Stratégie

Louis Goffaux (DSI de Labeyrie) : « notre orientation Cloud nous permet de nous focaliser sur nos utilisateurs »

Louis Goffaux (DSI de Labeyrie) : « notre orientation Cloud nous permet de nous focaliser sur nos utilisateurs »
Louis Goffaux est DSI de Labeyrie Fine Foods depuis plus de quatorze ans.

Le DSI de Labeyrie Fine Foods, Louis Goffaux, revient ici sur les transformations opérées ces dernières années, notamment en faveur du cloud. Celle-ci a permis à l'entreprise de rapidement s'adapter aux conséquences de la crise sanitaire, notamment en permettant aisément le télétravail pour les personnels éligibles.

PublicitéCIO : Pour commencer, pouvez-vous nous présenter le groupe Labeyrie Fine Foods ?

Louis Goffaux : L'histoire de notre groupe commence en 1946 avec la création par Robert Labeyrie de la société Labeyrie spécialisée dans la fabrication de saumon fumé et de foie gras. Depuis le groupe n'a cessé de se développer pour peser aujourd'hui un peu plus de 1 milliard d'euros, avec 4600 collaborateurs sur 6 pays et 20 sites. Au fil des années, le groupe Labeyrie Fine Foods a procédé à quelques acquisitions comme Adrimex (Delpierre) en 2007 ou les Pêcheries Marinard en 2015. 70 % de chiffre d'affaires sont aujourd'hui liés aux produits de la mer, 18 % à l'apéritif et 12 % aux produits du terroir.
Nos activités restent orientées alimentation festive basée sur trois piliers : le canard, les poissons et produits de la mer et, enfin, les apéritifs. Nous avons, bien sûr, une très forte saisonnalité pour les fêtes de fin d'année.

CIO : Quelle était votre architecture IT avant les récentes transformations ?

Louis Goffaux : A l'origine, nous avions des systèmes très différents dans chaque société. Ce n'est qu'à partir de 2005 que nous avons engagé un projet de déploiement d'un ERP commun mais avec 2 plateformes : SAP / Microsoft au Royaume-Uni et JD.Edwards / Oracle / AIX pour la France et les autres pays. Au Royaume-Uni, nous avons une politique « full SAP » qui correspond parfaitement à leur marché 100% marque distributeur alors que, en France, autour de JD.Edwards, nous utilisons une vingtaine d'applications métiers dédiées, pour répondre à un marché ultra concurrentiel.

CIO : Qu'avez-vous mené comme transformation récemment et pourquoi ?

Louis Goffaux : Depuis 2012 en France nous avons engagé une politique Cloud en commençant par choisir des applications SaaS à chaque changement de solution, par exemple la paye, la gestion des temps, les notes de frais, etc... Dans un deuxième temps, nous avons engagé une migration dans le Cloud Azure des applications non-éligibles au SaaS. Désormais, nous finalisons le projet de migration de JD.Edwards dans un Cloud IBM. Parallèlement au Royaume Uni nous avons basculé sur SAP S4/Hana dans le Cloud Azure.
En termes d'outils collaboratifs nous avons fait un choix Office 365 qui nous permet de capitaliser sur la grande expérience de l'équipe anglaise.
Concernant la téléphonie et le réseau, nous avons également migré dans le Cloud, ce qui nous permet de n'avoir qu'un seul annuaire groupe et d'avoir une vision globale de tous nos sites.
Au-delà d'être le garant du maintien opérationnel des systèmes, nous sommes convaincus que la valeur ajoutée d'une DSI réside dans sa capacité à apporter des solutions aux métiers. Notre orientation Cloud nous permet de nous appuyer sur de solides compétences techniques externes et de nous focaliser sur nos utilisateurs.

PublicitéCIO : Parmi les projets innovants que vous avez menés, vous avez expérimenté une traçabilité par blockchain. Pour quelle raison ?

Louis Goffaux : Dans notre métier, garantir la traçabilité de nos produits est absolument essentiel et fait partie de notre ADN. Lorsque nous avons démarré ce projet, notre objectif était de pouvoir renseigner nos consommateurs sur l'origine des matières premières et leur qualité en toute transparence. Nous aurions pu atteindre cet objectif à partir des informations que nous avions déjà dans notre système d'information, mais nous voulions que l'information transmise soit absolument indiscutable, certifiée.
Après réflexion il nous a semblé évident de choisir une solution de Blockchain, pariant que les consommateurs seront de plus en plus exigeants vis-à-vis de leurs fournisseurs. Nous avons commencé avec deux références de saumon et sommes en discussion avec nos fournisseurs de poissons pour étendre sur toute la filière. Nous avons également des réflexions sur d'autres filières, comme le canard par exemple.

CIO : Comme toutes les entreprises, vous avez eu votre fonctionnement perturbé par la crise sanitaire Covid-19. Comment avez-vous réagi ?

Louis Goffaux : En tant qu'entreprise agroalimentaire, nous avons dû maintenir notre activité. Lors du premier confinement, qui a surpris tout le monde y compris nos clients et nos fournisseurs, il a fallu réagir très vite pour continuer à produire avec du personnel en moins (à cause des nécessités de gardes d'enfants, etc...) et des difficultés sur les approvisionnements.
Parallèlement nous avons mis en télétravail tout le personnel éligible, environ 1000 personnes sur 2500 utilisateurs. Nous avons réussi cette opération en un week-end grâce à nos choix précédents : une architecture Cloud y compris pour la téléphonie avec l'utilisation de softphone, un tout nouveau VPN que nous venions de mettre en place fin février, une proportion importante de PC portables dans notre parc, des outils collaboratifs en place depuis deux ans comme Teams et, enfin, une politique mobilité assez large avec 500 personnes dotées de smartphones entreprise et habituées à travailler à distance.
Bien sûr, durant les deux premières semaines du confinement, toute l'équipe de la DSI s'est focalisée sur les tâches de support afin de rendre autonomes le plus rapidement possible tous nos utilisateurs. Globalement, nos utilisateurs ont plus travaillé sur les outils collaboratifs en quelques semaines de confinement qu'au cours des deux années précédentes !
Tout le monde est convaincu de l'efficacité de nos solutions et du télétravail. Depuis, le télétravail est resté la norme pour les personnels administratifs et de nouveaux accords collectifs sont en cours de discussion.

CIO : Quels sont vos prochains défis et les perspectives concernant votre IT ?

Louis Goffaux : Les prochains mois, voire années, seront probablement très chargés pour la DSI avec de nombreux chantiers en cours et à venir.
Malgré le caractère un peu anxiogène de la période, nous voyons en interne de nombreuses initiatives autour du bien-être au travail et, plus généralement, de l'humain. Cela se traduit aussi par de nouveaux outils SIRH qui facilitent l'intégration, la communication, la formation, etc.
La crise sanitaire liée au Covid-19 a boosté l'e-commerce, y compris dans les produits alimentaires. Cela reste compliqué avec des produits frais et ultra frais comme les nôtres mais nous allons mettre toute notre expérience au service du développement de projets multicanaux.
Pour supporter et développer notre croissance, sous l'impulsion de nos deux nouveaux co-CEO (Jacques Trottier et Steve Lawson), le groupe s'est réorganisé il y a quelques mois. Il nous faut maintenant aligner le back-office et les systèmes d'information pour être encore plus efficients.
Parallèlement, nous avons engagé un projet de modernisation de notre système d'information industriel qui devrait nous occuper encore deux ou trois ans, et nous avons aussi plusieurs chantiers Supply Chain en perspective.

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