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Qu'importe la coupe pourvu qu'on ait l'ivresse

Le terminal n'a pas de valeur. Seul le service rendu, qui lui est de moins en moins lié, compte. C'est la thèse Frédéric Kaplan dans La métamorphose des objets.

PublicitéUne première édition de La métamorphose des objets était parue en 2009 avec un outil destiné aux lecteurs pour recueillir leurs commentaires en ligne. Une deuxième édition, totalement remaniée, vient de paraître en tenant compte à la fois de cette expérience assez rare et de l'évolution technologique : cloud computing, tablettes, etc.
La thèse centrale ne change pas : l'objet technologique n'a en lui-même aucune valeur, seul comptant le service rendu. L'objet banalisé peut donc être changé tant qu'il n'a pas une marque qui lui donne un poids sentimental.
Pour illustrer le peu d'intérêt des objets, l'auteur ouvre son livre sur un constat : avec sa fille, ils ont compté les objets présents dans leur domicile et sont arrivés à 3500. Chaque objet n'a de valeur que sentimentale ou d'usage. Pour les objets technologiques, l'obsolescence prévisible amène un moindre attachement qu'à d'autres objets, comme les livres, et, finalement, une valeur associée au seul usage, à la seule utilité. Or l'utilité n'est plus dans l'objet mais dans le service auquel on accède via l'objet. Cette vérité est d'autant plus prégnante que beaucoup des services sont aujourd'hui dans le cloud et accessibles au travers d'outils variés.
Les anecdotes, comme celle du décompte des objets, illustrent le propos de l'auteur au long d'un texte particulièrement fluide. C'est plus à une aventure du quotidien qu'à un pensum que l'auteur nous convie. La métamorphose des objets constitue surtout une agréable et bien utile réflexion sur le statut des matériels et des outils qui nous entourent, pourquoi et comment ils acquièrent de la valeur.