Maîtrise d'ouvrage et Maîtrise d'oeuvre (1/2) : un combat orienté vers la réussite des projets
Quelle différence y-a-t-il entre une assemblée d'experts et une équipe constituée ? Quiconque a dû faire aboutir un projet le sait bien : il est nécessaire de disposer d'un groupe organisé pour travailler correctement, et cela est particulièrement vrai en matière de projets SI où l'étendue des profils est variée : chefs de projet, fonctionnels, développeurs, techniciens,... Tel est l'enjeu actuel de toute direction informatique qui souhaite lancer un projet d'envergure : fédérer pour réussir.
PublicitéLa maîtrise d'ouvrage : une conception appliquée du projet D'une manière générale, la maîtrise d'ouvrage aide l'utilisateur final à exprimer ses besoins, elle assure le pilotage du projet et son financement et, par voie de conséquence gère l'ensemble des données budgétaires, retour sur investissement inclus. Elle représente le client, l'entité porteuse du besoin ou l'utilisateur final lorsque celui-ci devient concepteur du projet. Elle peut également être déléguée (on parle alors de maîtrise d'ouvrage déléguée), notamment lorsque le maître d'ouvrage ne possède pas l'expérience nécessaire au pilotage du projet. Dans ce cas de figure, la maîtrise d'ouvrage déléguée ne se substituera pas à la maîtrise d'ouvrage initiale mais lui apportera une expertise complémentaire dans la gestion de l'ensemble du projet. La maîtrise d'ouvrage définit les besoins à couvrir en termes de métiers, de sécurité, de fiabilité et de disponibilité. Le cahier des charges est réalisé par un chef de projet représentant les utilisateurs. Dans ce document, la maîtrise d'ouvrage fixe les objectifs à atteindre, réalistes et possibles, et précise le calendrier du projet, en fonction des contraintes métiers, techniques, financières et humaines. Cette phase nécessite un dialogue fourni entre les deux parties prenantes, maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'oeuvre. Superviseur de la conduite du projet dans son ensemble ce qui implique notamment les changements de périmètre et les arbitrages, elle assure le démarrage opérationnel dudit projet, après avoir établi le planning et les charges inhérentes à son bon fonctionnement. Cette estimation des charges doit tenir compte de l'expression des besoins au préalable ainsi que de l'identification des ressources disponibles et des besoins complémentaires notamment dans des formations connexes parfois essentielles à la réussite du projet. Bien qu'en aval du sujet, la partie process ne doit pas pour autant être négligée car de sa bonne réalisation dépend la réussite du déploiement du projet auprès des utilisateurs finaux, véritables prescripteurs de la prestation. De fait, la maîtrise d'ouvrage organise les phases de recette et prépare dès l'élaboration du projet, les phases de formation essentielles à ces utilisateurs. La maîtrise d'oeuvre : une exécution réfléchie du projet Véritable entité garante de la bonne réalisation technique de la solution commandée par la maîtrise d'ouvrage dans les conditions fixées au préalable par le cahier des charges c'est-à-dire dans le respect des coûts, des délais impartis et de la qualité attendue, la maîtrise d'oeuvre a le choix des moyens utilisés, des ressources sollicitées et surtout, de la solution envisagée. Elle répond aux besoins énoncés par la maîtrise d'ouvrage et lui apporte la solution la mieux adaptée pour résoudre ce besoin. Elle peut parfois, dans le cadre de sujets complexes et dont elle ne maîtrise pas nécessairement tous les aspects techniques, faire appel à des savoirs externes, à la sous-traitance de ressources ou d'intégration de systèmes, dont elle assure la coordination. Représentée par le chef de projet informatique qui apporte sa technicité et son savoir faire spécifique, la maîtrise d'oeuvre a pour mission de fournir un produit fini dont le mode et la qualité de fonctionnement correspondent aux besoins exprimés en amont par la maîtrise d'ouvrage. En dialogue abouti avec son partenaire projet, la maîtrise d'oeuvre élabore les chiffrages et les plannings des étapes de mise en oeuvre de l'activité. Conceptrice de l'application informatique qui sous-tend l'infrastructure finale, elle la réalise tout en assurant, si nécessaire, l'intégration de solutions existantes. Une fois l'application terminée, la maîtrise d'oeuvre en prépare l'exploitation afin de réaliser la mise en production et la mise à disposition de l'application auprès des utilisateurs prescripteurs. Tout comme dans le cas de la maîtrise d'ouvrage, la partie maintenance, en aval du projet, ne doit pas être négligée. La maîtrise d'oeuvre a pour fonction majeure de gérer les évolutions possibles du système produit et d'en assurer le bon fonctionnement tout au long de sa durée de vie et de son utilisation. Des relations de bonne qualité mais des obstacles à surmonter Au quotidien, la gestion d'un projet que ce soit en environnement SI ou de manière plus large, peut être difficile du fait de nombreux facteurs qui ont parfois tendance à effacer les frontières tangibles délimitant les périmètres pourtant bien définis séparant la maîtrise d'ouvrage et la maîtrise d'oeuvre. Tout pilote de projet a, au sein de son expérience professionnelle personnelle, pu vivre certains de ces moments qui ralentissent le projet, voire peuvent aboutir à l'échec tant redouté. Ces conflits plus ou moins importants apparaissent souvent dans le cadre de phases difficiles où les problèmes techniques rencontrés par la maîtrise d'oeuvre freinent l'avancée du projet et contraignent la maîtrise d'ouvrage à en revoir, plus ou moins, le périmètre de développement, les délais et les budgets impartis. Du point de vue de la maîtrise d'ouvrage, les griefs rencontrés portent essentiellement sur la méconnaissance ou la mauvaise interprétation par la maîtrise d'oeuvre du vocabulaire que la maîtrise d'ouvrage utilise, sur le non respect des délais estimés et sur la mauvaise qualité du fonctionnement des applications une fois mises en service et livrées aux utilisateurs. Du point de vue de la maîtrise d'oeuvre, les divergences portent sur une méconnaissance technique de leur activité par la maîtrise d'ouvrage d'où résulte un cahier des charges parfois incomplet, des périmètres projet mal évalués et donc trop souvent changeants, des estimations plannings et définitions de priorités parfois erronées d'où un travail collaboratif réalisé dans l'urgence permanente. Du fait des fluctuations aléatoires des frontières entre l'un ou l'autre de ces métiers, la maîtrise d'oeuvre se voit parfois spolier la proposition de la solution définitive par une maitrise d'ouvrage qui a tendance à confondre définition des besoins et préconisation de solutions finales. A terme, les deux parties éprouvent le sentiment, peut-être justifié lorsque l'on se place en observateur neutre, que leurs méthodes de travail ne sont pas compatibles et ne peuvent pas être pensées en binôme. Risque opérationnel majeur dans la réussite du projet, cette difficulté doit être prise en compte et résolue si l'on souhaite aboutir dans la mission fixée et surtout capitaliser sur la valeur ajoutée qu'elle génère en interne comme en externe. Nous verrons dans notre prochain article quelles solutions peuvent être mises en oeuvre pour y remédier.
Article rédigé par
Frédéric Doche, Président Fondateur, Décision Performance Conseil
Diplômé de l'Ecole Centrale Paris, Frédéric Doche dirige le cabinet Décision Performance Conseil, spécialisé dans la définition et la maîtrise des projets d'amélioration de la performance de votre activité et d'évolution de vos systèmes d'information. (DPC - http://www.conseil-dpc.com).
Membre de la DFCG (Association Nationale des Directeurs Financiers et Contrôleurs de Gestion), il anime la commission technique nationale Contrôle de Gestion.
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