Transformation numérique : les priorités changent, les budgets restent
Une étude souligne la résistance des enveloppes budgétaires consacrées à la transformation numérique. Mais avec des priorités et des méthodes qui évoluent nettement.
PublicitéDes priorités qui se renouvellent, mais des budgets toujours conséquents, même si le contrôle des dépenses s'est renforcé. Tel est l'enseignement principal d'une étude menée par le cabinet Coleman Parkes, pour le fournisseur de plateformes de données Couchbase, auprès de 600 décideurs IT dans le monde (dont 100 en France), appartenant à des entreprises de plus de 1000 personnes.
L'impact de l'environnement économique sur les priorités IT est indéniable. Seuls 22 % des décideurs informatiques déclarent que leurs priorités sont restées identiques au cours des trois dernières années. Et plus d'un tiers d'entre eux sont soumis à une pression accrue pour mener à bien la stratégie de transformation numérique de leur organisation avec moins de ressources. « Beaucoup de décideurs sont confrontés à l'une des plus grandes périodes de tension de ces cinq dernières années », écrivent les auteurs de l'étude. 35 % des répondants expliquent ainsi que la DSI est plus sollicitée aujourd'hui qu'elle ne l'a été au cours des cinq dernières années.
Sous l'oeil de la DAF
Cela se traduit notamment par une attention plus forte des directions financières aux investissements IT. En France, 59 % des responsables interrogés sont ainsi confrontés à un contrôle renforcé des budgets et à davantage de questions des DAF sur les investissements IT, contre 49 % au niveau mondial. Cela se traduit encore par une approche différente des projets de transformation numérique. Une nette majorité des répondants (58 %) affirment que leurs projets sont devenus plus ciblés sur des résultats métiers spécifiques, tandis que plus de la moitié d'entre eux (54 %) indiquent que ces initiatives doivent être plus réactives aux facteurs externes, tels que la santé de l'économie.
Toutefois, dans cette étude, les signaux positifs restent nombreux. D'abord et surtout, les budgets consacrés à la transformation numérique continuent à progresser, de quelques pourcents en moyenne. En France, cette croissance est même plus significative et avoisine les 10%. Autre indicateur favorable : la pression de la direction n'apparaît pas parmi les principaux facteurs à l'origine des projets de transformation numérique. « Ce qui suggère que la plupart des directions générales font confiance au processus décisionnel dans l'IT », écrivent les auteurs. Autrement dit, la pertinence des décisions des DSI, CDO ou CTO n'est pas remise en cause.
En France, la migration vers le cloud est prioritaire
Les projets sont plutôt poussés par la volonté de supporter les développeurs dans la création de davantage d'applications répondant aux besoins des clients (le premier item en France, cité par plus d'un DSI sur deux). Dans cette optique, les décideurs hexagonaux affichent d'ailleurs clairement leur priorité technologique : la migration vers le cloud, citée par 55% d'entre eux. Plus d'un responsable IT français sur deux indique subir des pressions de la part de sa direction pour adopter le cloud, contre 42 % au niveau mondial.
PublicitéSi 100% des répondants dans le monde ont connu des échecs, des annulations ou des retards dans leurs projets de transformation numérique au cours de l'année passée, une majorité d'entre eux estime que les progrès accomplis au sein de leur stratégie de transformation numérique sont substantiels. Cette dernière n'est pas aussi lente que ce qu'on pouvait craindre, selon les auteurs de l'étude. 31% des décideurs dans le monde expliquent respecter leur calendrier, tandis que 22% se déclarent en avance. Sur ce terrain, la France fait d'ailleurs un peu mieux que la moyenne.
Les risques d'un gel de l'innovation
Surtout, les décideurs sont bien conscients des risques qui découlerait d'un gel de toute forme d'innovation numérique. Des risques pas tant pour leur poste (seuls 6% craignent de perdre leur emploi si leur entreprise ne parvient pas à innover au cours des 12 prochains mois), que pour leur organisation. Risques dans l'obtention de financement ou la réussite d'une introduction en bourse (cité par 54% des décideurs dans le monde et même 60% en France), mais aussi risques de voir des compétences métiers ou IT clefs partir à la concurrence (deux items cités par environ un décideur sur deux).
Article rédigé par
Reynald Fléchaux, Rédacteur en chef CIO
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