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Samuel Descroix (Manager Data SNCF Réseau) : « la représentation géographique est une évidence pour tous les métiers à SNCF Réseau »

Samuel Descroix, Manager Data Géographique & Analytique de SNCF Réseau, a comme rôle majeur de valoriser un important patrimoine de données.

Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°190 !

Données et documents : un patrimoine à valoriser pour le business

Qu'il s'agisse de construire les transports en commun de demain pour la région parisienne, de valoriser des programmes audiovisuels ou, plus simplement, d'exploiter la data à des fins commerciales ou encore de traiter des notes de frais, le terme "système d'information" prend tout son sens. Ces...

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Visualiser le patrimoine de données de SNCF Réseau dans un Système d'Information Géographique géré sous Esri permet la meilleure prise de décision. Les nombreux « gisements de données » sont connectés par API pour faciliter leur exploitation par tous les utilisateurs potentiels, les possibilités techniques étant optimisées avant la définition d'usages.

Publicité35 000 kilomètres de lignes actives sur le territoire national où circulent 16 000 trains par jour, auxquelles s'ajoutent les lignes à intérêt technique (desserte des technicentres, etc.) : voilà le domaine de SNCF Réseau. Cette société issue de la dernière réforme en date est en charge de la gestion de l'infrastructure ferroviaire, de sa construction, de sa maintenance, de son exploitation et de sa mise à disposition équitable de tous les opérateurs de transport ferroviaire. Quelques lignes ferroviaires, de dessertes locales ou au sein d'emprises portuaires notamment, échappent à son périmètre et il faut également ajouter des lignes qui ne sont plus comptabilisées car plus exploitées et plus maintenues. Pour réaliser ses missions, SNCF Réseau a besoin d'une masse considérable de données à valoriser efficacement. C'est le rôle de Samuel Descroix, Manager Data Géographique & Analytique de SNCF Réseau. Notons, avant de poursuivre, que la filiale Gares & Connexions de SNCF Réseau est, d'un point de vue système d'information, bien séparée.

« Les responsables des données, garants des données elles-mêmes et de leur qualité, sont toujours, au sein de SNCF Réseau, les acteurs métiers » précise pour commencer Samuel Descroix. Il ajoute : « le rôle de la direction du numérique, à laquelle j'appartiens, va être de valoriser ce patrimoine de données, d'être garant de sa conservation, d'une bonne représentation et d'une mise à disposition efficace. » Les données sont ainsi stockées dans des « gisements » avant d'être utilisées dans et par des outils très variés. En matière de données géographiques, les responsables des données sont d'une part la filière en charge de la filière description du réseau au sein de la direction de la stratégie, d'autre part la direction de l'ingénierie. Le « gisement » de ces données a été appelé Gaïa.

Gaïa, la mère de tout

Chaque « objet » du réseau est décrit en fonction du modèle de données Ariane dans chaque « gisement de données ». Le modèle est ainsi utilisé pour décrire autant des éléments d'infrastructures que des circulations, des travaux, etc. Gaïa est le gisement de données qui décrit l'infrastructure ferroviaire et tous ses composants : rails, éléments de signalisation, aiguillages, crocodiles, autres « appareils de voies », etc. En fonction des besoins, selon la nature des données, selon que le gisement va être essentiellement en lecture ou bien en lecture-écriture, etc., SNCF Réseau utilise des technologies variées (PostgreSQL, Oracle DB, MongoDB...). En l'occurrence, Gaïa utilise MongoDB. Gaïa inclut des métadonnées et des liens vers des données externes pour qualifier précisément chaque objet du réseau. Evidemment, parmi ces données complémentaires, on trouve la ferrolocalisation (point kilométrique du début et de fin sur le schéma de la voie) et la géolocalisation (coordonnées spatiales) des objets mais aussi des descriptions et documentations, des usages (trafic), des états (usure, réparations, opérations de maintenance programmées ou effectuées...)...

Publicité« Le système d'information géographique est le point central pour gérer une infrastructure ferroviaire » constate Samuel Descroix. De ce fait, « la représentation géographique est une évidence pour tous les métiers à SNCF Réseau ». Il s'agit en effet, pour chaque objet du réseau, de savoir exactement de quoi on parle et de disposer de toutes les informations relatives à l'objet nécessaires pour prendre la moindre décision. En fonction du trafic, de l'usure et d'autres critères, il s'agira ainsi de savoir s'il faut procéder à une opération de maintenance, prévoir un remplacement... Samuel Descroix relève : « il s'agit de représenter géographiquement l'usure d'une voie. »

Des briques reliées par API

Par dessus le gisement Gaïa, SNCF Réseau utilise une représentation géographique gérée sous Esri baptisée GaïaScope. Cette représentation cartographique peut être sous forme de schéma ou de carte à proprement parler : GaïaScope propose de multiples moyens de représentations. Cette plate-forme centralisée est destinée à tous les usages de Gaïa. « Tout est lié donc tout doit être centralisé : par exemple, la maintenance a un impact sur la disponibilité de l'infrastructure » note Samuel Descroix. Il insiste : « le SIG [Système d'Information Géographique, NDLR] n'est pas un bout de chaîne décisionnel. Il y a bien un seul système d'information où tout le monde peut utiliser des briques disponibles avec des IHM diverses selon les métiers et les usages. » GaïaScope propose ainsi, sur la représentation du réseau, un total de 140 couches de types d'objets différents.

Diverses visualisation dans Gaïascope, sous formes cartographiques ou schématiques. Cliquer pour agrandir (environ 2,7 Mo). © SNCF / ESRI

Tous les gisements et tous les systèmes sont donc appelables par API pour être utilisés autant que nécessaire. Une bibliothèque de scripts en javascript permet d'utiliser le patrimoine de données pour des fonctions métier, par exemple rechercher un document dans la GED contenant la description technique détaillée de tel élément d'infrastructure. Le SIG peut être aussi un outil pour la performance de l'entreprise et l'optimisation de l'exploitation. Par exemple, il est possible de projeter le trajet d'un train et les dérives par rapport à sa trame horaire prévue, de rapprocher cette dérive de ce qui a été constaté sur d'autres trains et ainsi d'analyser les origines des problèmes. C'est une approche beaucoup plus opérationnelle que de simples indicateurs clés de performance globaux sur la ponctualité des trains traités dans un décisionnel classique.

Beaucoup plus qu'un SIG

GaïaScope a donc des usages bien plus vastes qu'un SIG classique où l'on se contente de cartographier un endroit. Mais cela ne signifie pas que l'outil ne continue pas d'évoluer. Samuel Descroix mentionne ainsi : « nous avons beaucoup de besoins actuellement sur la représentation schématique du réseau ». Une telle représentation schématique, à la manière d'un plan de métro, contient tous les éléments nécessaires avec leurs liens mais pas forcément en respectant une échelle : l'important est de disposer d'une présentation adaptée de l'information utile à afficher. Samuel Descroix spécifie : « notre but est de générer les représentations schématiques directement à partir du BIM [Building Information Modeling, NDLR]. » Si le BIM est surtout connu pour les chantiers de bâtiments, tous les projets ferroviaires actuels sont réalisés avec du BIM. « A l'heure actuelle, nous avons encore besoin de retravailler manuellement les données du BIM pour les inclure dans le SIG » regrette Samuel Descroix.

La deuxième famille de progrès attendus relève de l'« hypervision ». Samuel Descroixexplique : « l'idée est de disposer sur un seul SIG de toutes les données de l'entreprise en temps immédiat. » Par exemple, il s'agirait de distposer en temps quasi-réel des données sur la circulation d'un train sur l'infrastructure avec sa description complète et toutes les alertes contextualisées pour les interpréter. Collecte et intégration des données ont débuté l'été 2020 mais les usages sont encore en phase de découverte.