Tout savoir sur Xavier Niel
Parmi tous les livres parus sur le numérique, la biographie de Xavier Niel se distingue par la qualité de son enquête.
PublicitéIl est devenu l'un des chefs d'entreprise les plus connus et les plus appréciés des français. Xavier Niel a cassé le marché des télécoms, d'abord avec sa box et ses offres dans le fixe, ensuite par le mobile qui a fait vaciller ses confrères Bouygues Télécom, Orange et SFR, obligés de se restructurer violemment ou de se vendre. C'est aussi un investisseur dans le monde numérique comme la France n'en n'a jamais connu avec : des fonds d'investissements, l'Ecole 42 et bientôt la Halle Freyssinet.
On pensait bien connaître ce phénomène qu'est Xavier Niel, y compris ses zones d'ombre comme le Minitel rose ou sa vie privée, depuis qu'il a pour compagne la fille de Bernard Arnault. Un livre vient tout remettre à plat. Deux journalistes, Solveig Godeluck des Echos et Emmanuel Paquette de l'Express, ont sorti un ouvrage qui fera date et tranche sur les livres consacrés au numérique et à l'économie en général par ses qualités d'enquêtes et d'écriture. Tout est passé au peigne fin en 14 chapitres, les révélations succèdent aux remises en perspectives, les anecdotes aux analyses. Le fond est aussi bon que la forme.
Convoqué à la DGSE
A 18 ans, le gamin de Créteil était déjà, non pas un geek, mais un hacker, déterminé à se jouer du Minitel de France Télécom et convoqué à la DGSE pour ses talents. Un petit groupe de fidèles le suit, parfois ils s'éloignent, ils reviennent l'accompagner dans une aventure ou une autre comme Olivier Rosenfeld, le financier ou Michaël Boukobza (devenu MIchaël Golan), le manager. Rani Assaf, le génie de la technique, se dévoile, homme capable de piloter un réseau à lui seul, d'inventer et de réinventer une box qui chaque fois va bouleverser le marché. Xavier Niel ne s'interdit rien, ni aux Etats Unis, même si le projet de rachat de T-Mobile n'a pas abouti, ni en France, où il multiplie les investissements.
Le conquérant a aussi d'autres facettes. L'aspect social de son aventure le rend moins populaire que les bienfaits apportés au porte-monnaie des consommateurs. Les deux auteurs ne cachent pas les relations tumultueuses du pirate avec les journalistes, même s'il n'a pas cherché à bloquer leur enquête. Deviendrait-il habile au fil des années ? Sa conquête d'une licence mobile vaut le détour, notamment par sa méthode. Niel parle d'abord de son projet aux équipes du régulateur avant de s'adresser aux membres du collège. En face, les opérateurs installes se font condamnés pour entente avec « des preuves effarantes » notent les deux auteurs. Xavier Niel s'est également constitué un carnet d'adresse à part, un jour il se voit même proposer d'entrer au capital d'une start-up américaine, il laisse passer l'offre, son plus grand regret... il s'agissait de Google.
L'acrobate des cash-flows
PublicitéD'autres portraits de Xavier Niel sont sortis. Mais, à la lecture de ce livre, on comprend enfin comment Xavier Neil a bâti sa réussite. Un seul extrait « Mais avant le mobile, le créateur d'entreprises avait déjà parfaitement mis au point sa méthode d'acrobate des cash-flows. Le Minitel rose a financé le Minitel « sérieux » (annuaire inversé, etc). Le Minitel sérieux a financé l'Internet gratuit bas débit. Le bas débit a financé le haut débit ADSL, Et l'ADSL a financé le mobile. Xavier Niel est un visionnaire, un aventurier, mais il n'a rien d'un risque-tout. Pour traverser la rivière des investissements, il avise la pierre suivante et fait une enjambée. Le saut de l'ange au-dessus du gouffre, très peu pour lui. Et c'est sans doute pour cela que le marché l'aime bien plus que pour ses promesses faramineuses de dépense ».
« Xavier Niel, la voie du pirate »
par Solveig Godeluck et Emmanuel Paquette
Editions First
Article rédigé par
Didier Barathon, Journaliste
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