Stratégie

Quatre exemples de stratégies réussies autour du cloud public

Quatre exemples de stratégies réussies autour du cloud public
Guru Vasudeva, CTO infrastructures et opérations chez Nationwide : « nous avons déjà construit des douzaines d’applications dans le cloud. »

Les entreprises recourent de plus en plus au cloud public comme levier stratégique pour leur transformation digitale. Pour nos confrères de CIO.com, quatre décideurs IT qui mènent une stratégie autour du cloud public expliquent comment en faire un vecteur d'agilité et d'innovation.

PublicitéParmi les technologies qui ont permis de réduire les impacts de la pandémie de coronavirus, nulle sans doute n'a eu autant d'effet que le cloud public, que les entreprises utilisent de plus en plus pour offrir de nouvelles expériences aux employées et aux clients. Alors que la crise du Covid-19 se propageait dans le monde entier, les services cloud ont consolidé leur statut de plateforme incontournable pour mettre en place la vente à emporter, faciliter la distribution de matériel informatique ou créer des activités digitales de toutes pièces. Malgré tout, seuls 37% des 750 décideurs métiers et IT interrogés dans une récente étude d'Accenture indiquent qu'ils obtiennent la valeur attendue de leurs investissements cloud. Principale raison de cet écart ? Des pratiques qui manquent de cohérence, notamment une frilosité qui témoigne d'un engagement insuffisant pour permettre une adoption significative de la technologie. « Pour obtenir toute la valeur du cloud, vous devez largement adopter celui-ci », observe Karthik Narain, directeur du département Cloud First d'Accenture. Illustrant ces propos, quatre décideurs IT ont accepté pour CIO.com de partager leur expérience et les enseignements qu'ils ont tirés de leur adoption du cloud public.

Le cloud, une assurance pour les activités d'assureur

La compagnie d'assurances Nationwide est en train de migrer plus de 850 applications - environ un tiers de son portefeuille total, vers AWS, parmi lesquelles le traitement des demandes d'indemnisation, la gestion des polices d'assurance personnelles et commerciales ainsi que son site principal, Nationwide.com, comme l'indique Guru Vasudeva, CTO chargé de l'infrastructure et des opérations chez Nationwide.

Comme beaucoup d'entreprises, Nationwide utilise les services analytiques, le machine learning (ML) et les technologies serverless d'AWS pour accompagner une transformation digitale sur plusieurs années. Toutefois, un élément majeur différencie cette initiative des autres : Nationwide participe à AWS Enterprise Next, un programme de 15 mois au cours duquel des experts techniques d'Amazon travaillent en binôme avec les équipes IT des clients pour les assister dans les transformations et innovations associées au cloud. Chez Nationwide, les experts d'AWS se sont engagés auprès des équipes client de l'entreprise pour les aider à rationaliser les applications, l'environnement IT et les opérations, selon Guru Vasudeva. « C'est un formidable processus pour encourager l'innovation », souligne celui-ci. Il ajoute que les leçons sur la migration vers le cloud tirées d'Enterprise Next peuvent être appliquées à la plupart des enjeux métiers rencontrés par Nationwide.

Ce partenariat a déjà aidé Nationwide à construire des douzaines d'applications dans le cloud, parmi lesquelles sa plateforme Small Business Advisory. Celle-ci utilise un service de machine learning baptisé Amazon Textract pour extraire des données de formulaires et documents scannés, afin d'automatiser le processus de souscription pour les propriétaires de petites entreprises. En complément, la plateforme utilise les services de ML d'AWS pour recommander des polices d'assurance personnalisées à ces clients en l'espace de quelques minutes. Cette rapidité est essentielle dans une période où de nombreuses TPE-PME subissent les impacts de la pandémie.

PublicitéLe conseil de Guru Vasudeva : malgré une vision très positive du cloud, le CTO estime que certaines applications ne sont pas faites pour ce modèle. Nationwide a appris quelles applications étaient les mieux adaptées au cloud à travers des diagnostics visant à déterminer combien cela coûterait de les exploiter sur AWS. Par exemple, une application de gestion des demandes aurait coûté 20% plus cher sur le cloud que sur l'infrastructure on-premises sur l'IT ne l'avait pas optimisée au préalable pour tourner sur AWS. En diminuant les ressources utilisées pour faire fonctionner l'application, Nationwide a réduit de 45% son coût de run sur AWS, selon Guru Vasudeva.

La recherche fédérale sur l'énergie boostée par le cloud

Peu de temps après que Rocky Campione a rejoint le Département de l'Énergie (DOE) des États-Unis comme DSI en 2019, il a découvert une organisation qui avait uniquement tenté le cloud public pour ses infrastructures de calcul et de stockage. Rocky Campione, qui avait passé la décennie précédente dans un secteur privé satisfait du cloud, explique que certaines réticences persistaient à propos de l'adoption du cloud public, « davantage culturelles que techniques. »

Après de nombreuses réunions et tout en exhortant l'équipe à adopter une mentalité DevOps pour écrire rapidement des scripts, Rocky Campione a poussé l'organisation sur Google Cloud Platform (GCP) et sur les outils de productivité Google Workspace, pour un usage au sein des laboratoires nationaux et des sites de terrain du DOE. Cet accord aide le DOE à déployer le « calcul scientifique en tant que service », qui permet aux chercheurs d'accéder à une puissance de calcul significative pour la recherche de vaccins contre le Covid-19, pour prédire les besoins de maintenance avant que les équipements de production d'énergie ne tombent en panne ou pour aider les villes à identifier des sources d'énergie renouvelables. La migration sur GCP va également aider le DOE à contourner les barrières bureaucratiques sur les achats IT, selon Rocky Campione. Là où les requêtes des scientifiques pour disposer de capacités de calcul prenaient auparavant des mois à être honorées, les chercheurs peuvent désormais obtenir des machines virtuelles et d'autres services en quelques minutes. « L'une des choses que le Covid-19 nous a apprises, c'est qu'il faut agir rapidement », ajoute Rocky Campione. L'accord prévoit un avantage supplémentaire sous la forme d'un accès anticipé à l'informatique quantique, dont les capacités de calcul ultrapuissantes font actuellement beaucoup parler, quand la technologie sera prête pour des applications scientifiques. « Quand l'informatique quantique sera prête, nous pourrons l'inclure dans le contrat », ajoute Rocky Campione.

Le conseil de Rocky Campione : Le DOE parie gros sur Google pour la recherche, mais Rocky Campione estime que conserver une approche ouverte vis-à-vis de tous les clouds est essentiel, car certains services conviendront mieux à certaines applications que d'autres.

Une banque mise sur deux fournisseurs de cloud majeurs

En 2015, le CIO du groupe Standard Chartered Michael Gorriz a rencontré ce que beaucoup de directeurs techniques découvrent quand ils rejoignent des banques avec de longues histoires : des systèmes legacy coûteux et inefficaces. Heureusement pour lui, le PDG Bill Winters a reconnu que la banque singapourienne de 160 ans avait besoin d'une modernisation complète pour lutter face à la concurrence des startups offrant des services financiers.

Un épineux problème se présentait toutefois : les grandes banques ont traditionnellement conservé un certain scepticisme sur l'usage du cloud public quand il faut respecter des principes de gouvernance et des régulations. Mais alors que ce sentiment tendait à s'atténuer grâce à des services de cloud localisés et d'autres dispositifs de protection, Michael Gorriz a commencé à migrer des charges de travail importantes sur AWS et Microsoft Azure, en lançant de nouveaux services numériques accélérés par les approches Agile et DevOps. « Grâce à cette démarche, la banque peut mettre en place des machines virtuelles pour ajouter de la puissance de calcul bien plus vite que des serveurs physiques », explique Michael Gorriz.

En 2020, Standard Chartered a annoncé un plan pour basculer ses systèmes de trading financier sur Azure. Elle a également adopté Office 365 pour accompagner ses 84 000 employés. La banque va aussi utiliser les fonctionnalités analytiques et d'intelligence artificielle d'Azure pour améliorer et automatiser les processus bancaires et pour personnaliser les produits et expériences offerts à ses clients. Elle fait également fonctionner des systèmes bancaires stratégiques sur AWS, parmi lesquels sa banque digitale MOX, son service de paiement mondial SC Pay et ses solutions de banque en tant que service Nexus. « Une stratégie cloud-first nous permet d'être plus agiles et centrés sur le client, de telle sorte que nos clients ont de meilleures expériences et un accès plus rapide à des produits innovants », souligne Michael Gorriz.

Le conseil de Michael Gorriz : beaucoup d'entreprises prétendent qu'elles ne peuvent se permettre d'avoir une stratégie multicloud, dans laquelle elles exploitent des services informatiques dans plusieurs systèmes clouds séparés. Michael Gorriz affirme au contraire que Standard Chartered ne peut se permettre de ne pas s'engager auprès de deux fournisseurs de cloud majeurs. Déployer des services coeur de métier dans deux clouds différents offre à Standard Chartered la tranquillité d'esprit qu'apporte la résilience. Si l'un des systèmes est indisponible, la banque dispose toujours d'un backup prêt à démarrer, selon Michael Gorriz.

Le cloud pour fluidifier le versement des royalties aux musiciens

L'ASCAP (American Society of Composers, Authors, and Publishers) mise également sur AWS et Azure. L'organisation à but non lucratif, dont la mission consiste à s'assurer que ses 800 000 auteurs-compositeurs et maisons de disques reçoivent les redevances qui leur sont dues pour leurs 11,5 millions d'oeuvres, exploite le cloud pour accélérer le traitement et l'analyse des données, selon son CTO Tristan Boutros.

Traditionnellement, les systèmes legacy de l'ASCAP traitaient les données en batch pendant la nuit. Désormais, le cloud facilite le streaming des données, donnant à l'organisation un accès en quasi-temps réel aux informations importantes. L'objectif est de permettre plus rapidement à l'ASCAP et à ses membres d'accéder aux données sur la consommation de musique à la télévision, dans les films, à la radio, dans les restaurants et les services de streaming, permettant ainsi à l'organisation de reverser de façon plus précise les bons montants pour les droits associés à chaque morceau de musique. En complément d'AWS et d'Azure, l'ASCAP traite une grosse partie de ces données dans l'entrepôt cloud de Snowflake. « Le plus gros changement pour nous était de passer d'un traitement en mode batch au streaming, ce qui nous a donné la capacité de pivoter et d'agir de façon plus immédiate, sans attendre des processus plus longs », explique Tristan Boutros.

Le conseil de Tristan Boutros : pour le CTO, si les services cloud permettent aux entreprises de sortir plus fortes après la pandémie, il est vital que les équipes techniques et les parties prenantes métiers soient en phase sur les attentes liées à l'usage du cloud - et sur les autres initiatives IT. Pour s'assurer que c'est le cas, les équipes IT et métier de l'ASCAP se réunissent tous les trimestres pour parler des efforts en cours sur le digital.

Article de Clint Boulton / CIO États-Unis (Adaptation et traduction par Aurélie Chandèze)

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