Pierre Pezziardi claque la porte de la DINSIC car les start-ups d'Etat « ne se limitent pas à des sites web en .gouv.fr »
Les start-ups d'État peuvent-elles bousculer la bureaucratie ? Pierre Pezziardi quitte la DINSIC faute de pouvoir répondre positivement.
PublicitéPierre Pezziardi est tout sauf un inconnu dans le petit monde de l'IT français : cofondateur d'Octo Technology, ancien DSI de la BRED, associé chez Kisskissbankbank... et, depuis six ans, chargé de mission Start-ups d'Etat à la DINSIC (Direction interministérielle du numérique et du système d'information et de communication), la « DSI groupe » de l'Etat. Le 25 septembre 2019, il a envoyé un mail à ses collègues pour les informer de son départ en compagnie de deux autres animateurs du dispositif Start-ups d'État. Mail très explicatif sur les raisons de ce départ.
« La haute fonction publique n'a pas compris que nous n'étions pas une SSII agile qui développait des sites web en .gouv.fr mais le témoin de nouvelles formes d'organisation plus efficaces dans l'administration » nous a-t-il déclaré. Et cette transformation, peut-être idéaliste, de toute évidence, s'est heurtée aux réalités. Pierre Pezziardi explique ainsi : « la bureaucratisation est un angle mort politique. Pourtant, par exemple, face à la crise de l'hôpital, la question que l'on pose c'est plus ou moins un milliard d'euros, jamais l'organisation,jamais le temps perdu en bureaucratie par les soignants, jamais les marges de manoeuvre colossales que l'on pourrait recréer en supprimant des normes stupides comme la T2A. » Cette critique est un peu gênante alors qu'Emmanuel Macron a précisément été élu pour bousculer les choses ! « Le Président gouverne avec des technocrates et il ne peut visiblement rien » rétorque Pierre Pezziardi. Celui-ci claque la porte de la DINSIC mais compte bien revenir par la fenêtre politique, autour d'un manifeste qui est en train de se construire.
La bureaucratie, version paternalisme autoritaire
Ce départ ne semble pas avoir été compris par tous. « On nous a dit que nous étions des divas. Pas étonnant de la part de hauts-fonctionnaires qui appliquent les vieilles méthodes du paternalisme autoritaire, isolent penseurs et faiseurs, et n'imaginent pas que des équipes de faiseurs puissent résoudre des problèmes qui n'aient été pensés avant par eux » soupire Pierre Pezziardi. Or, au XXIème siècle, les méthodes de management ne peuvent plus être les mêmes qu'au XIXème, lorsque l'essentiel de la population était quasi-illettrée. Le départ non-voulu d'Henri Verdier et son remplacement par Nadi Bou Hana a-t-il été un problème ? Pierre Pezziardi répond, fataliste, que « l'alliance avec Henri Verdier était plus simple, son débarquement n'a pas aidé, mais le quotidien n'a, en fait, pas changé. Durant six ans, aucun acte administratif - bon de commande ou signature de conventions de partenariat - n'a été réalisé sans panique ni retard. »
Que va devenir Pierre Pezziardi ? Cet entrepreneur multi-récidiviste est actuellement engagé dans une toute autre aventure. Il s'intéresse ainsi à la reconstitution de ceintures vertes agricoles autour des métropoles, en économie sociale et solidaire, notamment pour alimenter des cantines scolaires. Il est probable que l'on entende bientôt de nouveau parler de lui, et pas nécessairement dans le secteur informatique.
PublicitéPrécisions de la DINSIC
La DINSIC nous a indiqué que :
- Pierre Pezziardi n'a jamais eu le statut de « chargé de mission » à la DINSIC mais était un prestataire.
- Par ailleurs, il n'a pas « claqué la porte de la Dinsic » mais le contrat liant sa société à la DINSIC en tant que prestataire privé a pris fin le 30 septembre 2019.
Article rédigé par
Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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