Tribunes

Les systèmes d'informations deviennent davantage critiques

Publicité CIO. Comment se positionne le DSI et quelle est sa légitimité dans l'organisation ? Cela a t-il évolué pendant ces cinq années ? Philippe Giry : La DSI rapporte à la Présidence du Groupe Darty. Son périmètre a évolué l'an dernier pour intégrer la fonction Organisation. Concrètement, nous avons positionné au sein de la DOSI une Direction en charge de décliner la stratégie de l'entreprise et de la traduire en termes de priorités de développement, de Business Cases et, in fine, en feuille de route projets. Ce travail s'effectue en collaboration avec les Directions Métier, et est validé en Comité de Direction. Le rôle de cette entité consiste également à suivre les projets, et assurer la transversalité et la cohérence d'ensemble. Nous avons par ailleurs des Organisateurs immergés dans les Directions Métier, ce qui garantit une bonne intimité avec les utilisateurs. Grâce à ce mode de fonctionnement, les problématiques métiers et SI sont intégrées le plus possible en amont, ce qui améliore l'efficacité des équipes projet, le DOSI ayant dans ce cadre un rôle moteur dans la mise en place et l'animation du dispositif de gouvernance projets et SI. CIO. Quels sont les changements les plus notables que vous avez observé depuis cinq ans ? P.G. Les systèmes d'information sont devenus extrêmement critiques, ce qui signifie qu'au quotidien les systèmes doivent être disponibles et performants, et ce sur des amplitudes horaires de plus en plus larges, proches du 24 / 7 dans de nombreux cas. Pour atteindre cet objectif, nous devons avoir une partie des équipes totalement focalisée sur les enjeux de qualité de service. Par ailleurs, l'autre changement notable concerne « l'accélération du temps ». Les Directions Métier ont besoin que nous délivrions les projets SI dans des délais de plus en plus courts. Qu'il s'agisse de projets visant à améliorer l'efficacité de nos processus Métier ou de projets de développement de nouvelles offres de services, les enjeux de délai sont toujours au coeur des discussions. Enfin, le dernier fait marquant concerne l'augmentation très significative du niveau de complexité des architectures à mettre en place et à exploiter, ce qui au bout du compte représente un défi permanent. CIO. Quels sont les impacts sur l'organisation des systèmes d'information ? P.G. Chaque fois que l'on est amené à changer de système ou de brique technologique, il est nécessaire de choisir des solutions à la fois flexibles et robustes, ce qui n'est pas toujours très simple, voire compatible. Nous devons donc souvent trouver des compromis. Au-delà de la technologie, la qualité de la conception des solutions joue également un rôle important. Il faut être capable de conceptualiser correctement les systèmes que l'on construit ; leur durée de vie en dépend. Par ailleurs, il est aujourd'hui essentiel d'avoir en parallèle, et de façon quasi-permanente, une démarche d'urbanisation qui permet de définir un cadre de référence et des principes d'architecture, à prendre en compte dans les différents projets. CIO. Quels sont selon vous les principaux challenges technologiques auxquels les DSI vont se trouver confrontés au cours des prochaines années ? P.G.Les infrastructures et les systèmes que nous construisons doivent être plus ouverts et plus communicants, capables également d'inter-opérer facilement avec des systèmes tiers (partenaires, fournisseurs, ...). Cela pose des problèmes nouveaux notamment en matière de sécurité, et augmente très sensiblement le niveau de complexité des infrastructures à mettre en place. CIO. Cela change-t-il le profil des DSI ? P.G. Le DSI doit être capable de discuter avec les Directions Métier et être proche d'elles. Ce n'est pas nouveau, mais de plus en plus essentiel. Il doit posséder aussi une bonne culture technologique et avoir eu une expérience de management de projets augmente sa crédibilité. Enfin, il doit être capable d'animer et d'entraîner ses équipes, et de communiquer efficacement avec ses différents interlocuteurs. CIO. Quels sont les facteurs de succès du DSI ? P.G. Le premier facteur est d'asseoir sa légitimité en apportant de la valeur ajoutée aux métiers, et pas uniquement d'un point de vue statutaire. Ensuite, le DSI doit définir le modèle d'organisation qu'il souhaite mettre en place, et préciser notamment les activités qu'il envisage de sous-traiter et celles qu'il veut garder en interne. Autre point important : s'entourer des bonnes compétences. Enfin, il doit réussir à mettre en place une organisation qui soit à la fois industrielle dans la délivrance du service au quotidien, et souple et réactive pour ce qui est de la réponse aux nouveaux besoins et la délivrance des projets. CIO. Comment se compose votre journée de travail ? P.G. 50% du temps consacré aux réunions avec les Métiers et aux activités liées au pilotage de projets 30% du temps consacré à mon équipe 20% du temps consacré à la gestion des prestataires