Les entreprises à la recherche de l'unification de leurs outils sociaux
Le cabinet d'études et de conseils Lecko met en avant, dans sa quatrième étude sur les RSE, le besoin d'urbanisation des outils.
PublicitéLe cabinet d'études et de conseils Lecko (ex-Useo) vient de publier la quatrième édition annuelle de son étude sur les réseaux sociaux d'entreprises (RSE), sous-titrée cette fois « Vers l'urbanisation du SI social ». Le problème des entreprises est en effet aujourd'hui de mettre un peu d'ordre dans de multiples initiatives, souvent lancées de façon anarchique.
Outre que la notion même de RSE est loin d'être consensuelle tant les outils ainsi qualifiés sont divers, il existe, selon Lecko, quatre approches de mise en place. La première est stratégique, initiée et coordonnées par une direction générale volontaire persuadée d'y trouver un gisement d'efficacité pour l'entreprise. La deuxième est une approche par l'outil, initiée par la DSI, parfois pour répondre à une demande vague. L'approche par les métiers est peut-être la plus fréquente : une direction met en place un outil pour ses besoins propres de collaboration, indépendamment des choix (ou non-choix) des autres directions.
Enfin, l'approche quasi-clandestine initiée par les utilisateurs est aussi celle la plus problématique pour les entreprises : des utilisateurs décident ensemble d'échanger au travers d'un outils qu'ils prennent l'initiative d'utiliser pour leur efficacité propre sans en référer à leur hiérarchie. Dans les deux derniers cas, les outils SaaS sont le plus souvent utilisés. Selon Arnaud Rayrole, DG de Lecko, « il faut que les différentes approches arrivent à se rapprocher pour construire l'entreprise 2.0 ».
Des outils multiples à urbaniser
Lorsqu'une direction ou un groupe d'utilisateurs créé ainsi son propre outil, il apparaît à la fois une souplesse locale et un cloisonnement autour du périmètre d'implantation. On retrouve donc des collaborations au sein de silos. A cela s'ajoute l'usage d'outils plus ou moins grand public (Facebook, Linkedin, Viadeo, Xing...), notamment au travers de cercles ou de groupes privés réservés aux initiés. L'usage de ces outils grand public est poussé par l'usage personnel extra-professionnel des collaborateurs qui évitent ainsi de multiplier leurs outils sociaux en ligne avec la complexité induite.
Les DSI sont ainsi amenés à subir des outils qu'ils ne maîtrisent pas mais qui peuvent poser des problèmes de sécurité. « De tels outils ne sont pas reliés aux référentiels d'identités de l'entreprise et des utilisateurs qui perdent la légitimité à participer à tel cercle peuvent y rester par inertie, faute de procédure pour les en faire sortir » souligne Arnaud Rayrole. Ajoutons qu'il peut exister des usurpations d'identité lorsque celle-ci n'est pas réellement contrôlée.
Réunir les outils variés des différentes directions, les outils grand public, les référentiels d'entreprise voire les applicatifs a priori non-sociaux de l'entreprise (GRH, GRC...) est devenu un véritable défi pour l'entreprise. Lecko appelle donc à « urbaniser » les outils sociaux pour en favoriser la cohabitation.
PublicitéUne étude de 30 RSE selon 15 scénarios d'urbanisation
Une étude de 30 RSE selon 15 scénarios d'urbanisation
Il existe bien quelques standards autour des échanges possibles entre outils sociaux, notamment autour de la fédération d'identité sur plusieurs sites (sociaux ou pas), mais la démarche est encore embryonnaire. Notons ainsi l'existence de WebID, OpenSocial de Google (utilisé par Xing et Linkedin notamment) et OpenGraph de Facebook (identité, liens « amis de »/« fans de »/« regarde »/« se trouve à »/etc.). L'idée de ces outils est de mutualiser les identités pour notamment gérer les « recommandations » (de relations ou d'actions).
Dans la quatrième édition annuelle de son étude sur les réseaux sociaux d'entreprises (RSE), « Vers l'urbanisation du SI social », Lecko a étudié 30 solutions de RSE selon 162 usages, 16 critères d'analyse du potentiel social ainsi que, nouveautés de l'année, 30 critères d'interopérabilité et 15 scénarios d'urbanisation du système d'information social.
Dans la vision de Lecko, il existe trois parties au système d'information social des entreprises : les applications métiers classiques (SIRH, GRC...), les RSE et autres applications sociales (blogs...) et enfin les applications métiers ayant acquis une dimension sociale. Ces trois parties peuvent communiquer sur quatre couches : le terminal, l'identité, l'applicatif et l'analytique. Les outils collaboratifs du système d'information étendu (Google Apps, Zoho, etc.) constituent un couche supplémentaire transverse au trois parties. Les 15 scénarios font jouer diverses communications entre les parties et les couches et sont ceux, réels, envisagés par de grandes entreprises françaises.
5 familles de scénarios
Ces scénarios peuvent être regroupés par familles. Ainsi, la première peut être qualifiée de « portail social ». L'idée est de créer à terme, avec des outils qui n'existent pas encore, un portail regroupant les différents outils internes et externes en les fédérant sous une même porte d'entrée.
Une version « light » de la famille précédente est la gestion de profils riches. « Le CV est mieux renseigné sur Linkedin que dans la gestion prévisionnelle des emplois et compétences, autant en profiter en interconnectant les deux au lieu de combattre ce qui existe » plaide Arnaud Rayrole. En définissant un profil commun ou mutualisé, l'utilisateur peut gérer plus facilement ses différentes applications sociales.
La famille « analytique » est une vision plus pragmatique. Il s'agit d'utiliser des outils par nature transverses et non-intrusifs comme un moteur de recherche ou de suggestion pour obtenir des vues transversales des expertises de chacun sur les différents outils.
Une famille de scénarios appelée « socialisation » s'appuie sur les applications métiers traditionnelles. Il s'agit alors de leur ajouter une dimension sociale et des connecteurs.
Enfin, la socialisation peut être associée à un accès mobile, la tablette et le mobile (aux architectures et environnement très variés). Ces terminaux deviennent alors le coeur du système d'information social.
Une offre qui évolue fortement vers l'intelligence collective
Une offre qui évolue fortement vers l'intelligence collective
Comme les années passées, l'étude de Lecko comporte aussi une analyse de l'offre. Outre la couverture fonctionnelle (publication, partage...) et le potentiel social (Relation/Conversation), l'étude comporte cette année un pan « intégrabilité » (position dans le système d'information et fonctionnalités d'agrégation et de mutualisation).
Le potentiel social permet de positionner les produits dans une matrice à double axe conversation/relation. Une relation et une conversation faibles déterminent un outil simplement communautaire. La relation forte caractérise des applications de networking tandis qu'une conversation forte donne un outil de dialogue. Enfin, si les deux axes sont forts, l'outil est dit d'intelligence collective.
D'une année sur l'autre, les outils ont tendance à se rapprocher de l'intelligence collective. Globalement, les outils open-source (la distribution de Drupal dédiée au social, Acquia Commons, ou bien Elgg) sont globalement plus proches du communautaire.
Un marché en croissance
Autre évolution assez générale du marché : la croissance du chiffre d'affaires. Selon une estimation réalisée par Lecko, les ventes d'abonnements des acteurs du RSE proposant des services SaaS ont vu leurs chiffres d'affaires prodigieusement augmenter. Pour la seule activité de SaaS RSE (en retirant les 20 à 40% du chiffre d'affaires liés au conseil), le marché français a atteint en 2011 9,5 millions d'euros, soit +60% par rapport à 2010. Lecko anticipe un bon similaire en 2012, les +60% se décomposant en 40% liés aux ventes fin 2012, +10% en ventes additionnelles et en +10% issus des nouveaux clients. Lecko pense que l'évolution des autres types de commercialisation (on premice...) suit les mêmes tendances.
Article rédigé par
Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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