Un projet Oracle contribue à pousser Birmingham à la faillite
La 2e ville du Royaume-Uni s'est déclarée en faillite, plombée entre autres par les dérives d'un projet de migration vers l'ERP Oracle Fusion. Après des années de retards, de problèmes de contrôle, de gestion hasardeuse, la facture du projet a quintuplé pour atteindre 115 M€.
PublicitéLe 5 septembre, la municipalité anglaise de Birmingham, 2e plus grande ville du Royaume-Uni (plus de 1,1 million d'habitants), a demandé son placement sous la protection de la section 114 du Local Government Finance Act de 1988, un équivalent de la procédure de sauvegarde française. En cause ? Une dette de 760 M£ (885 M€) pour un budget total de 3,4 Md£ (4 Md€) majoritairement liée à des dépenses de rattrapage d'égalité salariale. Mais la ville a aussi fortement pâti des dérives d'un projet de déploiement d'Oracle Fusion. Décidé en 2018, le passage de SAP à l'ERP du Californien pour la gestion des finances et des ressources humaines n'a fait que déborder de toutes parts depuis. Résultat, la facture de départ, évaluée à 20 M£ (23 M€), a tout simplement quintuplé, atteignant finalement un total de 100 M£ (115 M€) en 2023.
Birmingham fait état de « retards, de dépassement de coûts et de manque de contrôle » sur ce projet baptisé Financial and People. Le délai prévu pour le déploiement serait déjà dépassé de 3 ans, contraignant à maintenir en place les deux systèmes - SAP et Oracle - afin, ironie, d'assurer le bon fonctionnement financier de la ville. Pour certains conseillers municipaux, les dépassements de coût doivent cependant aussi être imputés directement à la municipalité qui, après avoir choisi les modules prêts à l'emploi d'Oracle, aurait finalement préféré une personnalisation de la solution, plus coûteuse de fait. D'autres encore blâment le choix d'Oracle Fusion, jugé plus adapté à l'industrie qu'à l'administration. Sans oublier, comme le rappellent nos confrères britanniques de The Register, que le conseil municipal avait déjà examiné de près les débordements du projet en 2019, 2020 puis 2021 sans pour autant le remettre en cause.
Un retour sur investissement en peau de chagrin
Toujours dans les colonnes de The Register, le président du conseil municipal, John Cotton, précise que les problèmes de l'ERP n'ont pas eu d'effets directs sur le fonctionnement des services essentiels ou sur le paiement des factures, par exemple. Mais il reconnaît des dysfonctionnements dans « le traçage des transactions financières et des opérations en ressources humaines qui devront être résolus. » Pour couronner le tout, outre l'augmentation exponentielle de la facture proprement dite, la ville rapporte par ailleurs que le bénéfice attendu se révèle bien moindre qu'anticipé. Dès 2021, Birmingham n'attendait plus qu'un peu moins de 11 M£ (12,8 M€) de bénéfices, soit 16 M£ (18,7 M€) de moins que prévu.
Le projet dont le fondateur d'Oracle, Larry Ellison, se félicitait en personne cette même année contribue à mettre en danger financier la 2e plus grande ville du Royaume-Uni, mais pourrait aussi peser sur la réputation européenne de l'ERP californien.
Article rédigé par
Emmanuelle Delsol, Journaliste
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