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Pierre Niox-Chateau, JCDecaux : « L'agilité au service de l'innovation »

Pierre Niox-Chateau, JCDecaux : « L'agilité au service de l'innovation »
Pierre Niox-Chateau, DSI de JCDecaux, a réduit par deux les délais de livraison depuis 2010.

Le DSI de JCDecaux dresse le bilan des méthodes agiles mises en oeuvre pour accélérer le développement du groupe.

PublicitéCIO : Qu'est-ce qui a le plus changé dans votre DSI ces dernières années ?

Pierre Niox-Chateau : Incontestablement, c'est la vitesse à laquelle nous devons maintenant développer les solutions attendues par les Directions opérationnelles. Pour illustrer cela, nous constatons que, dans pratiquement tous les domaines, les délais de livraison ont été réduits par deux depuis 2010. Pour répondre à ce « nouveau temps », les DSI disposent, me semble-t-il, de deux atouts essentiels sur lesquels il faut s'appuyer sans hésitation. D'abord, la plupart des Directions opérationnelles ont compris que, dans ce contexte, il fallait dorénavant discuter de manière constructive avec les DSI, et étudier bien sûr les éventuelles questions de budget mais aussi celles relatives au contenu même des développements à délivrer. Ce nouvel enjeu de priorisation apaise les discussions et permet de faciliter - en envisageant les changements de manière progressive - la mise en oeuvre des transformations business associées. Ensuite, ce « nouveau temps » a conduit à l'émergence rendue indispensable des méthodes de développement agile qui organisent de façon de plus en plus performante la gestion de ces priorités. C'est la combinaison de ces deux évolutions, exigences de priorisation et opportunités agiles, qui donnent aux DSI de nouvelles capacités.
Chez JCDecaux, nous avons considéré, il y a plus de 5 ans, que l'agilité devait être mise au service de l'innovation et qu'il fallait investir résolument dans ces nouvelles manières de travailler. Nous avons d'abord expérimenté puis étendu ces pratiques qui sont aujourd'hui exploitées dans plus de 80% de nos projets, associant environ 250 personnes, experts métiers et informatiques, qui collaborent au quotidien au sein d'équipes agiles.
Bien sûr, nous sommes confrontés - comme toutes les entreprises qui y ont recours - à des difficultés liées notamment à la disponibilité des experts métiers, au cadrage budgétaire des projets (beaucoup plus incertain en méthodes agiles) mais, nous bénéficions avant tout des multiples avantages de ces process : dialogue apaisé entre experts, gestion organisée des anciennes « whish list », qualité des livraisons, etc ...
Enfin, il faut insister sur le fait que les DSI doivent investir, non seulement sur les process agiles, mais aussi et surtout sur les compétences chargées de les mettre en oeuvre. C'est, me semble-t-il, une bonne nouvelle, pour nos informaticiens, notamment pour les plus jeunes qui choisissent ce métier difficile. Ils trouvent dans ces méthodes une façon naturelle de collaborer au développement de nos systèmes d'information et de nos entreprises, plus naturelle en tous cas que celles imposées par les normes qui ont prévalu dans le passé pour sécuriser les développements informatiques, sans y parvenir le plus souvent et en enfermant nos équipes dans des imbroglios procéduraux qui ont limité leur capacité d'initiative et leur engagement.

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CIO : Quels sont les enjeux de l'entreprise qui orientent les choix de la DSI de JCDecaux ?

Pierre Niox-Chateau : Deux enjeux principaux se rejoignent pour proposer à nos clients des solutions toujours plus performantes pour la promotion de leurs marques.
D'abord, la flexibilité de nos offres commerciales que nous devons adapter en permanence pour répondre au plus près aux besoins de nos clients, à leur recherche d'audience et d'impact. Nous avons, ces dernières années, lancé de nombreuses initiatives pour développer de nouvelles plateformes IT permettant de répondre à cet enjeu essentiel et nous continuerons bien sûr à investir dans ce domaine. Le second enjeu concerne la digitalisation de notre média et consiste à proposer, partout dans le monde où cela est utile à nos clients, des emplacements publicitaires numériques qui viennent compléter ou remplacer les espaces publicitaires analogiques que nous continuons à exploiter. Il y a ici de nombreuses opportunités pour développer de nouvelles offres permettant de mieux cibler encore les audiences et d'augmenter la performance des campagnes publicitaires que nous diffusons. Parmi ces opportunités, on peut citer celle consistant à proposer des campagnes contextuelles, dynamiques, dont les messages publicitaires s'adaptent automatiquement à des données externes (météo, résultats sportifs, langue ...).
Les plateformes IT sont évidemment essentielles au développement de ces nouvelles offres. La DSI est massivement impliquée dans les projets correspondants avec, là aussi, pour exigence de mettre en oeuvre de nouvelles compétences chargées de développer, d'intégrer des algorithmes et des systèmes de « datas » de plus en plus sophistiqués.



CIO : Quels sont vos choix en matière de cloud computing ?

Pierre Niox-Chateau : Là encore, nous avons adopté assez tôt des solutions cloud que nous avons expérimentées pour la première fois il y a cinq ans. Nous avons depuis implanté plusieurs centaines de machines virtuelles sur des services fournis par AWS et OVH en veillant à ce que le modèle hybride que nous avons mis en oeuvre puisse être, en toutes circonstances, réversible et ce afin, d'une part, de bénéficier de tous les atouts du « cloud » (flexibilité, performances, coûts toujours plus bas) et, d'autre part, de pouvoir en changer dès que nécessaire. Nous cherchons en effet, et c'est un point essentiel me semble-t-il, à être le plus agnostique possible. En effet, le marché des services d'infrastructures sur le Cloud évoluera sans doute considérablement dans les prochaines années et, dans ce contexte, il faut que les DSI ne s'enferment pas dans des solutions existantes et cherchent à conserver leur capacité à changer de fournisseurs en cas de fortes variations de leurs politiques tarifaires ou pour être en mesure de bénéficier de nouvelles offres.
Dans cet esprit, il faut là aussi rester agile et être très vigilant, me semble-t-il, vis-à-vis des solutions « à valeur ajoutée » proposées par les opérateurs du Cloud dont il faut bien sûr mesurer sérieusement les avantages (Bases RDS chez AWS par exemple) mais aussi évaluer en permanence les modalités à mettre en oeuvre... pour s'en passer si nécessaire. Exercice pas toujours simple mais indispensable si l'on veut continuer à exploiter les services Cloud sérieusement, sans succomber aux modes et en cherchant néanmoins résolument à en étendre la portée.





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