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Total : quand on veut du sang vert dans ses veines...

Total mène une politique de Green IT voulue par sa direction générale. Les difficultés sont cependant nombreuses, à commencer par le manque de clarté des offres disponibles sur le marché.

Publicité« Dans une entreprise du secteur de l'énergie, la démarche d'éco-responsabilité est naturelle ; quand on parle d'empreinte CO2, ça veut clairement dire quelque chose pour les dirigeants du groupe » confie Patrick Hereng, DSIT groupe de Total. Il se souvient : « Lorsque j'ai présenté, en comité de direction, notre plan stratégique « Vision », le tiers du temps a été consacré aux questions des dirigeants du groupe au sujet du Green IT ». Chez Total, la démarche « Green IT » reste cependant encore naissante. La DSI groupe s'est dotée d'une chargée de mission dédiée sur le sujet, Maelle Bissonnet, et validera une politique globale fin septembre 2008. Le groupe a commencé par réaliser un bilan de l'existant et une analyse du cycle de vie de son matériel, confiés à une société spécialisée, Step, assistée de EcoIntesys, un laboratoire de l'université de Lausanne. Selon les premiers résultats de cette étude, l'empreinte CO2 de l'informatique du groupe peut être attribuée à 70% aux postes de travail (portables et fixes) et à 20% aux serveurs. Patrick Hereng en tire la conclusion logique : « notre démarche consiste à commencer par le plus massif avant d'entrer dans les détails. L'accent, au niveau du groupe, est donc mis sur les postes de travail, d'une part par notre politique d'achat et d'autre part une sensibilisation des utilisateurs pour qu'ils adoptent une attitude éco-responsable. Côté centres de calculs, la démarche est plutôt gérée par chaque branche d'activité du groupe et nous misons surtout, pour l'instant, sur la virtualisation pour diminuer notre consommation électrique. Les cycles de vie sont beaucoup plus lents que celui des PC et on ne va pas reconstruire nos centres de calcul uniquement pour une question de Green IT dont le retour sur investissement est difficile à mesurer mais on optimise au fur et à mesure. L'idée est plutôt, d'ailleurs, de recourir de plus en plus à des prestataires extérieurs qui gèreront des centres de calcul selon les meilleurs normes mais il n'y a pas de projet massif dans ce domaine avant, au plus tôt, 2009. » La forêt vierge des labels La forêt vierge des labels Le premier problème, pour calculer un retour sur investissement financier d'une politique Green IT, c'est l'absence de facturation claire du coût de l'énergie pour la seule informatique. L'électricité est en effet considérée comme une charge globale de l'entreprise en dehors du cas particulier des centres de calcul. « Or il semblerait qu'il faille considérer que le coût de l'énergie pour l'informatique représente l'équivalent de 15% du budget de la DSI » indique Patrick Hereng. En France, le coût de l'énergie est pourtant bien plus faible que dans la plupart des pays étrangers. La pression financière pour accroître la performance énergétique des ordinateurs est donc plus faible dans notre pays, même si le coût cumulé en énergie d'un serveur équivaut à son prix d'achat au bout de trois ans. La consommation électrique est cependant le critère le plus évident dans les cahiers des charges pour « acheter vert » son matériel informatique. A cela s'ajoute des critères chimiques comme la quantité de métaux rares employés ou les labels obtenus par le matériel. Enfin, évidemment, les procédures de recyclage sont intégrées aux modalités d'achat. Les labels obtenus par le matériel sont cependant d'un maniement difficile. « Entre Energy Star et autres, les labels sont très nombreux mais il reste difficile de juger a priori de leurs pertinences respectives ; c'est pourquoi nous préférons privilégier des normes comme l'ISO 14001 » précise Maelle Bissonnet. Total cherche également à « acheter vert » les prestations de services. Cela passe par l'inclusion de clauses sociétales dans les contrats : les fournisseurs doivent être impliqués dans des projets de développement durable et contrôler leurs sous-traitants. sensibiliser les utilisateurs et profiter de Vista sensibiliser les utilisateurs et profiter de Vista Au delà de la politique d'achat, le groupe Total cherche à obtenir des utilisateurs une attitude éco-responsable. « Avec les PC modernes, il est désormais facile de placer les machines non réellement utilisées en veille, même à distance, et sans plantage, ce qui est un des apports de Vista » se réjouit Patrick Hereng. Pour éviter les plantages et autres instabilités, la DSI de Total a fait le choix d'une certaine rigidité : « les environnements sont validés a priori, avant tout déploiement, grâce à des tests de compatibilité et les utilisateurs ne peuvent pas charger sur leurs PC les programmes de leur choix : il faut une validation d'un administrateur. » Selon une estimation de la DSI, 70% des PC sont a priori allumés en permanence et, grâce aux mises en veille, il serait possible d'économiser 20% de l'énergie consommée. Les utilisateurs peuvent également être sensibilisés sur un autre sujet : le bon usage des périphériques, au premier rang desquels il y a bien sûr les imprimantes. « Le sujet est très sensible pour les utilisateurs car devoir aller chercher une impression au bout du couloir n'est pas forcément simple à accepter » regrette Patrick Hereng. Pour améliorer la situation, le DSI a cependant usé de quelques pratiques simples : « en simplifiant le parc et en évitant la multiplication des modèles, on réduit automatiquement le stock de toner. Par ailleurs, la branche Raffinage-Marketing a choisi d'acheter l'impression sous forme de prestation auprès de HP, avec un prix global à la page variable avec la quantité imprimée, charge pour le prestataire d'optimiser le parc en fonction des usages. Cette branche a ainsi gagné plusieurs millions d'euros. Les autres branches n'ont pas encore choisi leurs prestataires. » Les CD-Rom sont également un point de préoccupation de Total car ils restent un moyen pratique de s'échanger des quantités massives de données, notamment avec des partenaires. « Dans le cadre de notre politique de recyclage, nous avons des réservoirs à piles dans nos locaux mais pas encore d'équivalent pour les CD-Rom : leur recyclage est en effet plus complexe car il faut garantir la sûreté des informations » observe Maelle Bissonnet. Des murs d'images pour diminuer le nombre de voyages Enfin, la baisse de l'empreinte carbone des activités du groupe passe également par un recours à l'informatique. Par exemple, Total, groupe mondial, est l'un des principaux clients de certaines compagnies aériennes. Le recours à la vidéo-conférence ou à l'audio-conférence permet de diminuer le nombre de voyages nécessaires. « Il faut encore de temps en temps des réunions physiques », tempère Patrick Hereng, « même si chaque évolution technologique apporte un gain. L'usage de grands écrans a été une étape et, à l'heure actuelle, nous mettons en place une solution de Cisco, nommée Téléprésence, qui comprend de véritables murs vidéos dans des salles dédiées. Mais, selon les pays, l'implantation d'une telle solution n'est pas toujours simple car elle nécessite des infrastructures télécoms solides... »

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