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PGI : l'amiante des systèmes d'information ?

PGI : l'amiante des systèmes d'information ?

Les investissements dans les PGI ont-ils d'autres justifications que les investissements précédents ?

PublicitéRares sont les grandes entreprises françaises qui ont su résister aux sirènes de la tentation PGI et n'ont pas installé, qui SAP, qui Oracle. La Sloan Management Review, du MIT, vient de publier un long article de Cynthia Rettig : "The trouble with Enterprise Software" (Le problème avec les PGI) Il pose, clairement, la question des dangers que font peser les PGI sur la compétitivité des entreprises, en rigidifiant les systèmes d'information et les rendant incapables de répondre rapidement aux demandes d'évolution, rendues nécessaires par un marché de plus en plus changeant et imprévisible. Je pense que tout DSI, tout informaticien qui travaille dans une entreprise ayant installé un PGI doit, immédiatement, lire cet article, dérangeant. Les PGI deviennent des "boulets", des solutions "legacy". L'analyse s'appuie sur une étude pluriannuelle réalisée par le MIT auprès de 400 entreprises. Je cite : "In the end, ERP systems became just another subset of the legacy systems they were supposed to replace." ("In fine, les PGI deviennent un composant de plus des solutions "héritages" qu'ils étaient supposés remplacer"). Face au mythe du PGI intégré, permettant une vision unifiée des systèmes d'information dans les grandes entreprises, les enquêtes ont montré que la réalité était bien différente. Les PGI peuvent devenir des "legacy" plus redoutables que les outils anciens qu'ils remplacent, car ils sont encore plus difficiles à éliminer. Et si les PGI étaient devenus... l'amiante des systèmes d'information ? C'est une analogie forte, contestable, mais elle permet de poser les vraies questions. Histoire de l'amiante, en quatre étapes : - C'est un produit génial, il faut en mettre partout. - Premières analyses qui montrent que c'est dangereux ; beaucoup de responsables font l'autruche. - Sous la pression des victimes, reconnaissance par l'essentiel des acteurs de la "dangerosité" du produit. - Dépenses gigantesques pour désamianter les bâtiments. Histoire des PGI, en quatre étapes : - C'est un produit génial, il faut en mettre partout : période comprise entre 1990 et 2002. Jackpot financier pour les éditeurs et les grands "intégrateurs" ! - Premières analyses qui mettent en évidence les dangers des PGI ; beaucoup de responsables informatiques font l'autruche. Plus grave, ils continuent dans l'erreur en augmentant leurs investissements dans les PGI pour rendre compatibles les différentes instances installées dans chaque pays, non compatibles entre elles. Période qui a commencé en 2003, avec les premières analyses mettant en doute le ROI de ces investissements ; je pense en particulier au cabinet Nucleus, avec des chiffres calamiteux sur Siebel et SAP. Étape, hélas, non terminée. - Sous la pression des utilisateurs, des dirigeants, des clients et des fournisseurs qui ne supportent plus la lourdeur et l'absence d'évolutivité des PGI, la majorité des DSI acceptent de se lancer dans une démarche de "DePGIsation". Étape que quelques, trop rares, DSI innovants commencent à envisager en 2007. - Dépenses monstrueuses, délais pluriannuels nécessaires pour "DePGIser" les entreprises. Etape terminée en 2017 ? Un remède, pire que le mal : le SOA ! Dans son article, Cynthia Rettig tire le signal d'alarme en dénonçant la dernière trouvaille des éditeurs (souvent les mêmes !) pour régler le problème des PGI. C'est, en trois lettres comme il se doit, SOA (Service Oriented Architecture), présenté comme "The Next New Thing", la réponse miracle ! Nucleus Research, déjà cité, vient de publier une première analyse qui montre que 63 % des projets SOA n'ont pas de ROI positif ! Cela commence bien ! Pour beaucoup d'entreprises qui ne savent pas comment se dépatouiller de leurs PGI legacy, SOA va être utilisé pour mettre une couche supplémentaire de complexité autour de ces mêmes PGI. Pour rester dans mon analogie avec l'amiante : le SOA, c'est une couche de béton supplémentaire autour de "l'amiante-PGI" pour créer une illusion de flexibilité. Je m'attends, bien sûr, aux réactions indignées de mes amis éditeurs de PGI ou DSI qui ont investi des millions d'euros dans ces logiciels. Il faut quand même, sans délai, se poser la question qui fâche : "Les PGI installés peuvent-ils, profondément, durablement, limiter la capacité des entreprises à innover, à évoluer, à s'adapter à des marchés de plus en plus imprévisibles ?" Se la poser, c'est une première preuve de maturité et d'intelligence.

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