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Stéphane Hugon : « Le DSI innovant doit être un très bon cartographe »

Stéphane Hugon : « Le DSI innovant doit être un très bon cartographe »
La conférence CIO Innovation du 25 novembre 2014
Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°89 !
La DSI acteur clé de l'innovation du métier de l'entreprise

La DSI acteur clé de l'innovation du métier de l'entreprise

CIO a organisé la Matinée Stratégique Innovation 2015 le 25 novembre 2014 au Centre d'Affaires Paris-Trocadéro. Bien sûr, professer que la DSI est au coeur de l'évolution de l'entreprise, que l'innovation repose sur elle, etc. est d'une extrême banalité. Mais encore faut-il être en mesure d'une...

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Au risque d'enfoncer des portes ouvertes, le sociologue Stéphane Hugon, invité à s'exprimer lors de la conférence CIO Innovation du 25 novembre 2014, a martelé que l'innovation ne pouvait plus venir uniquement d'en haut. Elle doit venire de tous et se créer par la capacité des collaborateurs à communiquer entre eux et des DSI à comprendre leur demande.

Publicité« Dans le service d'information, ce n'est finalement pas le rapport à l'information qui est important, c'est la capacité d'échange de cette dernière », a déclaré Stéphane Hugon en montant sur la scène de la Matinée Stratégique Innovation organisée par CIO le 25 novembre 2014 au centre d'affaires Paris Trocadero. Le sociologue assure que, aujourd'hui, la qualité de l'innovation vient de la capacité des collaborateurs à échanger. Si selon lui, les contenus ont toujours une valeur très importante, nous rentrons dans une société où ce qui va compter, c'est la capacité d'échange. « Cette dernière prend le dessus sur la nature même de l'information », déclare le sociologue.

Ainsi, Stéphane Hugon considère que le numérique va permettre de cristalliser cette transformation. Mais ça ne vas pas être une mince affaire. « Aujourd'hui, lorsque vous donnez un outil numérique ou un terminal à quelqu'un, la première chose qu'il va faire, c'est jeter le mode d'emploi », explique-t-il. Pour lui, c'est la preuve que tout ce que les concepteurs essayent de transmettre à leurs utilisateurs passe directement à la trappe.
Pour un outil ou une plateforme, l'utilisateur va se passer de ce qui lui est conseillé de faire et projeter dessus la façon dont il a envie de s'en servir ou bien ce que lui suggère l'interface. « C'est difficile à assimiler car, dans notre imaginaire, la valeur est à l'intérieur des choses, pas dans la forme », argue le sociologue. Pourtant, dans une logique d'appropriation, c'est bien la surface qui donne envie de s'approprier l'outil. Il ajoute « En projetant leurs envies sur la machine, ils finissent par détourner son usage pour l'adapter à leurs besoins. C'est de l'innovation ascendante ». 

Les utilisateurs ont des fantasmes


Nous somme donc dans une transition de l'innovation patriarcale vers une innovation « fratriarcale ». « Jusqu'à présent, l'innovation était créée par les sphères dirigeantes de l'entreprise, alors étanches, avant d'être ensuite injectée auprès des utilisateurs », explique Stéphane Hugon. Aujourd'hui, il estime que l'étanchéité doit disparaitre : « il doit y avoir une porosité entre les sphère dirigeantes, les employés, les fournisseurs et d'autres utilisateurs finaux qui ne sont pas forcément des collaborateurs de l'entreprise ». 

Les outils qui sont mis en place au sein des entreprise ne traduisent que trop souvent le seul imaginaire de leur concepteur. De l'autre côté de la chaine, se trouvent pourtant des utilisateurs. Or ces derniers ne sont finalement jamais comme les concepteurs souhaiteraient qu'ils soient. « Il n'ont pas le temps de se former, ils ont un parcours que nous ne connaissons pas toujours, et ils apportent des fantasmes et des ambitions que nous ne pouvons pas comprendre », détaille le sociologue. Selon lui, ils ne prennent qu'une partie de la solution, et pas forcément celle souhaité par ses concepteurs.

Publicité L'innovation a besoin d'un terreau

L'innovation n'est finalement que le résidu de cette adoption. « Pour qu'une innovation soit socialement acceptée, il faut non seulement qu'elle soit bonne mais également avoir cartographié l'imaginaire de l'utilisateur », déclare Stéphane Hugon. L'innovation a donc besoin d'un terreau, basé sur la culture des collaborateurs. Toutefois, il ne faut pas non plus tomber dans la logique du « c'est assez bien », assure le sociologue. Il s'explique : « Souvent, les utilisateurs ont tendance à refuser l'innovation sous prétextes que tout marche bien. Ils vivent les modifications comme des petits traumatismes. C'est un renoncement au mythe du progrès ».

Dans cette affaire, le DSI est donc un très bon technicien mais aussi un cartographe. Il doit définir une carte de l'écosystème dans lequel il va implanter ses systèmes. « Le DSI est aussi un ventriloque. Il doit deviner dans l'attitude de ses collaborateurs ce qui est mature de telle manière à concrétiser ce qui est déjà là dans l'esprit des gens », conclut Stéphane Hugon.

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