Juridique

Noé : Emmanuel Macron veut sauver l'emploi des eaux basses avec une arche numérique

Noé : Emmanuel Macron veut sauver l'emploi des eaux basses avec une arche numérique
Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron veut établir un diagnostic partagé avec les acteurs économiques pour établir les « nouvelles opportunités économiques » (acronyme Noé). (DR)

En amont du projet de loi Macron 2 prévu pour janvier 2016, le ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron, a fait témoigner lundi matin à Bercy dix intervenants sur des secteurs de l'économie transformés par le numérique, dont la santé. Nom de code pour ces nouvelles opportunités économiques : #Noé. L'emploi sauvé des eaux ?

PublicitéChacun doit avoir sa place dans « la transformation numérique que nous vivons et qui traverse toutes les dimensions de notre vie : consommation, divertissement, travail... », a twitté ce matin par Emmanuel Macron, ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, qui présentait à Bercy la feuille de route de sa stratégie pour les « nouvelles opportunités économiques » (acronyme Noé). Celle-ci doit déboucher en janvier 2016 sur le projet de loi Macron 2. Plutôt que de maintenir hors d'eau des emplois voués à la destruction, la stratégie Noé veut surtout en engendrer de nouveaux. Sur le site Economie.gouv.fr, on peut revoir la présentation faite ce matin devant 600 personnes environ. Le ministre explique que son ambition est de permettre à tous - quels que soit l'âge, le parcours et le niveau d'études- et à toutes les entreprises - quels que soient la taille ou le secteur d'activité - de saisir ces opportunités. Dans un fascicule, le ministère rappelle que le degré de disruption créé par le numérique est variable selon les secteurs. Cette économie développe les métiers les plus qualifiés où l'originalité n'est pas modélisable, y est-il indiqué, tandis qu'elle épargne les moins qualifiés où les savoir-faire sont irremplaçables. « La France a un potentiel largement inexploité de création d'emplois, en bas de l'échelle des qualifications, non délocalisables », peut-on notamment y lire. Mais combien d'entre nous devrons alors, demain, se transformer en auto-entrepreneurs ?

« Mais ce n'est pas le gouvernement dans son coin qui peut penser seul ces changements, cela aussi se fait en architecture ouverte », a affirmé ce matin Emmanuel Macron. « Nous avons besoin d'un diagnostic partagé (...) pour que tout le monde ait sa place, que l'on ait le bon cadre et les bonnes sécurités autour de ses transformations ». A Bercy, le ministre avait donc convié autour de lui dix intervenants de différents horizons pour commenter les mutations du secteur où ils évoluent et évoquer de nouveaux métiers. Parmi eux se trouvaient Patrick Pelata, ancien vice-président chez Salesforce.com et désormais dans le conseil avec sa société Meta, Frédéric Mazella, fondateur du service de covoiturage Blablacar, Thomas Allaire, fondateur du site d'emplois Jobijaba, Anne Perrot, co-auteur du rapport CAE sur l'économie numérique, ou encore Rand Hindi, entrepreneur et data scientist, qui est venu parler big data. Le ministre avait également sollicité Nathalie Collin, DG adjointe de La Poste, responsable du numérique et de la communication, le chirurgien et neurobiologiste Laurent Alexandre, Jean-Marc Borello, président du groupe SOS, implantée dans l'économie sociale et solidaire et Jean-Emmanuel Ray, professeur à l'Université Paris 1, spécialiste du droit du travail et Catherine Barbaroux, présidente de l'Adie (Assocaition pour le droit à l'initiative économique).

PublicitéDonner les moyens de concurrencer Uber

Avant l'arrivée de son projet de loi, en janvier, Emmanuel Macron devrait présenter ses premières propositions avant la fin de l'année. Il devrait y avoir des mesures sur le financement de l'innovation et la formation au numérique, en particulier pour les personnes dont le métier va disparaître. La révolution technologique et la révolution d'usage à l'oeuvre en ce moment fragilisent aussi les modes d'organisation au sein de l'entreprise et de la société, a souligné ce matin le ministre. Il voudrait aussi assouplir certaines contraintes et revoir le niveau de qualification obligatoire pour exercer certaines activités, barrières à l'entrée qui ne sont pas toujours explicitée, selon lui. Par ailleurs, il ne veut pas s'en prendre aux acteurs disruptifs comme Uber, mais plutôt donner à d'autres entreprises les moyens de les concurrencer.

Dans le fascicule de 32 pages qui réunit les premiers axes de Noé, on trouve en bonne place la création d'une économie de la donnée accessible aux particuliers et aux entrepreneurs pour qu'ils la transforment. Il est aussi question adapter la structure de financement à l'économie numérique et de faciliter davantage la création et le développement d'entreprises individuelles (demain tous auto-entrepreneurs ?), mais aussi de moderniser les outils de régulation et lever les barrières qui empêchent les acteurs traditionnels de se positionner face aux nouveaux acteurs tout en préservant « la plus grande sécurité juridique ». En espérant que ce voeu pieu ne se transforme pas en mirage.

En conclusion, il est rappelé qu'il s'agit d'un défi européen et qu'une coopération a déjà été engagée avec l'Allemagne sur le numérique. Par ailleurs, et de façon distincte, Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat chargée du Numérique, a présenté vendredi dernier le texte du projet de loi pour une République numérique qui a été amendé par la participation collaborative menée cet automne.

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