Stratégie

Les groupes français peinent à considérer la collaboration avec les startups de façon stratégique

Les groupes français peinent à considérer la collaboration avec les startups de façon stratégique
Disposer d’une structure dédiée à l’open innovation en interne favorise la réussite de ces démarches, selon le rapport de Sopra Steria.

Par rapport à leurs homologues européens, les grands groupes français sont les moins nombreux à considérer l'open innovation avec les startups comme un axe important de leur stratégie. C'est l'un des enseignements du rapport Open Innovation 2023, publié par Sopra Steria.

PublicitéAfin de dresser un état des lieux de la collaboration entre les grands acteurs publics et privés et les startups, Sopra Steria a confié à l'institut Ipsos la réalisation d'une enquête auprès de 1 648 entreprises dans dix pays européens. À l'échelle européenne, l'étude témoigne du fait que la collaboration avec les startups est bien ancrée dans les pratiques en 2023, avec 72% des grands groupes interrogés qui ont lancé de telles initiatives. En France, les résultats laissent néanmoins apparaître une situation assez paradoxale : l'open innovation est assez populaire parmi les grands groupes, puis 75% d'entre eux recourent à de telles démarches, contre 57% seulement en Allemagne (mais 80% en Italie et au Benelux). Cependant, 53% seulement des dirigeants français interrogés considèrent l'open innovation avec les startups comme un levier important de leur stratégie, alors que la moyenne européenne atteint 67%. Toutefois, les groupes français figurent parmi les répondants les plus satisfaits des résultats obtenus lors de telles initiatives (avec un taux de 67% de satisfaits), en deuxième place derrière l'Italie.

De manière générale, le niveau de satisfaction des grands groupes européens envers les démarches d'open innovation augmente. De 50% de satisfaits en 2021, le taux est passé à 58% en 2023. Fait intéressant, la moitié des collaborations sont relativement récentes, car elles ont démarré durant la pandémie de Covid19 ou après. Pour 84% des grands groupes interrogés, l'enjeu premier de l'open innovation consiste à exploiter un savoir extérieur. Près de six collaborations sur dix se sont mises en place à l'occasion d'un projet, afin d'explorer des problématiques précises à travers des PoC (Proof of Concept), prototypes ou MVP (minimum viable product). Et 78% des grands groupes sont satisfaits des résultats obtenus dans ce cadre, de même que 81% des startups interrogées. Plus en détail, les principaux objectifs poursuivis via de telles démarches sont la découverte de nouvelles opportunités d'affaires (46%) et la création de nouvelles solutions (45%), suivies par l'amélioration des pratiques métiers internes (38%). Du côté des startups, le premier intérêt de ces partenariats réside dans l'accès au marché (pour 50%), suivi par l'accès à des capitaux (44%) et à des ressources humaines (33%).

Des défis lors du choix des startups partenaires

Les principales difficultés pour mettre en place de telles collaborations portent en premier lieu sur l'évaluation de la solution et des capacités proposées par les jeunes pousses (pour 44% des sondés) et l'identification de la bonne startup (40%). Les défis surgissent également lorsqu'il faut expérimenter avec une startup (38%). Enfin, le passage à l'échelle, souvent cité comme un tournant difficile à négocier il y a quelques années, n'est pointé que par 17% des répondants. L'étude révèle aussi différents freins rencontrés par les grands groupes au cours des démarches d'open innovation, au premier rang desquels figurent les contraintes légales et réglementaires (sécurité, conformité et protection des données personnelles), citées par 14% des répondants. La faible tolérance au risque arrive au même niveau (14%), suivie de près par l'absence de focus stratégique de la part du top management (12%) et les différences culturelles (12%).

PublicitéÀ l'inverse, le fait de disposer d'une structure dédiée à l'open innovation semble contribuer au succès de telles initiatives : parmi les 69% des répondants qui ont mis en place une organisation de ce type, 89% d'entre eux ont atteint leurs objectifs. La France affiche toutefois du retard sur ce sujet, puisque 40% de ses grands groupes n'ont pas mis en place de telles structures. Un autre levier de réussite consiste à faire appel à des sociétés tierces pour servir d'intermédiaires : 55% des grands groupes européens procèdent ainsi, et ces derniers constatent également un meilleur taux de succès (67% atteignent leurs objectifs) que les autres (51%). Signe que les bénéfices de l'open innovation sont aujourd'hui bien identifiés, 66% des répondants prévoient de travailler avec des startups au cours des 18 mois qui viennent. Et trois domaines sortent du lot pour ces futures collaborations : le développement durable (36%), la cybersécurité (30%) et l'intelligence artificielle (28%).

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