Les DSI dépensent trop pour le cloud, mais pensent que cela en vaut la peine

Les projets d'IA et les usages des développeurs font grimper les factures cloud au-delà des budgets prévus dans la plupart des organisations, mais les DSI considèrent toujours le cloud comme une solution incontournable.
PublicitéLes augmentations importantes et imprévues des dépenses liées au cloud, dues en grande partie à une utilisation accrue de ces environnements, n'incitent pas les DSI à repenser leurs stratégies IT au-delà de simples ajustements tactiques dans la manière dont ils tentent de maîtriser les coûts.
Selon une étude réalisée par le fournisseur de plateformes Java Azul, 83 % des DSI déclarent dépenser actuellement plus que prévu pour le cloud, près de la moitié d'entre eux enregistrant des dépassements de 26 % ou davantage. Seuls 2 % des DSI disent dépenser moins pour le cloud que ce qu'ils avaient budgété.
Les observateurs du marché du cloud soulignent que les applications liées à l'IA font grimper les dépenses, mais aussi que les développeurs ne sont souvent pas conscients du coût des services qu'ils consomment. Et bien que de nombreux DSI aient affiné leurs stratégies cloud pour tenir compte de l'augmentation des coûts à mesure que l'IA se déploie, les résultats de l'enquête suggèrent qu'il reste encore beaucoup à faire en la matière.
Le rapatriement des applications vers des environnements on-premise ne semble toutefois pas faire partie des options envisagées. Même confrontés à l'augmentation importante des dépenses du cloud, huit DSI sur dix affirment que leur recours au cloud permet à leur entreprise d'économiser de l'argent. Pour Scott Sellers, PDG d'Azul, le marché du cloud se situe en plein paradoxe de Jevons. Au sein de celui-ci, la baisse graduelle des coûts des ressources tend à en accroître l'usage, aboutissant à une augmentation des dépenses. En outre, même si les DSI dépensent plus pour les services cloud que ce qui est inscrit au budget, ils semblent croire que l'exploitation des applications sur site reviendrait encore plus cher, explique Scott Sellers.
Entre 3 et 5% d'économies par des mesures d'optimisation
Pmfm.ai, fournisseur d'une plateforme de développement d'IA, a vu ses dépenses trimestrielles liées au cloud augmenter d'environ 25 % cette année, détaille Aditya Saxena, le fondateur de l'entreprise. Le principal responsable, représentant environ 90 % du coût ? L'augmentation des usages, car les clients de l'entreprise créent des modèles d'IA plus orientés vers la recherche qui consomment plus de jetons que les modèles traditionnels. De nombreux clients souhaitent également disposer de ressources cloud dédiées, telles que leurs propres instances serveur, souligne le dirigeant.
Pmfm.ai s'est tourné vers les tarifs accordés aux start-ups par les hyperscalers pour contrôler ses coûts de cloud, mais Aditya Saxena ne s'attend pas à un impact majeur. Un fournisseur de cloud a prévu de lui faire économiser entre 3 et 5% en aidant Pmfm.ai à optimiser son infrastructure. « La plupart des services que nous avons mis en place ce trimestre visaient à atténuer les pics de trafic inattendus. Il s'agissait de mesures préventives par nature », explique Aditya Saxena.
PublicitéLes leviers de la maîtrise des coûts du cloud
L'expérience d'Aditya Saxena n'est pas étrangère à celle que connaissent bien des DSI : engagés dans le cloud, ils doivent recourir à diverses stratégies pour contrôler ses coûts lorsque les dépenses excèdent les prévisions. Selon l'enquête d'Azul, les principales stratégies pour y parvenir comprennent l'optimisation des applications, l'utilisation d'outils de gestion des coûts du cloud, la négociation de remises, l'audit des déploiements sur le cloud et l'adoption d'approches FinOps.
Scott Sellers, d'Azul, recommande une approche globale. « Il n'existe pas de méthode unique pour optimiser les dépenses liées au cloud, explique-t-il. Tout est nécessaire, y compris une observabilité et un monitoring de bon niveau, afin de savoir exactement quelle application consomme quelle ressource, et de disposer de niveaux de granularité encore plus fins pour les microservices au sein même de ces applications. » Les entreprises devraient également examiner les types de ressources qu'elles consomment, conseille-t-il. Par exemple, une organisation aura parfois besoin d'un stockage cloud avec une latence très faible pour faire tourner des applications critiques, mais, dans d'autres cas, elle pourra se contenter d'un stockage offrant une latence plus élevée.
Le talon d'Achille ? La formation des développeurs
Les DSI devraient également favoriser l'adoption de pratiques DevOps liées à la réduction des coûts lors de l'utilisation des ressources cloud, ajoute Scott Sellers. Pointant ainsi un écueil souvent négligé : de nombreuses entreprises n'informent pas les développeurs sur le coût des services cloud, laissant ces derniers piocher dans l'abondance de services de développement que les grands fournisseurs de cloud rendent faciles à utiliser.
« J'ai perdu le compte du nombre de services qu'Amazon fournit et que les développeurs peuvent simplement utiliser. Or, certains d'entre eux peuvent être assez chers, mais un développeur ne le sait pas vraiment », souligne Scott Sellers. Les développeurs sont dès lors tentés d'emprunter un raccourci consistant systématiquement à appeler un service qu'Amazon fournit déjà, plutôt que d'écrire leur propre solution.
La déconnexion entre les développeurs et les aspects financiers du cloud est un problème réel qui entraîne une inflation des factures, abonde Nick Durkin, directeur technique de Harness, fournisseur d'une plateforme de développement logiciel pilotée par l'IA. Sans connaître les coûts d'accès à un GPU ou à un CPU sur le cloud, par exemple, un développeur s'apparente à un architecte qui ne connaîtrait pas le coût du bois ou de la brique, illustre Nick Durkin.
« Si vous ne donnez pas à vos ingénieurs les plus intelligents l'accès aux informations sur les services qu'ils peuvent optimiser, comment voulez-vous qu'ils le fassent ? », souligne-t-il. Les entreprises comme les banques qui dépendent fortement des applications mobiles sont particulièrement vulnérables, ajoute Nick Durkin. Il recommande aux DSI de tous secteurs d'activité d'informer leurs développeurs des coûts des services cloud qu'ils utilisent. D'autant que la principale proposition de valeur de ce type d'environnement, les mises à l'échelle, peut avoir des répercussions lourdes sur le budget IT. « Chaque fois que [les développeurs] déploient quelque chose, un coût dans le cloud y sera associé, explique le directeur technique. Si l'artefact que je construis est passé à l'échelle et distribué dans plusieurs régions cloud et sur plusieurs zones pour des questions capacitaires, et si je le surprovisionne une fois, à la fin, le surprovisioning atteint un facteur 100. »
Article rédigé par
Grant Gross, CIO US (adapté par Reynald Fléchaux)
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