy : L'informatique est au coeur de notre activité d'assureur, notre métier c'est de traiter de l'information. L'informatique doit être au service des métiers, elle doit en être proche. Cette proximité passe par une totale transparence, il faut dire ce qu'on fait, partager ses décisions et ses difficultés. C'est aussi une question d'image. Sinon, on a l'image d'une informatique qui coûte cher et qui ne répond pas aux besoins des métiers.
Nous avons plusieurs grands domaines : pour le régime obligatoire et le régime complémentaire, la santé, la prévoyance, la gestion des établissements de santé du Livre 3. On a comparé nos coûts informatiques avec ceux du marché et trouvé qu'ils étaient un peu plus élevés. On a donc mis en place un plan de réduction de nos coûts, nous permettant de revenir totalement dans les normes. Par exemple, alors que nous avions recours à de nombreux prestataires de services, nous concentrons désormais ces prestations sur quelques ESN gérées sous forme de centres de services sur les différents domaines applicatifs.
La transformation se met en place. Nous l'avons menée à travers une grand programme nommé Swing sur deux ans, programme désormais terminé. L'aspect certification est également pour moi très important, elle montre la qualité de nos systèmes et de nos engagements, nous étions déjà agréés Hébergeurs de Données de Santé (HDS), la certification ISO 27 001 est en cours, ISO 20 000 se fera début 2019. Nous avons la structure nécessaire pour rendre le bon service et le piloter avec les métiers.

PublicitéCIO : Pouvez-vous donner une photographie de votre DSI ?

Vincent Dussaucy : Aujourd'hui, l'informatique à la MGEN c'est 500 salariés, répartis sur trois sites : Paris, Nancy, Tours. A Nancy se situe notre datacenter avec deux salles machines redondantes, avec double induction, il a toujours été maintenu à un très bon niveau de qualité. Tous les postes des gestionnaires sont désormais virtualisés sous Citrix, c'est dix fois moins cher. Au total, nous servons 10 000 utilisateurs. La virtualisation de nos serveurs est assurée à 75%. Dès 2016, nous avons procédé à la virtualisation du stockage, en 2017 à celle de la sauvegarde. Nous étudions celle des réseaux.
On ne s'interdit pas d'aller dans le cloud. Nous avons déjà migré beaucoup d'applications, les sites Internet, une partie de la gestion des ressources humaines. Si des systèmes ont les mêmes niveaux de service dans le cloud qu'ailleurs, on y va, à condition d'être sécurisés.

CIO : Comment piloter votre portefeuille applicatif ?

Vincent Dussaucy : Nous avons un comité de gouvernance par activité : santé, cotisations, prévoyance, support RH ou finance... Toutes les six semaines, nous nous réunissons pour piloter avec les métiers, à la fois la maintenance et les projets. Les grands enjeux de ces projets, c'est le retour sur investissement.

CIO : Quel sont vos grands projets ?

Vincent Dussaucy : Nous avons engagé un grand programme de refonte des logiciels métiers. On peut citer le système de prestations santé à travers le programme Orion, de refonte et d'unification des outils de la liquidation pour les régimes obligatoire et complémentaire. Le développement d'un CRM adapté à notre spécificité, c'est-à-dire tourné vers nos adhérents mutualistes, une sorte de GRM, gestion des relations mutualistes. Au mois de mars prochain, nous terminerons le projet de refonte du décisionnel.
Ces différents projets passent par une phase de dé-commissionnement, l'arrêt des vieilles applications dans Gcos, chères et mobilisant des ressources rares. Nous avons fait partager ce risque par le contrôle interne et fait remonter le dossier au conseil d'administration.
Bien entendu, nous mettons l'accent sur le digital, avec le développement de nouvelles offres, des projets très opérationnels pour nos adhérents. La MGEN a par exemple lancé Vivoptim pour la prévention des risques cardio-vasculaires. Nous avons monté un POC pour un robot qui peut dialoguer avec nos adhérents. Il a été montré aux métiers. Actuellement, nous travaillons plusieurs points, en particulier les réponses qui ne sont pas encore satisfaisantes.

CIO : Quelle relation entretien votre DSI avec les utilisateurs ?

Vincent Dussaucy : Nous avions mené une enquête de satisfaction. Le résultat n'était pas bon, avec 35% de participation. On veut inverser la tendance en repérant les points irritants. Tout est mis en oeuvre : des visites terrain, l'amélioration de la collaboration avec nos référents informatiques, présents sur tous les sites. Une collectivité que nous n'animons pas encore suffisamment. Nous réfléchissons également à l'ouverture d'un kiosque porte ouverte.
A un moment donné, l'informatique pensait avoir l'interdiction d'aller voir les utilisateurs. J'ai mis en place des visites terrain dans 130 sites, agences ou délégations. En une journée, tout est abordé, quel que soit le sujet : impression, câble, réseau, changement de version sur un poste. Et on les tient au courant des avancements.
Cette relation utilisateur se transforme sur d'autres points très visibles. L'espace de travail par exemple pour 300 salariés de MGEN Technologies au Kremlin Bicêtre. Le collaboratif avec le déploiement d'Office 365. Nous lançons du télétravail de manière expérimentale. Et les commerciaux disposent de PC portables connectés, désynchronisés lorsqu'ils sont en rendez-vous.

CIO : Peut-on avoir une idée de votre budget ?

Vincent Dussaucy : Il est en baisse dans un processus normal de bonne gestion, avec un objectif tout à fait accessible de 7%. Des économies annexes sont possibles, les déménagements assurent des économies sur les frais logistiques. Avec les métiers, nous allons piloter différemment notre portefeuille d'activités. Au total, nous allons réaliser 20% d'économies sur 4 ans.

CIO : Quel type de DSI êtes-vous Vincent Dussaucy ?

Vincent Dussaucy : Passé la cinquantaine, la vision de notre métier change ! Désormais, la matière la plus intéressante pour moi, c'est de faire travailler des hommes et des femmes dans le même sens. Le Codir de MGEN Technologies est une instance d'échanges et de décision. Des décisions suffisamment étayées pour être assez facilement relayées aux 500 salariés des différentes organisations. J'ai plutôt un profil de manager qui est là pour faire évoluer ses équipes, en lien avec le Président de MGEN Technologies, un élu mutualiste. »