Les entreprises françaises réticentes culturellement à utiliser les réseaux sociaux
A l'occasion de l'Université du SI, le 25 juin 2012, l'activiste de l'entreprise 2.0, Cécil Dijoux a brossé de sombres perspectives pour l'avenir des réseaux sociaux en entreprise. Il estime les entreprises françaises réfractaires à leur usage pour cause de défiance des employés vis-à-vis de leur employeur.
PublicitéA l'inverse de Dassault Systèmes, la plupart des entreprises françaises sont très réticentes à accepter les réseaux sociaux, tout comme leurs salariés, selon Cécil Dijoux, activiste de l'Entreprise 2.0. Il intervenait lors de l'Université du SI organisée le 25 juin 2012 par Octo Technology. Cecil Dijoux a notamment participé à l'élaboration du livre blanc "L'entreprise 2.0", un ouvrage collectif publié fin 2010.
Il estime que l'entreprise est diabolisée par le collaborateur et qu'il est « difficile de faire accepter l'entreprise 2.0 alors que l'entreprise actuelle est déjà souvent mal vue par la plupart des employés. » Cécil Dijoux note quatre autres explications à la non adoption des réseaux sociaux d'entreprise en France.
La première explication est que les Français ont un rapport passionnel au travail. Il rappelle que « la France est le pays de l'OCDE où l'activité professionnelle joue le rôle le plus important pour ses citoyens » et où « l'importance de son poste et de sa place dans l'entreprise » sont essentiels pour l'employé.
Cécil Dijoux ajoute que la relation avec la hiérarchie est en France (...)
Photo : Cecil Dijoux - Blogger sur Hypertextual (D.R)
Cecil Dijoux ajoute que la relation avec la hiérarchie est en France souvent vue de façon conflictuelle. Dès lors, les réseaux sociaux d'entreprise peuvent être perçus comme « des outils de surveillance de l'activité du collaborateur par ses supérieurs ».
Deuxième explication, la France est encore dans un système de castes « où l'on ne prend que rarement contact avec les échelons inférieurs. » Cela provoque une « difficulté à transmettre l'information entre les différents niveaux hiérarchiques ». Donner la possibilité d'interagir de façon horizontale entre les employés serait donc de son avis encore peu accepté.
Cette vision de l'autre dans un système de castes fait le lien avec le troisième obstacle selon Cécil Dijoux. Ainsi, le Français « serait dans une posture de défiance constante vis-à-vis de l'autre ». Il rappelle que « les Français ont moins confiance dans leurs concitoyens que les Mexicains alors que, au Mexique, il y a pourtant quinze fois plus de morts violentes par an ». Selon lui, cette problématique provoque « une difficulté à mettre en place une culture d'entreprise » car les salariés et l'entreprise « vivent dans une religion de la sécurité ».
PublicitéLe quatrième et dernier obstacle, est le fait que les entreprises et en particulier les cadres supérieurs voient d'un mauvais oeil le fait que l'information puisse être centralisée, donnée et travaillée entre tout ou partie des collaborateurs.
En conclusion, Cécil Dijoux entend cependant faire changer les mentalités et veut inciter les entreprises à changer car il existe un risque à ne rien faire. « Même s'il existe un risque à adopter un réseau social d'entreprise, il existe aussi un risque de faire du surplace, de ne pas adopter cette évolution !» conclut-il.
Article rédigé par
Quentin Renard
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