Stratégie

SNCF Connect & Tech s'ouvre elle aussi à la concurrence

Anne Pruvot, directrice générale de SNCF Connect & Tech : « les autorités organisatrices des mobilités souhaitent reprendre le contrôle de la relation avec les usagers ou mieux la piloter. » (Photo : Delporte/SNCF Connect & Tech)

Alors que le rail s'ouvre à la concurrence, la filiale technologique de la SNCF créé une marque pour proposer ses logiciels et services IT à l'extérieur du groupe. A commencer par les autorités organisatrices des transports.

PublicitéEn pleine ouverture à la concurrence du rail, SNCF Connect & Tech crée une marque, Tesmo, pour cibler les besoins d'acteurs de la mobilité extérieurs au groupe national, à commencer par les 700 autorités publiques organisatrices des transports. Née il y a 25 ans avec une trentaine de personnes lors de la création de Voyages-sncf.com, la filiale de distribution numérique de la SNCF compte aujourd'hui plus de 1300 collaborateurs. L'agence de voyages en ligne reste le centre de l'activité de la société, pesant 63% du chiffre d'affaires de 2024, qui se monte à 406 M€ (+8,5%). Mais les activités de services et d'édition de logiciels pèsent désormais plus d'un tiers du total, soit environ 150 M€.

Historiquement, ces activités visaient à servir les besoins IT du groupe SNCF. Ce sont les équipes de SNCF Connect & Tech qui ont ainsi conçu l'outil des agents de conduite de la SNCF (Sirius Next) ou le système gérant l'information voyageurs pour SNCF Gares & Connexions (projet Live). Au total, l'entité revendique 250 applications conçues et maintenues par ses équipes. Ce sont ces savoir-faire que la filiale du groupe ferroviaire veut commercialiser désormais sous la marque Tesmo. « Mais les équipes de SNCF Connect [travaillant sur le site et l'app, NDLR] et celles de Tesmo ne seront pas séparées, indique Anne Pruvot, la DG de SNCF Connect & Tech. Comme c'est d'ailleurs le cas aujourd'hui, avec des équipes travaillant déjà sur l'app et pour des projets du groupe. » Une polyvalence qui pourrait toutefois poser des questions de confidentialité dans un contexte d'ouverture à la concurrence.

L'édition logicielle, « puissant levier de croissance »

Le lancement de la marque Tesmo vise aussi à couvrir des besoins nés de l'ouverture à la concurrence sur le rail, notamment en régions. « Les autorités organisatrices des mobilités souhaitent reprendre le contrôle de la relation avec les usagers ou mieux la piloter. Et, de leur côté, les entreprises ont, avec l'évolution de la législation, des besoins relatifs à la mobilité de leurs salariés. Nos marchés cibles s'étendent », dit Anne Pruvot. Par exemple, SNCF Connect & Tech fait partie du consortium appelé à construire le système d'information billetique de la région Paca.

Anne Pruvot voit en particulier dans le développement de l'activité d'édition « un puissant levier de croissance » pour SNCF Connect & Tech, qui vient de dévoiler son plan stratégique à 5 ans, Forward 2030. Le logiciel est aussi l'activité la plus rentable, avec un taux de marge supérieur à 20% (contre 8% pour les services IT). La filiale de la SNCF dispose déjà, dans son portefeuille, d'une plateforme de distribution et d'information voyageurs, d'un outil de contrôle des titres de transport ou encore d'une solution de gestion des mobilités en entreprise, en lien avec les évolutions réglementaires sur ce terrain.
En complément :
- Emmanuel Thys, SNCF Connect & Tech : « Être 100% cloud permet de se concentrer sur la qualité »

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Le cloud AWS : un atout « compétitivité »

SNCF Connect & Tech a fait, depuis 2021, le choix du cloud, en migrant massivement sur AWS, qui héberge l'essentiel de son système d'information. Un choix qui interroge de la part de la compagnie nationale, à l'heure où le patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, dit ne pas se sentir très à l'aise avec un marché du cloud où il n'a le choix qu'entre trois acteurs américains.

Anne Pruvot, la DG de SNCF Connect & Tech, préfère balayer la question : « avons-nous réellement le choix ? Nous faisons certes partie d'un groupe avec un supplément d'âme, mais nous évoluons dans un monde concurrentiel. Notre enjeu principal est notre compétitivité sur le marché et nous nous appuyons sur les offres qui la nourrissent », indique la directrice générale. Une manière de dire que les alternatives françaises ou européennes ne sont aujourd'hui pas au niveau des attentes d'une plateforme comme SNCF Connect, qui a enregistré 1,5 milliard de visites l'an dernier et vendu 226 millions de billets (+ 8% en un an).