Stratégie

Pour le Cigref, l'inflation des coûts logiciels est totalement injustifiée

Pour le Cigref, l'inflation des coûts logiciels est totalement injustifiée
Pour le Cigref, l’inflation des coûts de licences est la principale source de préoccupation des DSI aujourd’hui. (Photo : Gerd Altmann / Pixabay)
Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°203 !
Maîtriser l’inflation des coûts IT,  garder la facture du cloud sous contrôle

Maîtriser l’inflation des coûts IT, garder la facture du cloud sous contrôle

Changement d’ambiance. En ce début 2023, les DSI sont avant tout préoccupés par le contrôle des coûts. D’autant que les promesses du cloud en matière de réduction des coûts ne se concrétisent pas réellement. Le contrôle des coûts est ainsi devenu le souci n°1 des utilisateurs de cloud et le Cigref...

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L'association pointe les hausses des coûts de logiciels que subissent les entreprises, hausses qui atteignent les 20% en ce début 2023. Une inflation totalement injustifiée et qui vise seulement à gonfler les marges des géants de l'édition, selon le Cigref.

PublicitéSéparer l'inflation justifiée par le contexte économique global de celle qui se sert de ce dernier comme d'un paravent pour venir gonfler les marges des entreprises. Cette préoccupation n'est pas que celle du gouvernement. Elle agite aussi le Cigref : l'association représentant les DSI des grandes entreprises et administrations françaises s'inquiète de la flambée des prix, en particulier sur les tarifs des logiciels. « En 2023, l'inflation sur certaines dépenses de la DSI devrait avoisiner les 20% alors que les budgets informatiques des entreprises stagnent ! », dit Henri d'Agrain, le délégué général du Cigref. Principale source d'inquiétudes pour les DSI : les coûts de licences, même si les tarifs du matériel progressent eux aussi rapidement, de l'ordre d'environ 15% selon l'association. « Le niveau d'inflation est moins prononcé chez les ESN », tempère Henri d'Agrain. Et ce dernier d'insister sur le fait qu'il ne s'agit là que de moyennes : « certains DSI ont connu des débuts de négociation avec des fournisseurs où les tarifs augmentaient de 100% par rapport au contrat précédent ! »

Le constat du Cigref résulte d'un travail mené auprès de ses membres ces six derniers mois, une enquête se focalisant sur les hausses de prix lors des renouvellements ou extensions de contrats, ainsi que sur les tarifs pratiqués sur les nouveaux projets. La démarche du club français a été mutualisée avec trois associations partenaires, en Allemagne (avec l'association locale Voice), aux Pays-Bas (CIO Platform) et en Belgique (Beltug), pour disposer d'un état des lieux plus global à l'échelle du continent. Avec, in fine, un constat partagé par les quatre clubs d'utilisateurs qui préparent une communication commune sur le sujet. « Nous avons relevé des hausses de prix totalement injustifiées chez la quasi-totalité des éditeurs, pour la plupart américains, reprend Henri d'Agrain. Nous sommes clairement face à des politiques d'augmentation des marges, sans rationnel inflationniste, ni augmentation des capacités fonctionnelles des logiciels concernés. » Et de citer le cas de Microsoft qui a annoncé début janvier un relèvement de l'ensemble de ses tarifs cloud de 11% sur la zone Europe (pour une entrée en vigueur début avril). « Les responsables de Microsoft sont incapables de donner des explications valables à cette hausse. Ils mettent en avant la parité euro-dollar. Mais, dans ce cas, pourquoi cette hausse s'applique-t-elle à des entreprises qui avaient signé leur contrat sur la base d'une parité identique à celle observée actuellement ? »

Une des promesses du cloud s'envole

Pour le Cigref, ces hausses injustifiées viennent se surajouter à un contexte inflationniste global qui obère les budgets des DSI, notamment via la hausse des prix de l'énergie. « A ce facteur, s'ajoutent les effets de la pénurie des talents, qui provoquent une inflation rapide des salaires des experts, que d'ores et déjà certains, comme les acteurs du secteur public, ne parviennent plus à suivre. Et les difficultés d'approvisionnement dans les semi-conducteurs, en répercussion des tensions entre la Chine et les Etats-Unis et de la pénurie d'eau à Taïwan en 2021, n'ont fait qu'aggraver cette spirale inflationniste dans l'IT : début 2022, nous avons enregistré une hausse d'environ 15% des coûts des équipements. Avant même le déclenchement de la guerre en Ukraine », rappelle le délégué général de l'association.

PublicitéPour ce dernier, le niveau d'inflation actuel signe l'arrêt de mort d'une des promesses centrales du cloud. « En effet, ce mode de fourniture de services informatiques repose sur des principes de rationalisation et d'industrialisation de l'accès aux ressources de calcul et de stockage. Ce qui devrait naturellement entraîner une baisse des coûts. Or, c'est tout l'inverse qui se produit. Les fournisseurs expliquent que cet accroissement des dépenses provient de l'effet rebond, donc de l'augmentation des usages. Mais je doute que cette seule explication suffise. »


Henri d'Agrain, le délégué général du Cigref. (Photo : D.R.)

Pour Henri d'Agrain, cette promesse non tenue est d'autant plus dommageable pour le budget de la DSI que les éditeurs de logiciels poussent massivement leurs clients à passer au mode SaaS, mettant fin au support de leurs applications traditionnelles. Avec, en la matière, des échéances situées souvent entre 2027 et 2030 pour les entreprises. « Ce qui va obliger ces dernières à mener des projets de migration, donc entraîner des coûts d'adaptation. Ainsi, pour le passage à SAP S/4 Hana, on parle, dans certains cas, de projets particulièrement coûteux sans avantage fonctionnel évident pour les utilisateurs. »

Gestion de notes de frais : la palme des augmentations les plus salées

Une récente étude menée par Tool Advisor sur les logiciels B2B évalue l'inflation des coûts du logiciel à 6,14% entre 2022 et 2023. Sur la période, 37% des logiciels passés au crible par le comparateur de logiciels ont vu leurs tarifs augmenter. Pour son étude, ToolAdvisor a étudié 12 catégories d'applications professionnelles (comptabilité, facturation, CRM, signature électronique, e-mailing, marketing, etc.). La palme de l'augmentation la plus salée revient, ironiquement, aux logiciels de gestion de notes de frais dont les tarifs progressent en moyenne de 19% entre 2022 et 2023.

En complément :
- Le contrôle des coûts devient la première préoccupation des utilisateurs de cloud

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