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Malgré le chômage de masse, l'IT peine toujours à recruter

Malgré le chômage de masse, l'IT peine toujours à recruter
De gauche à droite : Laurent Donnay (Accenture), Régis Castagné (Equinix), Christian Harnisch (Infor), Hélène Fagart (Teradata), Jose Diz (animateur), Marc Do-Van-Tuan (CATS), Maxime Kurkdjian (Oxalide) et Franck Fangueiro (Econocom).

Le CPI-B2B a réuni des managers d'acteurs IT qui se sont accordés autour de l'étonnant constat de la pénurie de compétences adaptées à leurs besoins.

PublicitéComment est-ce possible ? Le chômage de masse est un sujet majeur de préoccupation pour tous les Français, y compris dans le secteur informatique qui n'est nullement épargné. Mais, en face, les employeurs potentiels sont unanimes : ils n'arrivent pas à recruter. C'était le sujet d'une table ronde réunie par le Club de la Presse Informatique B2B le 23 septembre 2015.
Que l'acteur soit une SSII, un éditeur, un prestataire Cloud, un infogéreur de datacenter ou un GIE d'informatique bancaire, le constat a été le même. Certes, les exigences ont évolué. Certes, les technologies se renouvellent avec un rythme croissant. Certes, des technologies récentes peuvent manquer de personnes formées. Mais il n'en reste pas moins que le paradoxe est choquant. Les participants à la table ronde ont cherché à expliciter la situation.

Offres et demandes ne sont pas alignées

La première inadéquation se pose entre les compétences disponibles -parfois en grand'nombre- sur le marché et celles dont les entreprises ont besoin. Les prolétaires du numérique ont été remplacés par des automatisations dans le cadre d'industrialisations. Ces profils de techniciens créant de petits scripts, développant des lignes de code au kilomètre ou surveillant des machines n'ont plus d'utilité. Ils ont été remplacés par des outils industriels qui ont permis une grande augmentation de la productivité. « Les tensions sont sur des profils bien au dessus, des personnes qui vont remplacer quatre ou cinq anciens techniciens » admet Maxime Kurkdjian, président d'Oxalide.
Et ce n'est pas tout. Pour Laurent Donnay, directeur exécutif d'Accenture, « avant, il y avait une foule de concepteurs et de développeurs tandis que maintenant nous avons besoin de super-développeurs capables de parler au métier, de travailler en méthodes agiles, etc. » Les technologies à maîtriser changent souvent. Même un hébergeur comme Oxalide est confronté au problème. « Les technologies LAMP ne mobilisent plus que très peu de ressources humaines au profit de Drupal, Magento, Prestashop, etc. » indique Maxime Kurkdjian.

Et la formation?

Face à un tel écart, la réponse normale est simple : la formation. Et un collaborateur formé est alors retenu dans l'entreprise par sa clause de dédit-formation. Mais cela n'est pas si simple, justement. Et ce même si les budgets formation sont au delà de l'obligation légale.
Si des développeurs peuvent être souvent formés au développement sur de nouvelles technologies, bien d'autres métiers très différents sont aussi en tension. Un spécialiste du design-thinking (qui n'est pas un designer), un data-scientist et tant d'autres profils possèdent des métiers particuliers. Former de telles personnes prend un temps considérable. Et, demain, tout peut être à recommencer puisque les métiers ne cessent de changer. Christian Harnisch, directeur HCM pour l'Europe et Manufacturing pour la France chez Infor, remarque ainsi : « nous avons un problème de time-to-market : il est impossible d'attendre deux ans ! » « Notre marché étant en croissance forte, notre activité est limitée d'abord par la capacité à produire, donc par notre capacité à recruter » déplore Maxime Kurkdjian.

PublicitéDes capacités à évoluer

Clairement, il n'y a pas de place dans les entreprises IT pour des profils inadéquats. Or, pour Christian Harnisch, « j'ai besoin d'embaucher des gens qui amèneront le succès de mon entreprise, ce qui n'est pas le cas de la plupart des chômeurs actuels. » Le jugement peut sembler sévère. Mais derrière un discours convenu et très anglo-saxon sur des valeurs d'entreprise, il n'en reste pas moins un problème objectif : les recrutés doivent être adaptables, aptes à échanger avec les métiers et prêts à s'investir dans des formations de hauts niveaux. Clairement, il leur est demandé d'apprécier d'être obligés de sortir de leur zone de confort.
Quand on additionne les exigences en compétences techniques, en savoir-être (adaptabilité, relationnel métier...) et, parfois, en langues, il est vrai que les mailles du filet sont fines. Et, autre point d'unanimité des témoins, la situation n'est guère différente à l'étranger. On en serait presque soulagé.

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