Stratégie

Sabine Guillaume (CdM Label, DINUM) : « la phase un du catalogue GouvTech est à but pédagogique »

Sabine Guillaume (CdM Label, DINUM) : « la phase un du catalogue GouvTech est à but pédagogique »
Sabine Guillaume est cheffe de la mission Label du programme Tech.Gouv conduit par la Dinum.

Publié mi-Mai, le catalogue applicatif GouvTech a été très critiqué (même si les retours positifs ont aussi été nombreux), chacun attendant le tout tout de suite. Sabine Guillaume, cheffe de la mission Label (Dinum), revient sur les enjeux de cette phase et surtout sur les suites prévues. La montée en valeur du service restera progressive en lien avec une démarche collaborative et d'amélioration continue.

PublicitéDans le cadre du programme Tech.Gouv, la Dinum (Direction interministérielle du numérique) a créé la mission Label aujourd'hui sous la responsabilité de Sabine Guillaume. Cette mission était prévue dès les origines du programme et a démarré effectivement il y a un peu plus d'un an, Sabine Guillaume en ayant pris la direction en juillet 2020. La première phase de l'action de Label a abouti à la création d'un catalogue d'applications baptisé GouvTech mis en ligne mi-Mai 2021. Ce simple catalogue a déçu et s'est surtout attiré des critiques (même si les retours positifs ont aussi été nombreux). Mais Sabine Guillaume insiste sur l'intégration de cette phase dans un long processus qui va délivrer progressivement une valeur croissante.

Rappelons tout d'abord que la mission Label vise à publier un catalogue de solutions pour que les acteurs publics (administrations, collectivités...) puissent trouver aisément des solutions adaptées à leurs besoins. Mais faire ainsi une simple liste dont les informations sont purement déclaratives de la part des éditeurs des produits a-t-elle une valeur supérieure à une recherche dans Google ? « Le catalogue constitue une première étape » rappelle Sabine Guillaume. L'idée est ici de simplement proposer une liste d'outils avec un référencement volontaire de la part des éditeurs et une auto-évaluation sur les critères qui sont recherchés par les DSI du secteur public (développement durable / sobriété numérique, licences libres pour ceux qui le souhaitent, etc.). « La phase un du catalogue GouvTech est à but pédagogique et surtout incitatif » insiste bien la cheffe de mission.

Une première phase purement déclarative

Avec cette phase, les éditeurs qui ont envie de travailler avec le secteur public peuvent se faire connaître. Sabine Guillaume relève : « s'ils n'étaient pas connus de DSI publics, ceux-ci peuvent, en consultant le catalogue, avoir envie de créer des démonstrateurs innovants. Cela leur ouvre donc le champ des possibles. » Le catalogue a été créé avec une démarche très collaborative, autant avec les éditeurs que des DSI du secteur public. A partir du 14 janvier 2021, la Dinum a lancé un appel à référencer les solutions existantes. Plus de deux cents solutions ont ainsi été référencées par leurs éditeurs, y compris des collectivités et administrations présentant leurs propres produits. Par exemple, l'outil Démarches-Simplifiées, issu de la Dinum, fait partie des produits référencés. « Il ne s'agit pas de 'faire du Google' mais bien de qualifier les produits en fonction des critères de préoccupation des DSI du secteur public » insiste Sabine Guillaume.

PublicitéCertes, pour l'heure, cette qualification est issue des seules déclarations des éditeurs. Mais cela fait partie de la pédagogie du projet pour sa responsable. Elle explique : « pour les éditeurs, cette phase d'évaluation permet de comprendre les critères du secteur public, éventuellement pour faire évoluer l'offre dans le cadre de sa propre démarche qualité d'amélioration continue ». Les retours des DSI comme des éditeurs ont permis de construire la grille de critères et les retours d'expériences des uns et des autres permettent aussi de l'améliorer. Le catalogue en tant que tel est, ainsi, également dans une démarche d'amélioration continue progressive et participative.

Un accompagnement pour l'amélioration continue

Mais la tentation est grande pour un éditeur de s'auto-proclamer champion sur tous les critères, faute de contrôle. « Si les retours de DSI sur l'auto-évaluation des éditeurs montrent un besoin d'amélioration, la mission va accompagner l'éditeur dans la mise à jour de sa fiche même si nous devons rester neutres » répond Sabine Guillaume. Mais les éditeurs restent, pour l'heure, aux manettes de leurs fiches. Concrètement, selon la cheffe de mission, « tous les éditeurs sont aujourd'hui dans une démarche conciliante et leur objectif n'est certainement pas d'être raillés dans la communauté des DSI du secteur public. » Dialogue, discussion, participation, collaboration... sont autant de maîtres-mots de la démarche initiée. « A ce jour, nous n'avons déploré aucun refus de dialogue pour améliorer la pertinence des fiches et leur sincérité : la qualité des informations est l'intérêt de tous et les fournisseurs sont responsables de leur référencement » insiste Sabine Guillaume. L'idée est véritablement d'encourager la bonne volonté des éditeurs.

Par contre, en 2022, la mission Label passera à une nouvelle phase. Les critères seront alors l'objet de certifications par des tiers neutres. Cela amènera la création d'une labellisation GouvTech qui pourra être exigée dans les appels d'offres. D'ici là, les démonstrateurs sont en principe en deçà des seuils obligeant à des appels d'offres dans les marchés publics. Pour les DSI, connaître l'état du marché en regardant les produits existants a en lui-même une valeur car ils n'ont pas forcément le temps de faire des recherches sur les solutions existantes, concurrentes ou non de celles qu'ils utilisent. C'est donc une source d'idées et ainsi de potentiels marchés publics avec appels d'offres formels.

Qu'est-ce qu'un logiciel libre ?

Parmi les critiques apportées au catalogue GouvTech, cette fois par l'April (association pour la recherche en informatique libre), l'une concernait la qualité « open-source » d'un trop petit nombre de solutions. Côté nombre de solutions, c'est à chaque communauté (ou éditeur) de veiller à référencer ce qu'elle propose. Côté licences proposées, la critique a été entendue.

Sabine Guillaume rappelle : « la Dinum a une expertise traditionnelle très forte en matière de logiciels libres et, en amont, nous avons consulté le CNLL [Conseil National du Logiciel Libre, organe représentant les « entreprises du logiciel libre et du numérique ouvert », NDLR]. Nous avons pris acte de la question des licences recevables pour attribuer la qualification. Dans le cadre de notre démarche contributive et évolutive, nous sommes arrivés à un consensus sur les licences acceptables dans cette catégorie. » La classification « open source » a donc été revue sur cette base.

Promouvoir l'innovation dans les services publics

L'existence du catalogue, en lui-même, permet aux DSI du secteur public de mieux connaître l'état du marché comme cela a déjà été dit. Mais la mission Label est aussi le guichet de contact d'un programme de France Relance, Innovation et Technologies Numériques (ITN6 dans la nomenclature France Relance). En 2021 et 2022, ce programme ITN6 est doté de trois millions d'euros chaque année. Ces sommes sont là pour subventionner, jusqu'à un maximum de 48 000 euros par projet (ce qui correspond au seuil des marchés publics de gré à gré), des projets d'innovations dans les services publics. Pour ces subventions, seules les administrations d'État (concentrées ou déconcentrées) sont éligibles. Les collectivités locales ne sont donc pas concernées.

« ITN6 et le catalogue GouvTech sont différents : le premier repose sur des subventions pour les administrations d'État et est ponctuel ; le second est pérenne, destiné à tout le secteur public et ne joue le rôle ni de financeur ni de centrale d'achat » observe Sabine Guillaume. Le Plan de Relance, au travers d'ITN6, va servir de marche-pied à des éditeurs très innovants et des administrations ayant l'appétence pour leurs propositions. La mise en oeuvre d'un démonstrateur innovant est là aussi pédagogique pour toutes les parties : d'un côté, elle permet la validation d'un cas d'usage et d'une technologie ; de l'autre, elle permet à l'éditeur de vérifier sa capacité à répondre aux exigences du secteur public. Si l'expérience est concluante, le référencement au catalogue GouvTech sera évidemment incité. La Dinum signale qu'il existe des travaux notamment sur l'IoT, la blockchain et la réalité augmentée dans ce cadre.

Partager cet article

Commentaire

Avatar
Envoyer
Ecrire un commentaire...

INFORMATION

Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.

Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire

    Publicité

    Abonnez-vous à la newsletter CIO

    Recevez notre newsletter tous les lundis et jeudis