Les Samu migrent sur un système mutualisé sur le cloud
Projet au long cours, le SI-Samu passe un premier cap, avec la migration de 10 services départementaux sur les nouveaux systèmes, hébergés sur le cloud de CloudTemple. A la tête du programme, l'Agence du Numérique en Santé espère maintenant faire basculer d'autres services départementaux vers le SI national.
PublicitéAmorcée il y a environ 10 ans, et fortement remodelée en 2022, la refonte des systèmes d'information des Samu se concrétise enfin. Dans la nuit du 22 au 23 avril dernier, 10 services départementaux d'aide médicale d'urgence, qui collectent et gèrent les appels sur le 15, ont basculé sur un nouveau système mutualisé, piloté par l'Agence du Numérique en Santé, un groupement d'intérêt public comptant environ 220 personnes. Développé par Thales directement pour le cloud, ce système est hébergé par la société française CloudTemple.
« En 2016, le programme SI-Samu a été mis sur les rails pour améliorer la résilience du service, via des mécanismes d'entraide entre Samu départementaux et une amélioration de la qualité de service sur tout le territoire, explique Laurent Joubert, le directeur des opérations de l'Agence du Numérique en Santé (ANS). Il s'inscrivait dans la logique de nationalisation des services qui présidait aux grands projets de l'Etat. » Une logique qui a été adaptée après la réorientation du programme, début 2022. L'ambition initiale, visant à remplacer toutes les solutions existantes, est alors abandonnée, le SI-Samu se concentrant sur un portail (outils collaboratifs, gestion de crise, interface avec les outils des Samu), une solution de communication (appelée 'bandeau de communication' et construite sur une technologie Genesys) et un hub d'échange de données. « Nous nous sommes inscrits dans la stratégie d'Etat plateforme, en travaillant sur l'intégration avec les éditeurs qui équipent les Samu », résume Laurent Joubert. Les marchés existants sont arrêtés et de nouvelles consultations sont lancées.
Migration : « comme le lancement d'une fusée »
« Nous sommes passés d'un marché monolithique, justifié par la criticité de la mission, à une logique axée sur des produits applicatifs et sur le cloud, pour délivrer des services », reprend le responsable. Un virage autorisé, selon lui, par le niveau d'industrialisation atteint par le cloud. Pour sélectionner son prestataire en la matière, l'ANS s'est d'abord référée à la doctrine gouvernementale Cloud au centre, poussant l'Agence à répertorier les seuls acteurs certifiés SecNumCloud.
Ce qui se résume alors à trois options : Worldline, l'hébergeur de l'ancien SI-Samu mais qui ne proposait pas un réel fonctionnement en mode cloud, OVH, pour lequel des problèmes techniques sont rapidement mis en évidence compte tenu des exigences fonctionnelles de l'ANS, et CloudTemple. « Mais nous ne connaissions pas ce dernier, dit Laurent Joubert. Nous avons donc demandé une dérogation pour ouvrir la consultation à l'ensemble du marché, et non aux seuls acteurs certifiés SecNumCloud. » Ironiquement, parmi les 5 entreprises présélectionnées, c'est CloudTemple qui se dégage. Notamment en raison de sa capacité à s'adapter aux besoins de résilience du SI-Samu, se traduisant notamment par une typologie réseau spécifique, ou encore à héberger des services à haute disponibilité de type Oracle Real Applications Clusters (RAC).
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Laurent Joubert, directeur des opérations de l'Agence du Numérique en Santé (ANS), lors du salon SantExpo, le 21 mai.
Préparée minutieusement en amont - via des bascules à blanc, des tests de performances, etc. -, la migration en mode Big Bang sur les environnements cloud se déroule en une nuit, et se traduit par la bascule de 10 Samu départementaux. Ceux-ci ont travaillé en mode dégradé durant la fenêtre de migration (des niveaux de résilience locaux étant prévus dans l'architecture du SI-Samu). « Nous avons vécu cette opération comme le lancement d'une fusée, relate le directeur des opérations de l'ANS. Avec des fenêtres de tir - nous avons basculé sur la seconde, en raison de la météo défavorable sur la première - et des passages de portes. Sur cette migration, nous n'avions pas le droit à l'erreur, les appels d'urgence ne peuvent pas ne pas aboutir. »
Un programme de 220 M€ environ
Cette opération menée à bien, l'Agence lorgne maintenant vers l'intégration de nouveaux Samu départementaux au système d'information national - avec une cible de 15 à 20 Samu supplémentaires migrés par an - et travaille à renforcer l'ouverture de ce système, pour faciliter les interconnexions avec les éditeurs tiers. « Nous avons déjà ouvert des API et un GitHub dédié ou encore mis en oeuvre des logiques de partage de code. Mais nous voulons accélérer sur ce volet-là », indique Laurent Joubert.
Le coût du programme SI-Samu, comprenant la construction de la solution et deux années de fonctionnement, est évalué à 218,3 M€ par la Dinum, la DSI de l'Etat. Au total, le programme doit courir sur 15 ans, selon la fiche de présentation du projet sur le site de l'ANS. En septembre dernier, l'Agence a relancé une consultation pour des prestations de construction, d'hébergement, d'exploitation des infrastructures téléphoniques et réseau, de déploiement technique de la solution SI-Samu et de services téléphoniques et données associés. D'une durée de 4 ans, ce nouveau marché est estimé à 80 M€.
En complément :
- Grands projets de l'Etat : les dépassements de budgets s'allègent, mais la facture globale s'alourdit
Article rédigé par
Reynald Fléchaux, Rédacteur en chef CIO
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