Prospective : la France devrait recruter autant d'informaticiens que d'aides-soignants d'ici à 2015
PublicitéSelon l'étude prospective «Les métiers en 2015 » publiée le 3 janvier, l'informatique figure dans le peloton de tête des secteurs en demande de renfort d'ici à 2015, avec près de 15 000 emplois de plus en moyenne par an (en création nette). Un signal de plus en faveur de la diversification des embauches. Avec une hypothèse maintenue de 2% de croissance du PIB par an en moyenne, la France devrait compter près de 604 000 informaticiens en exercice en 2015. Compte tenu des 58 000 départs en retraite prévus pour la décennie 2005-2015, pour soutenir le rythme de 15 000 postes créés par an (en création nette), ce sont donc quelque 207 000 postes d'informaticiens qui devront être pourvus dans la décennie. Ainsi, dans la lignée de l'étude prospective présentée en décembre 2005, le rapport publié hier par le Centre d'analyse stratégique (organisme rattaché au Premier ministre) et la Dares (rattaché au ministère de l'Emploi et de la Cohésion sociale) confirme le rôle moteur de l'informatique pour la création d'emplois qualifiés, au même rang sur le plan quantitatif que les secteurs de la santé, de l'éducation, du domaine commercial (cadres et représentants) et de la production (ouvriers qualifiés des industries de process). La tiertiarisation de l'économie (moins d'emplois industriels, plus de services) et l'évolution de l'organisation des entreprises en quête de réactivité et de productivité contribuent à cet appel à renfort de troupes en informatique. A titre de comparaison, il devrait se créer autant d'emplois d'informaticiens (149 000 entre 2005 et 2015, soit 33% de plus en dix ans, pour un rythme de renouvellement et de croissance des troupes de 3,9% par an en moyenne) que d'aides soignants (149 000 emplois de plus, soit 32% de plus en dix ans, pour un rythme de postes à pourvoir, en renouvellement et en croissance, de 4,7% par an). Mais avec une source de tension de plus pour le marché de l'emploi informatique, liée notamment à la faible féminisation du secteur. Car là où d'autres filières professionnelles en forte progression (santé, social, éducation) dépassent les 90% de postes occupés par des femmes, la filière informatique recense une femme pour quatre hommes. Elargir les modes de recrutement « Les informaticiens sont plutôt jeunes, et même si le rythme des départs en retraite s'accélère, les effectifs concernés sont relativement faibles », commente le rapport. La filière n'emploie en effet que 12% de plus de 50 ans (31% chez les ingénieurs dans l'industrie) et la part des professionnels ayant moins de dix ans d'expérience dans les embauches est de 72% pour les informaticiens (contre 56% chez les ingénieurs). Plus de maintenance, moins de développement, peu de grands projets créateurs d'emplois d'encadrement, des risques de délocalisation faibles pour les activités nécessitant un contact étroit avec la clientèle, une économie tirée par l'innovation et les nouvelles technologies, le développement de l'infogérance et de la tierce maintenance qui déplacent plus encore la création d'emploi vers les SSII: autant de facteurs observés dans l'évolution en cours du secteur informatique, qui justifient, selon l'étude prospective, un élargissement des modes de recrutement. « Actuellement, l'embauche des informaticiens se focalise sur les jeunes diplômés de niveau bac+5, et parfois uniquement sur les diplômés de certaines écoles d'ingénieurs », est-il noté, et faute de diversifier les profils, les difficultés à recruter ne peuvent que s'aggraver. Pour parer à ce regain de tension, les auteurs de cet essai de prospective proposent notamment de réactiver les filières de promotion interne, de développer la mobilité professionnelle, les reconversions intersectorielles, de veiller à l'enrichissement des emplois moins qualifiés, de favoriser l'évolution des compétences des salariés, de faciliter l'accueil et l'intégration des nouveaux salariés par le développement du tutorat, d'oeuvrer pour renforcer l'attractivité des filières scientifiques pour les jeunes filles, d'aider à l'émergence de groupements d'employeurs. Tous métiers confondus, « les possibilités de maintien en emploi des seniors très qualifiés pourraient s'améliorer ». Accompagner les entreprises dans la transformation de leur organisation du travail, dans l'évolution de leurs pratiques de recrutement qui ne progressent que trop lentement: tel est le grand chantier auquel le « marché du travail » français doit s'atteler, conclut l'étude. Tout un programme. Pour en savoir plus : rapport
Article rédigé par
Anne-Marie Rouzeré
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