Tribunes

Passer du FinOps au GreenFinOps pour mieux piloter la DSI et préserver la planète

Passer du FinOps au GreenFinOps pour mieux piloter la DSI et préserver la planète
Emmanuelle Olivié-Paul, présidente et fondatrice du cabinet AdVaes.

Les DSI ont toujours jonglé avec des budgets serrés et des technologies évolutives. Alors que le FinOps est reconnu comme un outil essentiel pour affiner la gestion des dépenses IT et aligner les investissements avec les objectifs stratégiques, la crise climatique incite à aller plus loin et à adopter le GreenFinOps afin d'équilibrer performances, coûts et impacts environnementaux.

PublicitéDepuis toujours, les DSI ont été au coeur de la gestion et de l'optimisation des coûts de l'IT, jonglant avec des budgets contraints et des technologies en constante évolution pour répondre aux besoins de leur organisation et de leurs clients internes. Le passage au cloud a redéfini les contours des environnements IT, notamment par son modèle à base de multiples microservices, hyper industrialisés, évolutifs, mutualisés et répartis. Les évolutions actuelles dans le domaine de la data science, avec les perspectives apportées par l'IA générative (GenAI), étroitement liées par ailleurs au potentiel offert par le cloud, devraient les renforcer.

Encore plus que par le passé, les DSI se trouvent à la croisée des chemins, confrontés à la double exigence d'optimiser leurs coûts tout en maximisant l'efficacité opérationnelle et l'innovation. Dans ce contexte, l'approche FinOps émerge comme un levier stratégique incontournable pour piloter avec finesse les dépenses IT et aligner les investissements technologiques sur les objectifs de l'organisation. Parallèlement, la prise de conscience des impacts environnementaux de l'IT invite les DSI à intégrer la dimension écologique dans leurs stratégies. Le GreenFinOps se présente comme une réponse adaptée pour concilier efficience économique et responsabilité environnementale, en orchestrant une utilisation plus "verte" et plus rationnelle des ressources IT.

FinOps et GreenOps, une combinaison gagnante

Afin d'équilibrer performances et coûts, le FinOps est apparu comme une réponse efficace et innovante. Il s'agit d'un cadre qui combine les principes financiers et ceux du DevOps pour permettre à différentes équipes au sein d'une organisation (ingénieurs, financiers, product owners, etc.) de travailler ensemble pour une meilleure proposition de valeur des produits et services et une meilleure gestion des coûts afférents.

À première vue, il semblerait que le FinOps n'ait pas grand-chose à voir avec la durabilité, mais il suffit de rappeler que, hors minage de cryptomonnaies, la consommation électrique des datacenters est estimée entre 240 et 340 TWh (térawattheures) en 2022, selon l'IEA (International Energy Agency), représentant approximativement 1% à 1,3% de la consommation électrique mondiale finale. D'ici 2030, cette consommation devrait doubler avec la multiplication des charges de travail, dont celles consommées par le Shadow IT, avec son corollaire d'émissions de CO2 si aucun effort n'est consenti tant dans les pratiques que dans le recours plus large a des énergies renouvelables et bas carbone.

Grâce au FinOps, les DSI identifient les leviers d'action pour optimiser non seulement leurs coûts, mais aussi les ressources consommées, et, de manière indirecte, les consommations énergétiques et les émissions de CO2. Cependant, l'impact du numérique sur l'environnement ne se limite pas à ces seuls indicateurs. Il inclut d'autres dimensions comme la consommation d'eau, la masse de déchets électroniques produite, l'épuisement en ressources (métaux, terres rares...), les impacts sur la biodiversité, etc.

PublicitéDe son côté, le GreenOps, démarche opérationnelle qui intègre des principes de durabilité environnementale dans la gestion des systèmes d'information et des opérations IT, est là pour mieux les maîtriser en optimisant notamment leur efficacité énergétique et en adoptant une approche holistique de leurs impacts. La démarche FinOps peut aussi tirer parti des apports du GreenOps en se focalisant non seulement sur l'optimisation des coûts, mais également sur la réduction de l'empreinte environnementale des SI. Le GreenOps et le FinOps se complètent donc efficacement, permettant aux organisations d'optimiser à la fois leur IT, et les dépenses en regard, tout en minimisant leur impact environnemental, et englobant ainsi une responsabilité environnementale dans la gestion quotidienne de leur SI. En résulte une synergie entre les objectifs économiques et environnementaux, permettant de réduire les coûts de l'IT tout en s'engageant dans une démarche numérique durable. Telles sont les ambitions du GreenFinOps, approche combinant les principes de la finance opérationnelle (FinOps) avec des objectifs de durabilité environnementale (GreenOps).

GreenFinOps, quelles mesures et quels défis ?

Les mesures concrètes que les organisations peuvent prendre sont très variées. Il peut s'agir d'écoconcevoir des produits et services numériques afin d'en réduire l'impact environnemental tout au long de leur cycle de vie. D'autres mesures concernent le choix de centres de données localisés dans des pays où des sources d'énergie renouvelable sont favorisées. Il peut s'agir encore de la désactivation ou de la mise en veille de ressources pendant les heures d'inactivité.

L'utilisation de logiciels d'évaluation d'impact environnemental de l'IT ainsi que de calculettes carbone peut aider à automatiser les processus associés et à mieux identifier les sources à plus fort impact afin d'adopter les mesures d'amélioration ou de remédiation adéquates. De nombreux éditeurs proposent aujourd'hui de telles solutions, avec des spectres plus ou moins différents (cf. étude stratégique d'AdVaes disponible fin mai sur ces acteurs, les attentes du marché et les tendances à 2027).

L'implémentation du GreenFinOps fait face à des défis considérables, en particulier la difficulté à déterminer précisément les actions à entreprendre pour améliorer l'empreinte environnementale du SI. Il existe une incertitude quant à l'impact réel de chaque mesure, avec un paysage constamment évolutif de technologies et de pratiques. Cette recherche d'un chemin écologique efficace est souvent freinée par un manque de visibilité, créant une incertitude sur la meilleure voie à suivre. De même, le suivi des efforts réalisés dans le cadre du GreenFinOps s'avère être un défi considérable. L'absence d'indicateurs clairs et de moyens spécifiques pour évaluer les progrès entrave la capacité des DSI à mesurer l'impact réel de leurs initiatives. Le défi réside dans la nécessité de quantifier l'invisible, c'est-à-dire les changements positifs et durables dans les pratiques opérationnelles et les résultats environnementaux.

Bien que les DSI comprennent l'importance de suivre ces actions, l'absence d'indicateurs standardisés et pertinents rend la tâche complexe. Cependant, ce suivi reste essentiel pour démontrer l'efficacité des initiatives mises en oeuvre et pour guider les ajustements nécessaires vers une moindre empreinte environnementale du SI.

Intégrer les apports du GreenFinOps devient impératif pour les DSI cherchant à réduire leur empreinte carbone tout en maintenant des infrastructures IT efficaces. Les DSI doivent aller au-delà de la simple adoption de technologies "vertes" pour adopter une approche holistique de la gestion de l'IT, intégrant des pratiques intelligentes et économes où la performance opérationnelle et la durabilité vont de pair.

Partager cet article

Commentaire

Avatar
Envoyer
Ecrire un commentaire...

INFORMATION

Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.

Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire

    Publicité

    Abonnez-vous à la newsletter CIO

    Recevez notre newsletter tous les lundis et jeudis