Réconcilier le développement durable et les Green IT
Les deux termes ne sont pas du tout synonymes.
PublicitéLe Green IT est à la mode. Pour preuve, les fournisseurs informatiques proposent nombre de solutions et services « Green » visant à réduire la consommation électrique des outils informatiques ; avec en prime, la diminution de leur empreinte écologique et des coûts de fonctionnement pour l'entreprise. Il est vrai que les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC), bien que synonymes de progrès et d'innovation, sont énergivores et sources de pollution directe et indirecte. Mais se limiter à ces seules économies d'énergie directes ne suffit pas. En effet, la consommation énergétique de la filière informatique et télécoms ne représente que 2% des émissions de gaz à effet de serre ; il est donc nécessaire de participer activement à l'amélioration des 98% restants si elle souhaite réellement s'engager dans la sauvegarde de la planète. Dans ce contexte de prise de conscience écologique, le terme « Green IT » doit regrouper toutes les bonnes pratiques mises en oeuvre dans la filière elle-même, mais également toutes les contributions de la filière au profit de l'empreinte environnementale de l'ensemble des activités humaines. Le Green IT, qui s'inscrit dans une démarche de transformation de la DSI mais aussi de l'entreprise, se doit de couvrir tous les aspects du développement durable dont il représente un thème majeur. Le Green IT pour les DSI, c'est la mise en place d'une démarche de développement durable. On y trouvera, par exemple, un système de gestion environnemental basé sur la norme ISO14001, de façon à intégrer tous les aspects environnementaux dans tous ses processus. Les DSI peuvent décliner les Green IT en deux catégories : « L'informatique verte » ou comment définir et mettre en oeuvre une politique de développement durable au sein de son activité en agissant sur l'empreinte directe (économies d'énergie et efficacité énergétique, dématérialisation, télé-services, intelligence logicielle de gestion des ressources IT, éco-impressions, éco-conception, ...) et indirecte (politiques éco-achats, éco-conception, cycle de vie, recyclage, e-déchets, ...). « L'informatique pour une entreprise verte » ou comment définir et mettre en oeuvre des nouveaux processus, nouvelles applications, infrastructures et technologies au service de la politique globale de développement durable de l'entreprise (télétravail et réunions à distance, optimisation des transports et déplacements, systèmes d'aide à l'éco-conduite, forum éco-geste, intelligence logicielle dans les bâtiments, ...). En effet, le développement durable s'inscrit aussi dans une démarche globale de responsabilité de l'entreprise, que l'on retrouve dans les politiques de Responsabilité Sociale et Environnementale de l'Entreprise (RSE). Il s'agit de nouvelles régulations économiques fixant les obligations de s'engager dans une optique de développement durable, de cohésion sociale et de compétitivité et couvrant les activités sociales, sociétales, environnementales et économiques de l'entreprise. Les approches et méthodes que nous retrouvons dans la RSE sont tout à fait adaptées, elles présentent une étape de diagnostic ainsi qu'une démarche de progrès rigoureuse et ambitieuse intégrant la mesure et le reporting. L'étape de diagnostic est primordiale puisqu'il est indispensable de se connaître pour progresser. Cette étape permet la prise de conscience, la définition d'une cible associée à un plan de progrès dont les objectifs seront compris et partagés par tous. Quant à la rigueur de la démarche, elle permet de ne pas se focaliser sur ce qui se voit, comme le côté énergivore de l'IT. Certes, la consommation des serveurs dans le monde représente 123 milliards de Kwh, et la consommation électrique des centres de données aux Etats-Unis a doublé entre 2000 et 2005, mais l'impact écologique de la production des matériels, de leur transport, de l'utilisation de matières dangereuses dans leur conception, ainsi que le coût environnemental de la gestion des anciens équipements ne sont quasiment pas pris en compte. Il est à noter que 20 à 50 millions d'e-déchets sont générés à travers le monde chaque année, soit 5% de la totalité des déchets municipaux solides mondiaux. Il s'agit du secteur de flux de déchets qui croit le plus rapidement. On prévoit que d'ici à 2010, les pays en développement tripleront leur production d'e-déchets. L'utilisation abusive des impressions papier n'est pas en reste ; une étude conduite par Lexmark et Ipsos conclut qu'en moyenne chaque salarié imprime 35 pages par jour, soit l'équivalent de 35kg de papier et 70kg de CO² par an et par salarié. Cette même étude démontre qu'environ 40% des impressions n'ont pas de réelle utilité. L'étude « Smart 2020 » estime, quant à elle, que 70 millions de tonnes de CO² pourraient être économisées d'ici 2020 par une rationalisation des impressions et le recours à la dématérialisation. En conclusion, le Green IT est un thème majeur du développement durable tant les enjeux de cette filière sont importants. Il nécessite une prise de conscience et la mise en place d'une véritable démarche de transformation de la DSI comme de l'entreprise et doit s'inscrire dans une politique de développement durable plus globale. Les objectifs à atteindre pour les DSI sont multiples mais fonctionnent de concert ; il s'agit d'agir en faveur du développement économique de l'entreprise, en étant toujours plus respectueux de l'environnement avec des coûts toujours plus optimisés. Le Green IT n'est pas un slogan marketing, c'est juste un impératif pour entreprendre durablement. Les difficultés actuelles et à venir telles que le changement climatique, les tensions économiques, l'augmentation durable du coût de l'énergie, les exigences réglementaires et la mise en oeuvre de la fiscalité écologique, vont encore accentuer cet impératif. Les DSI se trouvent ainsi au coeur d'enjeux majeurs pour l'entreprise d'aujourd'hui et de demain, à elles d'en tirer le meilleur bénéfice... Réconcilions le développement durable et les Green IT !
Article rédigé par
Bruno Le Breton, IT Transformation Consulting Manager, Thales
Bruno LE BRETON, 45 ans, est le Responsable du département "Conseil en Transformation IT" au sein de l'entité "Systèmes d'Information Critiques" du Groupe Thales. Cet ingénieur intervient depuis plus de 20 ans sur le management des infrastructures IT (responsable de centres de services, infogérance, rationalisation, transformation, etc...) Durant ces années d'expérience il a su développer des compétences particulières dans des domaines tels que les Datacenters hautement sécurisés, la performance économique des systèmes d'informations et la maîtrise de l'impact écologique des activités humaines qu'il met également au service d'engagements extra-professionnels
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