Pourquoi les DSI ont intérêt à expérimenter le métavers dès à présent

Les DSI ont remanié le legacy pour préparer l'entreprise à l'innovation, mais trop peu d'entre eux voient encore le potentiel de transformation offert par le métavers. Les premiers à mener des projets pilotes pourraient bien être les premiers à en profiter, estime Thornton May, éditorialiste pour CIO Etats-Unis.
PublicitéCes quarante dernières années, les DSI se sont efforcés de rénover, de réarchitecturer et, finalement, de remplacer des infrastructures existantes sous-financées et sous-estimées en vue de profiter de tous les avantages que pourraient apporter les futures technologies émergentes et leurs capacités disruptives. Aujourd'hui, le débat fait rage dans les communautés informatiques et numériques pour savoir quel changement technologique transformera radicalement le paysage IT des années à venir. Certains affirment que le métavers sera la prochaine plateforme informatique dominante. Malgré la grande retenue des utilisateurs pour les capacités du métavers, le moment est venu pour les entreprises de mener des expériences et des prototypes dans cet espace potentiellement disruptif. Pour l'instant, le métavers regroupe essentiellement un amas indéfini de technologies et de concepts comprenant, entre autres, la réalité augmentée (AR), les avatars, la blockchain, les crypto-monnaies, la réalité étendue (ER), la réalité mixte (MR), les NFT (jetons non fongibles), la réalité virtuelle (VR) et le Web3.
Pour aider les DSI à comprendre ce qu'ils devraient faire avec le métavers, j'ai interrogé un petit groupe de directeurs de l'expérience utilisateur de grandes entreprises sur leurs projets de métavers et pendant plusieurs semaines, j'ai essayé de digérer et de synthétiser autant d'informations que possible sur le sujet, en proposant y compris une série d'exercices sur différentes plateformes de médias sociaux. En particulier, je leur ai demandé de me dire en un mot quelle était leur définition du métavers en complétant la simple phrase : « Le métavers est ______ ». Inutile de dire que leurs réponses ont été extrêmement variées, allant du scepticisme total et de l'hostilité - par exemple, « un tas d'idées vraiment intéressantes sur un tableau blanc, qui ne se réaliseront probablement pas » - à la croyance aveugle, en passant par un léger intérêt. Certains pensent que le métavers est « une chose, mais pas nécessairement la chose », qu'il est « évolutif, mais pas révolutionnaire » et qu'il doit être considéré comme « une simple extension et une nouvelle image de la réalité virtuelle ». Un partisan inconditionnel insiste sur le fait que le métavers est un « projet d'existence virtuel parallèle », tandis qu'un autre affirme qu'il relève d'un « impératif moral ». Sur le plan de l'observation, la plupart s'accordent à dire que le métavers pourrait être « un lieu », c'est-à-dire un environnement où les gens passent du temps, et « une plate-forme ». La plupart des dirigeants pensent également que le métavers est sans conteste « un phénomène » et pourrait être « une opportunité ». À tout le moins, la plupart d'entre eux estiment qu'il faut le considérer comme « la dernière étape de la numérisation globale des activités sociales ».
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Les recherches indiquent que les entreprises du côté de l'offre dépensent beaucoup pour le métavers. Meta Platforms, société mère de Facebook, dépense environ 10 milliards de dollars par an dans des initiatives liées aux métavers et prévoit de continuer à le faire dans un avenir proche. Goldman Sachs estime que le métavers pourrait devenir un marché de 8 000 milliards de dollars d'ici à 2025. Morgan Stanley et Bank of America sont aussi optimistes quant aux perspectives du métavers. Pourtant, quand on leur demande quelles sont les images, les pensées et les impressions qui leur viennent à l'esprit quand ils pensent au métavers, la plupart des cadres ont déclaré que le métavers n'était pas différent de ce que l'on faisait au début des années 2000, à savoir porter un casque VR et une combinaison haptique tout en conduisant une voiture volante jusqu'à un prétendu manoir idéal dans une réalité alternative apaisante et aseptisée.
Si l'idée ne va pas plus loin, il n'est pas étonnant qu'aussi peu de DSI aient pris le temps de réfléchir sérieusement à ce que le métavers pourrait apporter à leurs entreprises. La métaphore du train permet souvent de voir comment on se projette dans une nouvelle technologie : quelqu'un doit inventer le train (c'est-à-dire la nouvelle technologie), quelqu'un doit poser les rails et quelqu'un doit prendre le train pour que le potentiel de l'invention soit pleinement réalisé. Ce dernier groupe représente ceux qui achètent et déploient la technologie, autrement dit les DSI. J'ai donc demandé aux cadres dirigeants de se positionner par rapport au métavers, en disant s'il y a un train ou pas ; si ce train existe, faudrait-il ou pas monter dedans ; si le train a déjà quitté la gare (sous-entendu, je n'y suis pas encore).
D'après leurs réponses, la plupart des cadres se situent quelque part au-delà de « il n'y a pas de train » et plus près de « il y a un train et je devrais probablement le prendre ». Le DSI d'une grande entreprise du secteur de l'énergie, qui dispose d'un réseau très dense, a expliqué : « Aucune entreprise n'expérimente le métavers et c'est encore assez marginal en dehors des Facebook du monde ». L'ancien directeur général d'une grande entreprise de capital-risque a admis : « Le métavers, je ne suis même pas un touriste dans ce monde ». Et un magnat texan de la technologie a insisté : « Je connais beaucoup de gens intelligents et aucun d'entre eux ne sait épeler métavers ». Donc, s'il y a réellement un potentiel à réaliser, les responsables IT pourraient bien se retrouver bientôt dans le troisième groupe, celui des laissés pour compte, s'ils ne commencent pas à s'y intéresser rapidement.
Prendre le train en marche
Comme pour toute technologie émergente, c'est toujours une bonne chose de se demander « quel problème cette nouvelle technologie pourrait résoudre ». Mike Conley, DSI et vice-président senior des Cleveland Cavaliers et de Rocket Mortgage FieldHouse, fait exactement ce qu'il faut en ce qui concerne le métavers. Il expérimente et crée des prototypes dans l'espace du métavers en cherchant à impliquer les 99 % de fans qui n'assisteront jamais à un match. L'équipe de basket-ball des Cleveland Cavaliers, en tant que marque, compte plus de 30 millions d'adeptes dans le monde. Historiquement, les organisations sportives se sont principalement concentrées sur les 1 % de fans qui se rendent physiquement dans l'arène. Le métavers a le potentiel de changer cela.
Article rédigé par
Thornton May, CIO (adaptation Jean Elyan)
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