Technologies

Les entreprises se mettent en danger à force de négliger leur « Legacy »

Si les systèmes informatiques « patrimoniaux » (le « Legacy ») sont jugés importants, les compétences associées à leur entretien et évolution sont elles totalement négligées alors que le renouvellement des effectifs supprime celles-ci dans l'effectif des entreprises.

PublicitéMicro Focus vient de publier le deuxième volet de son enquête sur la valorisation des actifs informatiques (voir fiche technique dans l'encadré ci-dessous). Après, l'an passé, la conscience de la valeur des actifs, la deuxième partie concerne la prise en compte des ressources humaines nécessaires au bon fonctionnement de ces actifs. Si les systèmes dits « Legacy » ou « patrimoniaux » (essentiellement les grands programmes sur mainframe) sont clairement identifiés comme essentiels au bon fonctionnement de l'entreprise par tous les dirigeants et pas seulement le DSI, leur valorisation pose problème comme l'étude de Micro Focus l'a montré l'an dernier. L'enquête de cette année montre que, en plus, le maintien des compétences nécessaires à leur entretien est aujourd'hui problématique. Ainsi, 13% des DAF seulement considèrent que leurs entreprises disposent des compétences pour maintenir les actifs logiciels. « L'essentiel des investissements et des recrutements sont portés sur les technologies de type web au détriment des SI patrimoniaux » déplore Patrick Rataud, directeur des opérations de Micro Focus. Alors même que 60% des répondants de l'enquête considèrent que le legacy est prioritaire contre seulement 38% en faveur des « nouvelles technologies », avec des différences notables entre pays (les Allemands sont les plus conservateurs, les Américains les plus « 2.0 », les Français étant dans la moyenne). Mais cette différence d'investissement n'est-il pas simplement dû à celle entre une nouveauté à construire et un système qu'il suffit d'entretenir ? Patrick Rataud en plaisante : « à force d'être moderne, le web finit à la longue par être legacy... Sur le patrimonial, il y a certes beaucoup de maintenance mais il faut aussi que ces systèmes s'adaptent à l'évolution des entreprises. Alors, bien sûr, cela passe par des technologies modernes comme la SOA, les développements .Net/J2EE, mais pas seulement. Les entreprises ont, en fait, autant besoin de compétences anciennes que de nouvelles. » Au-delà du problème strictement technique, les informaticiens doivent avoir la capacité de comprendre les enjeux métier, ne serait-ce que pour choisir le bon mode d'évolution du legacy. Or, dans l'étude menée par Micro Focus, si les DRH et les DAF perçoivent bien ce nécessaire équilibre entre compétences techniques et métier, les DSI restent persuadés que seule la compétence technique compte pour mener cette évolution des systèmes patrimoniaux. En Grande-Bretagne, pas un seul des répondants DSI ne fait confiance aux jeunes générations pour mener l'alignement stratégique du SI sur les besoins métier... Au-delà des évolutions du legacy, il convient simplement déjà de l'entretenir, donc d'avoir des compétences sur les technologies employées. Or, si les équipes en place sont compétentes, celles-ci ont tendance à partir progressivement en retraite... Et les nouveaux entrants sont généralement peu ou pas formés sur les technologies du legacy. Patrick Rataud dénonce un effet de cercle vicieux : « les entreprises refusent de publier des annonces visant à recruter des profils compétents sur le legacy pour ne pas paraître has been et attirer les jeunes dont elles ont besoin. De ce fait, il n'y a pas de demande objective. Les écoles refusent logiquement d'inscrire trop ces technologies dans leurs programmes. Le côté has been des technologies de type Cobol se renforce alors... malgré le fait que les entreprises comme les responsables pédagogiques sont persuadés de la nécessité de former les jeunes aux technologies de type Cobol ! » La disparition progressive des informaticiens capables d'intervenir dans le legacy risque de mener les entreprises à la catastrophe. Cette disparition est accélérée par un effet ciseaux : d'un côté, pour réduire les effectifs, les anciens partent plus vite ; de l'autre les recrutements de nouveaux talents se font au seul bénéfice d'autres technologies. La formation étant une solution lente à produire des effets, l'urgence n'en est que plus grande... Au travers de cette étude, Micro Focus ne cherche-t-il pas à lutter contre un renouvellement technologique et l'abandon progressif du Cobol ? « Il est important que les entreprises avouent qu'elles vont conserver leur patrimoine applicatif qu'elles n'ont pas les moyens de remplacer, remplacement qui n'a d'ailleurs pas de sens » plaide Patrick Rataud. Il écarte l'argument de l'intéressement direct : « Micro Focus apporte quelques solutions pour rhabiller le Cobol et permet ainsi de réconcilier anciens et modernes mais, de toutes façons, le legacy est là, avec ou sans nous ! »

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