Les jeunes informaticiens veulent être entrepreneurs, pas DSI !

Les étudiants en informatique rêvaient d'être DSI, aujourd'hui ils préfèrent être entrepreneurs. Aucun d'entre eux ne veut entendre parler d'un poste dans l'IT.
PublicitéTom Davenport est, selon l'expression consacrée, un éminent professeur d'informatique et de gestion au Babson College. Il se souvient de ses cours en 1996 à l'Université d'Austin au Texas. A l'époque, tout étudiant en informatique rêvait de devenir DSI, avec une bonne rémunération et la capacité de gérer des équipes installant des systèmes client-serveur, assurant la mise en oeuvre des systèmes ERP et le câblage des centres de données. Le directeur informatique dépendait souvent du directeur financier, mais son travail était vu avec un certain respect. Les entreprises dotées de grands DSI étaient progressistes et avant-gardistes.
Les étudiants et jeunes diplômés en informatique d'aujourd'hui, les « millennials », veulent d'abord un mode de vie sain sans prendre les lourdes responsabilités de DSI, estime Tom Davenport. Ses étudiants souhaitent avant tout lancer leur propre entreprise et cherchent à gagner de l'argent en construisant la prochaine licorne. « Aujourd'hui, aucun de mes élèves ne veut devenir DSI ou même travailler dans l'informatique. Ils sont motivés pour être entrepreneurs et innovateurs numériques ».
Des responsables tiraillés
D'autres arguments rendent la fonction de DSI peu attractive. Ces responsables sont tiraillés entre le piratage, les solutions matérielles et logicielles dont ils ont hérité, la gestion des fournisseurs de cloud sur lesquels ils ont souvent peu de contrôle. Certains d'entre eux doivent également bannir les services de cloud non autorisés ou des terminaux mobiles pour protéger les données de l'entreprise. Selon Tom Davenport un autre problème émousse la ténacité des DSI, c'est leur contournement par des chief digital officer, chief data officer ou chief analytics officer. «Avec la création de tous ces postes, le DSI a juste l'impression de garder les lumières allumées et de faire fonctionner des systèmes et des applications en place, mais n'a pas entre les mains de truc vraiment excitant ».
Pas d'inconditionnels des technologies
Une autre explication vient de Stephanie von Friedeburg, DSI de la Banque Mondiale, pour qui le rôle du DSI porte beaucoup plus sur la stratégie d'entreprise que sur la technologie. Les DSI doivent communiquer avec leur ComEx et accepter davantage de responsabilités en matière de gouvernance. Ces fonctions ne peuvent pas faire appel à des inconditionnels des technologues mais à des gens dont l'esprit est tourné vers la direction d'entreprise. « Je pense en fait que le rôle du DSI est un rôle plus intéressant pour les gens qui savent parler business, finances et du lien stratégique entre ce que l'organisation essaie de faire et comment la technologie va les y amener », dit-elle.
John Shaffer, DSI du cabinet de conseil financier Greenhill Partners, affirme que les profils techniques pourraient être en mesure de créer un réseau défini par le logiciel ou un CRM, mais peuvent-ils le faire fonctionner efficacement dans l'intérêt de l'entreprise ? Pour lui, les DSI d'aujourd'hui, ne sont peut-être pas aussi techniques que ceux du passé, mais ont une compréhension profonde de ce que représentent les besoins de l'entreprise. « Il y a des tonnes de bonnes technologies, mais vous avez besoin pour les utiliser à bon escient de gens qui cherchent à résoudre les problèmes de l'entreprise » note John Shaffer.
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Article de Clint Boulton / IDG News Services (adapté et traduit par Didier Barathon)
Article rédigé par

IDG News Service,
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