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Nadia Robinet (Société Générale) : « 98% des managers se sont déclarés satisfaits du télétravail de leurs collaborateurs »

Nadia Robinet (Société Générale) : « 98% des managers se sont déclarés satisfaits du télétravail de leurs collaborateurs »
Nadia Robinet, responsable de l'innovation sociale à la DRH Groupe de la Société Générale, a témoigné à la conférence « Travailler Autrement » au Centre d'Affaires Paris Tracadéro le 9 juin 2015. Photo : Bruno Levy
Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°101 !
Travailler Autrement

Travailler Autrement

Le DSI est un acteur de la transformation de la vie quotidienne dans l'entreprise. Cette certitude est particulièrement démontrée par l'apparition des nouvelles formes de travail rendues possibles par les technologies numériques.Collaboration, télétravail, nomadisme... Toutes ces nouvelles manières...

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CIO a organisé le 9 mai 2015 une Matinée Stratégique sur Travailler Autrement à Paris. Nadia Robinet y a apporté son témoignage sur la transformation du travail à la Société Générale.

PublicitéAyant célébré son 150ème anniversaire l'an dernier, le groupe Société Générale est présent dans 76 pays avec 30 millions de clients dans le monde. 60% de ses 148 300 collaborateurs sont d'ailleurs hors de France. Son produit net bancaire de 23,6 milliards d'euros en fait une des grandes banques mondiales. Sa stratégie IT est différente de celle d'autres grands groupes bancaires comme le Crédit Agricole. La Société Générale n'a pas eu à refondre totalement récemment son SI mais soigne par contre la mobilité et l'expérience client/utilisateur.

Outre le déploiement de 90 000 tablettes Windows / Office 365 avec conteneurisation séparant personnel et professionnel, le groupe a mis en place une véritable stratégie de télétravail. Un premier accord a été conclu en juillet 2013 et un second à l'été 2014.
Informaticienne de formation, Nadia Robinet est aujourd'hui responsable de l'innovation sociale à la DRH Groupe de la Société Générale. Sur la Matinée Stratégique CIO Travailler Autrement, elle a témoigné de la manière dont la Société Générale a réinventé le travail via les nouveaux outils numériques.

Deux phases d'expérimentation

« La négociation de 2013 avec les partenaires sociaux a eu lieu d'une part parce que nous avions perçu l'apparition d'opportunités que nous voulions saisir, d'autre part parce qu'il s'agissait de faire écho à une demande des salariés qui s'étaient exprimés dans notre baromètre employeur » s'est souvenue Nadia Robinet. Le voeu de « travailler autrement » était clair, notamment pour mieux équilibrer temps personnel et temps professionnel.
En juillet 2013, une première expérimentation a été lancée avant d'être confortée l'année d'après. Dans la première phase, l'expérience n'avait concerné que des services volontaires de la direction informatique et de la DRH. Sur 800 collaborateurs visés, 400 ont voulu testé. A l'issue de la première année d'expérimentation, un bilan a été tiré. Nadia Robinet a observé : « comme le bilan a été très positif, nous avons voulu poursuivre et amplifier. »

Le second accord a étendu la possibilité de télétravailler à toutes les directions pour tous les métiers où cela a du sens. Cette deuxième phase d'expérimentation est prévue pour deux ans. C'est donc courant été 2016 qu'un nouveau bilan sera tiré. A ce jour 1200 personnes sont concernées et, rapidement, le chiffre va atteindre les 2000. L'accord précise que le télétravail ne retire pas la jouissance de bureaux par les collaborateurs et la stratégie de mobilité n'a -pour l'instant- pas d'impact sur la gestion immobilière. Il est vrai que le télétravail reste partiel : de une journée par quinzaine à deux jours par semaine.

Une expérimentation qui pourrait s'étendre aux agences recevant du public

Publicité« Où cela a du sens » exclut de fait toutes les postes où il y a un contact physique avec la clientèle, notamment en agences bancaires. « Le télétravail se développe surtout dans les directions centrales » a confirmé Nadia Robinet. Malgré tout, certaines agences sont en train de regarder comment elles pourraient mettre en oeuvre le télétravail.
En effet, certains conseillers, notamment B2B, pourraient se rendre chez leurs clients au lieu de demander aux clients de venir en agences. Mais Nadia Robinet a tempéré l'enthousiasme : « la question doit aussi être examinée du point de vue de la sécurité et de la performance des accès au système d'information ». En plus, bien évidemment, l'équipement des salariés doit être adapté.

Les télétravailleurs sont équipés d'un ordinateur portable de 1,6 kg, facile à déplacer, connecté par VPN et la téléphonie est également nomade grâce au recours à un softphone. Le recours au softphone fait que le passage en télétravail est totalement transparent pour qui appelle le collaborateur. L'équipement n'est pas similaire pour les non-télétravailleurs qui restent équipés, du moins pour l'instant, de desktops ordinaires.
La différence d'équipement implique une légère différence de coûts pour la mise en oeuvre du poste de travail. « Comme il s'agissait d'une expérimentation, cette légère différence s'inscrit dans un développement de la mobilité que nous avions déjà dans nos plans de transformation » a assumé Nadia Robinet.

Productivité maintenue ou améliorée par le télétravail

Bien entendu, les collaborateurs qui télétravaillent sont ravis de pouvoir économiser plusieurs jours par semaine deux ou trois heures dans les transports. Ils peuvent se consacrer à leur travail dans de meilleures conditions personnelles. Nadia Robinet a reconnu que « les managers, au départ, ont exprimé leurs réticences et leurs doutes sur l'engagement des salariés, sur la fiabilité du matériel, etc. mais ont fait part d'un bilan très positif. » A 98%, les managers ont ainsi reconnu, à l'issue de la première phase, que la productivité était maintenue ou améliorée par le télétravail.

Il a fallu combattre certains lapsus et idées fausses. Par exemples, le télétravail n'est pas un passage en temps partiel, il n'y a pas non plus de « journée télé », ou encore l'expression « il n'est pas là, il est en télétravail » : même absent de son bureau physique, le télétravailleur continue de travailler et tout le monde doit le considérer comme présent et opérationnel. Et il y a même un risque avéré de sur-travail. Le combat contre ces idées fausses s'est fait notamment via un livre blanc de témoignages tant de télétravailleurs que de managers, témoignages qui ont aussi été apportés dans des ateliers.

Outre l'éligibilité du poste et l'accord du manager, le recours au télétravail suppose le volontariat du collaborateur. Le salarié doit disposer d'une connexion Internet haut débit et d'un lieu de travail au calme, lumineux et sans risque notamment du point de vue des troubles musculo-squelettiques. « Nous n'aidons pas financièrement les télétravailleurs à constituer ce lieu de travail car il n'y a aucune obligation à basculer en télétravail mais cela résulte d'un choix personnel » a complété Nadia Robinet. Le bénéfice du travailleur réside notamment dans l'économie considérable des temps de transport. Le télétravailleur peut donc bien couvrir quelques frais connexes comme un vrai fauteuil de bureau.

La difficulté de la sécurité

Il reste cependant un sujet délicat dans le secteur bancaire. « La sécurité est un sujet crucial dans la mise en oeuvre du télétravail » a confirmé Nadia Robinet. RSSI et DSI ont évidemment été des maîtres d'oeuvre essentiel au chantier du télétravail, notamment en installant une gestion contextuelle aux accès.

Certains accès ne seront donc possibles que lorsque l'ordinateur est situé sur le réseau local, tandis que d'autres pourront être utilisés dès lors que la personne est identifiée. En effet, autant braquer une agence bancaire reste assez complexe, pénétrer dans un domicile privé d'un agent bancaire et le menacer reste assez facile.

Et il ne faut pas négliger le cas des violations de données par des proches (conjoint, enfants...) même sans mauvaises intentions a priori. Nadia Robinet a détaillé : « ce n'est pas parce que vous avez accès à certaines applications, à certaines données, dans un contexte de travail dans votre bureau que nous souhaitons vous donner les mêmes accès lorsque vous télétravaillez. »

La prise en compte de cette difficulté a impliqué de déployer des outils adéquats pour identifier d'où provient la connexion et, partant, de prendre les mesures de sécurité adéquates. Mais le système d'information de la Société Générale comporte des applications un peu trop anciennes et qui ne sont pas, de ce fait, capable de gérer finement des droits d'accès. Dans ces cas là, il a fallu interdire totalement l'accès distant. « Les métiers qui ont été déclarés éligibles au télétravail sont ceux pour qui les gestions d'accès ont été les plus faciles à mettre en place » a constaté Nadia Robinet. Temporairement, certains métiers ont donc été déclarés inéligibles au télétravail.

DSI et RSSI ont mis en oeuvre cette politique de sécurité mais ils n'ont pas été les décideurs. Nadia Robinet a insisté : « la sécurité est l'affaire de tous et ce sont bien les métiers qui ont dit : tel type de données ou de fonction doit être ou non accessible de l'extérieur. » La phase amont d'analyse et de listage des applications avec les décisions d'ouverture ou non a donc constitué un long travail préparatoire avant que le télétravail ne puisse être mis en oeuvre.

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