Stratégie

Pour l'industrie du futur, Stanley Black & Decker forme ses employés au numérique

Pour l'industrie du futur, Stanley Black & Decker forme ses employés au numérique
Suhdi Bangalore, VP Industrie 4.0 chez Stanley : « les cobots sont déjà une réussite ».

Pour atteindre 10 millions de collaborateurs qualifiés en 2030, Stanley Black et Decker forme les employés de ses usines au travail avec la robotique, l'intelligence artificielle, l'Internet des Objets et la réalité augmentée. Voici comment le fabricant d'outils électriques procède.

PublicitéPour les industriels, former les employés à travailler avec des machines pilotées par des capteurs et des logiciels est une nécessité, dans un secteur bousculé par l'automatisation. En tant que PDG de Stanley Black & Decker, Jim Loree pilote la transformation des compétences, qu'il perçoit comme un élément essentiel pour augmenter les ventes de ses outils électriques Black & Decker et Craftsman, qui ensemble représentent un chiffre d'affaires de 14 milliards de dollars US.

« Un changement d'état d'esprit est nécessaire, pour permettre à l'organisation de travailler en continu sur la montée en compétences », indique Pradheepa Raman, directrice des talents pour l'innovation dans cette entreprise âgée de 175 ans. Le déficit de talents est bien réel pour Stanley et ses homologues et concurrents industriels. Alors que ce manque de compétences se traduit par des millions de postes vacants dans l'industrie mondiale, Pradheepa Raman s'est engagée à former 10 millions de « makers » - le nom de code du groupe pour les employés d'usine - d'ici 2030.

Sous la direction de Jim Loree, Stanley a mis en place un cadre d'apprentissage et des feuilles de route pour éduquer tout le monde aux bonnes pratiques, depuis les managers jusqu'au personnel administratif. « Le tout  sur les cinq ans qui viennent », précise Pradheepa Raman, chargée avec quelques autres directions d'accompagner la montée en compétences des 60 000 employés. Les managers, par exemple, apprennent comment mieux collaborer avec leurs équipes, tandis que les ingénieurs et les opérateurs chargés des machines apprennent à travailler avec des machines automatisées. Ce cadre inclut des contenus numériques provenant de différentes sources.

La transformation des compétences au coeur de l'industrie 4.0

Stanley s'est engagé dans la tendance « Industrie 4.0 », qui place l'automatisation et l'échange de données au coeur des technologies et des processus industriels, pour façonner ce qu'on appelle communément des « usines intelligentes ». Parmi les sujets phares de ce changement en cours figure l'Internet des Objets industriel (IIoT), qui consiste pour le fabricant à équiper leurs machines de capteurs. Celles-ci peuvent ainsi transmettre des données quand elles nécessitent une maintenance préventive ou d'autres interventions.

L'entreprise déploie également de l'intelligence artificielle, des services cloud, de la robotique combinée à la réalité augmentée ou encore des solutions de fabrication additive (impression 3D), « autant de technologies essentielles pour faciliter les opérations dans les usines intelligentes », selon Suhdi Bangalore, vice-président Industrie 4.0 chez Stanley. « Les employés des usines en formation sont équipés de lunettes de réalité augmentée, afin de regarder des enregistrements vidéo sur la maintenance des machines d'usinage, ou les procédures opérationnelles d'autres machines industrielles », ajoute-t-il.

PublicitéL'épicentre de cet effort de mise à niveau est la Manufactory 4.0, une usine intelligente d'une superficie de plus de 2000 mètres carrés basée à Hartford (Connecticut). Dans celle-ci, les équipes apprennent à appliquer toutes ces technologies pour concevoir et construire des produits.

Stanley a également mis en place certaines têtes de pont, des sites qui servent de modèles pour la mise à jour et le déploiement des technologies de l'Industrie 4.0. Dans l'une de ces usines, basée à Jackson dans le Tennessee, Stanley a investi 29 millions de dollars US pour aider les jeunes ingénieurs et experts du digital à s'entraîner aux côtés d'équipes industrielles plus expérimentées.

Dans ces structures, des ingénieurs entre 20 et 50 ans développent leurs compétences en travaillant ensemble, à travers la formation de groupes informels, comme le raconte Suhdi Bangalore. S'il est difficile d'égaler l'expérience terrain dans les usines, Stanley développe également des contenus en ligne avec des partenaires spécialisés dans les supports de formation numériques, comme les plateformes de MOOC Coursera ou Udacity.

Stanley utilise également l'application Digital Fitness de PwC, qui aide les collaborateurs à identifier des domaines dans lesquels ils peuvent s'améliorer. Beaucoup des représentants de l'IT ont quant à eux adopté PluralSight, une plateforme d'apprentissage spécialisée sur des sujets comme le Cloud, l'IA, l'IoT, la cybersécurité et d'autres contenus techniques. Selon Pradheepa Raman, Stanley fournit aussi des formations ciblées aux ingénieurs de fabrication et à d'autres profils de spécialistes, notamment sur le Deep Learning.

Les efforts de formation de Stanley touchent même les lycéens. En octobre, mois des makers, le groupe s'est associé à la plateforme de développement professionnel Discovery Education pour le concours « Making for Good Challenge », dans lequel des équipes de deux à quatre lycéens soumettent leurs idées pour créer des produits qui contribuent au bien commun.

Des humains et des robots travaillant ensemble

Si Suhdi Bangalore admet que les progrès en robotique transforment la production industrielle, il estime que l'automatisation n'a pas tant d'impact que cela sur le marché du travail. Pour lui, celle-ci ouvre une multitude de postes, et les entreprises doivent juste trouver comment pourvoir ces derniers avec des collaborateurs qualifiés. « Dans notre secteur, le discours prédominant tourne autour de la robotique. Même si celle-ci est très pertinente dans notre contexte industriel, l'impact sur les emplois est moindre que ce que vous pouvez lire et entendre », souligne-t-il. Stanley met ainsi l'accent sur la « cobotique » et les processus associés, dans lesquels les humains collaborent avec les machines. « Même s'il est tôt pour dresser le bilan, ce domaine est d'ores et déjà une réussite. »

Le programme autour de l'Industrie 4.0 est si important chez Stanley que Jim Loree a placé le département IT sous la responsabilité de Suhdi Bangalore. Celui-ci travaille sur les solutions avec la DSI Rhonda Gass, et tous deux reportent au directeur financier Don Allan. Selon Suhdi Bangalore, ce modèle opérationnel permet de réduire « la bureaucratie et les barrières », ce qui permet à Stanley d'être plus agile. Pradheepa Raman ajoute que Rhonda Gass joue un rôle important dans ce projet, faisant partie des champions qui portent la montée des compétences sur le numérique.

Ce renouveau par la gestion des talents est une nécessité pour le groupe, qui souffre du ralentissement de l'économie. L'entreprise a en effet récemment annoncé une réduction de ses effectifs et la fermeture de certains sites, afin de réduire ses charges annuelles de 200 millions de dollars US.

Article de Clint Boulton / CIO Etats-Unis (Adaptation et traduction par Aurélie Chandèze)

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