Management

Valoriser les actifs logiciels, selon l'Insead

Une étude de l'école de commerce sponsorisée par Microfocus montre que les entreprises connaissent mal leur patrimoine applicatif, et le voient surtout comme un centre de coûts. Le professeur Dutta propose une méthode venue du marketing pour donner une valeur à ces actifs logiciels.

PublicitéEt si, plutôt que de considérer les logiciels comme un centre de coûts, les entreprises les valorisaient ? Microfocus, éditeur de logiciels de modernisation du patrimoine applicatif, s'est posé la question, et a demandé à l'Insead d'y répondre. Soumitra Dutta, titulaire de la chaire « Business & Technology » de l'école de commerce, a conduit une enquête tant quantitative que qualitative, qui montre que les entreprises n'ont globalement aucune idée de la valeur de leurs actifs logiciels. Les trois quarts des 250 personnes interrogées (CIO et CFO, c'est-à-dire directeurs informatiques et financiers) aux Etats-Unis et en Europe estiment que les actifs logiciels sont critiques, voire très critiques, pour la stratégie de l'entreprise. Mais 60% n'en connaissent pas le périmètre, et 29% ne savent pas combien elles dépensent pour les actifs essentiels. Autre chiffre étonnant : seulement 10% jugent excellents (et 26% très bons) leurs efforts pour communiquer la valeur des actifs logiciels au conseil d'administration. Dans ces conditions, pointe Soumitra Dutta, le DSI ne se retrouve pas en très bonne situation face à la direction générale au moment des attributions budgétaires. Pire, dans la mesure où le DSI ne valorise pas l'existant, ce dernier n'est plus géré que par les coûts, alors que ce sont généralement ces vieux systèmes, souligne-t-il, qui constituent la pierre angulaire du système d'information. A ce titre, « ils représentent la valeur cachée des entreprises ». Un essai pour appliquer la méthode de l'analyse conjointe aux actifs logiciels Certes, ces systèmes anciens coûtent énormément. On dit généralement que 70% des dépenses sont consacrées à la maintenance. « Mais tout dépend de ce qu'ils rapportent », répond Soumitra Dutta. Son étude donne l'exemple suivant : si on dépense 100 000 $ pour un système qui en rapporte 1 million, il n'y a pas de souci. S'il ne rapporte que 200 000 $, cela peut devenir un souci. Tout le problème est de déterminer la valeur d'un actif logiciel. Le professeur de l'Insead explique que les méthodes traditionnelles, par les coûts, par la valeur de marché ou par le revenu, ne sont pas adaptées au logiciel d'entreprise. Il propose plutôt d'appliquer une technique de marketing, dite d'analyse conjointe. Cette technique s'inspire de la façon dont un consommateur fait des choix entre différents produits, en évaluant l'intérêt d'un certain nombre d'attributs liés à ce produit. Pour l'instant, cette méthode n'a pas été mise en oeuvre. L'Insead prévoit de mener deux projets pilotes dans des entreprises, pour étudier sa possible mise en application. Micro Focus a de son côté pris rendez-vous avec le Cigref, Club informatique des grandes entreprises françaises, pour lui présenter cette étude et l'inviter à mieux considérer le patrimoine logiciel existant. Comme le dit Soumitra Dutta, cela peut aussi constituer une valeur à présenter aux actionnaires.

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