Swisscom bascule son mainframe dans le cloud sans réécriture


Quand le numérique transforme l'entreprise pour de bon
La transformation numérique est un terme tout à fait galvaudé. "Galvauder" a un sens précis : déprécier, gâcher, gaspiller un talent ou une action pour des fins médiocres. Car, aujourd'hui, tout le monde prétend mener une transformation numérique. Il en résulte une défiance, ou un haussement...
DécouvrirL'opérateur télécom helvète Swisscom a choisi Software Defined Mainframe de Lzlabs pour virtualiser ses mainframes IBM dans un cloud Linux/VMware en économisant 60 % de ses coûts récurrents. Maintenant que ses applications internes critiques sont migrées, l'opérateur s'apprête à proposer un Mainframe-as-a-service sur les mêmes bases techniques.
PublicitéSe débarrasser du mainframe est une volonté quasiment universelle, simplement pour baisser les coûts et éviter une obsolescence technologique. Mais il faut bien admettre que le mainframe fonctionne de manière fiable et que réécrire des programmes à isofonctionnalités, cela coûte extrêmement cher sans aucun bénéfice métier. De ce fait, quitter le mainframe est, dans les faits, assez complexe. Une solution est donc de récupérer l'existant et de le modifier le moins possible pour le faire fonctionner ailleurs que sur mainframe. Swisscom a ainsi basculé, sans aucune réécriture, trois applications stratégiques dans un cloud Linux/VMware (commun à l'informatique interne et aux hébergements des clients de l'opérateur) et a éteint son mainframe IBM. Pour cela, l'opérateur télécom helvète a choisi Software Defined Mainframe de Lzlabs.
« Pour se lancer, il fallait que nous soyons réellement convaincus et la première réaction, émotionnelle, était simplement 'ce n'est pas possible' » a reconnu Markus Tschumper, Head of General IT Services de Swisscom. En effet, les applications à migrer n'était rien moins que la facturation, la gestion de la maintenance et la gestion des numéros des clients, pratiquement tous les coeurs stratégiques d'un opérateur télécom, pour un total de 2500 Mips et 50 transactions/seconde. En 2016, un premier démonstrateur a été monté. Progressivement, les équipes de la DSI de Swisscom ont monté en compétence, notamment grâce à des formations, sur le produit et ont basculé de plus en plus de fonctionnalités et de masses de données. Les premiers débuts de réelles migrations se sont faits au fil de l'année 2017. Le 10 mars 2019, toutes les données et applications ayant été définitivement migrées, le mainframe est déconnecté. Markus Tschumper a observé : « notre approche progressive a permis de nous assurer du bon fonctionnement et des performances ainsi que de comparer les deux environnements. » Dans la paire de machines possédée par Swisscom, une a été offerte à une école.
Aucune réécriture
Il existe plusieurs solutions pour « porter » des applications mainframe avec plus ou moins de travail vers un autre environnement. L'approche Software Defined Mainframe de Lzlabs a comme particularité de ne nécessiter aucune réécriture. Bien que fonctionnant sur une machine virtuelle Linux et avec une base de données PostGreSQL, le code binaire peut être porté directement. En effet, l'environnement de Lzlabs va capturer chaque appel applicatif aux autres couches systèmes et les réinterpréter à la volée. Les appels à la base de donnée DB2 vont ainsi être traduits pour appeler PostGreSQL. La virtualisation du mainframe est ainsi complète.
Mais, bien entendu, il est possible de réaliser du code neuf qui va appeler directement la base PostGreSQL. Il est donc possible de migrer progressivement, morceau par morceau, les applications Legacy tout en partageant des données communes entre anciennes et nouvelles applications. Et, comme l'environnement mainframe est virtualisé, il est également possible de modifier du code Cobol et de le recompiler tout à fait normalement. Pour s'assurer que tout fonctionnait correctement, c'est le responsable de l'architecture mainframe qui a été chargé du projet. « Notre objectif est bien, à terme, d'effectuer une réécriture de toutes les applications et de supprimer le Legacy Cobol » confirme Markus Tschumper.
Publicité« Il faut que tout change pour que rien ne change »
Dans le Guépart, célèbre film de Luchino Visconti, le comble de l'opportunisme est salué avec cette citation : « il faut que tout change pour que rien ne change ». En matière technologique, c'est exactement ce qu'a fait Swisscom. Pour qu'aucune application ne change dans les milliers de routines cumulant des millions de lignes Cobol, que tout fonctionne comme avant, l'administration quotidienne, elle, a été bouleversée : désormais, il s'agit bien d'administrer une machine Linux dans un environnement VMware, l'environnement de Lzlabs n'étant alors qu'une application Linux comme une autre. Markus Tschumper sourit : « un jeune ingénieur Linux a été tellement séduit qu'il s'est intéressé au mainframe alors que l'un de nos objectifs était d'éviter de ne plus disposer des bonnes compétences pour administrer notre système d'information, les jeunes refusant de s'intéresser au mainframe et se consacrant à Linux et au Cloud. »
Le modèle économique de Lzlabs est au nombre d'appels système, avec un mode de facturation de type cloud par conséquent (de l'ordre de quelques centimes par millions d'appels, le tarif réel n'étant pas public). Dans le cloud, il est en effet absurde de facturer au nombre de processeur ou à la mémoire consommée. Au final, la facture de Swisscom a été baissée d'environ 60 % par rapport au coût antérieur du mainframe. Devant le succès de l'opération, Swisscom, qui commercialise des hébergements sur son cloud auprès de ses propres clients, a décidé de lancer une offre de Mainframe-as-a-Service.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
Commentaire
INFORMATION
Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.
Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire