Les directeurs juridiques ont-ils besoin d'informatique ?

L'éditeur spécialisé dans les logiciels pour directeurs juridiques, Legalsuite, a réuni ses clients le 10 décembre 2015 à Paris pour fêter ses quinze ans. Les tables rondes ont été l'occasion de poser la question des outils adéquats pour cette population particulière.
PublicitéIl existe très peu d'éditeurs de logiciels destinés aux juristes en entreprises. Parmi ceux-là, il y a Legalsuite qui est présent dans beaucoup des grandes entreprises françaises, en mode SaaS ou local. Mais de quels outils a vraiment besoin un directeur juridique ? Même pour les clients de l'éditeur, réunis à l'occasion de la célébration des quinze ans de celui-ci le 10 décembre 2015 au Pavillon Vénitien à Paris Bercy, la réponse n'est pas si évidente.
S'il y a cependant une certaine évidence, c'est qu'un directeur juridique n'est pas un directeur marketing : le shadow IT est quasiment absent du secteur de l'aveu même de l'éditeur. Soucieux de respecter les règles, un directeur juridique souhaitant mettre en oeuvre un projet d'informatique pour son service s'adressera au DSI. Celui-ci pourra le cas échéant accepter la mise en oeuvre d'un SaaS isolé du SI mais il ne découvrira pas le projet par hasard.
Un périmètre fonctionnel flou
Un projet informatique commence par la définition du périmètre fonctionnel. Or, pour la direction juridique, ce n'est pas simple et la culture d'entreprise joue un grand rôle dans ce qui sera ou non dans le périmètre de la Direction Juridique, quand celle-ci existe en tant que telle. En moyenne, la direction juridique dispose d'un budget de l'ordre de 0,17% du chiffre d'affaires en France contre 0,38% aux Etats-Unis. Le recours à des services extérieurs (avocats surtout) représente 40% de ce chiffre en France contre 60% aux Etats-Unis. « La fonction juridique est une fonction support, comme la DRH, mais son périmètre est moins précis car le droit est partout, l'exemple de la question des données est significatif à ce sujet » a ainsi plaidé Pierre Charreton, secrétaire général d'Areva.
Catherine Maguire-Vielle, VP et Assistant General Counsel chez Carlson Wagonlit Travel, a complété : « la data est passé d'un problème technique informatique à un problème juridique (data privacy, contrats avec les fournisseurs, etc.) ». Seulement un quart des entreprises prendraient en compte le risque juridique dans leur politique de gestion des risques. Pourtant, ce risque est majeur, en particulier autour de la data justement. Et les sanctions peuvent être lourdes.
Des outils souvent basiques
Classiquement, les directeurs juridiques utilisent de la bureautique et des produits connexes. Typiquement, le suivi d'activité se fera souvent au travers d'outils tels que Sharepoint, paramétrés à la sauce locale. Cette fonction serait-elle la seule où un logiciel dédié n'aurait pas sa place ? « Le problème d'un logiciel dédié n'est pas son coût mais l'apprentissage des utilisateurs, ce qui est indispensable pour qu'il apporte les bénéfices attendus comme l'homogénéité des pratiques, le partage d'information et le gain en performances » a jugé Pierre Charreton.
Chez Interpublic Group, une agence de communication, Nathalie Alzac, directeur juridique groupe, a pourtant témoigné de l'intérêt de tels logiciels dédiés : « le logiciel de gestion de contrats a permis d'intégrer les juristes en amont des négociations et d'établir un réel collaboratif avec un gain certain en productivité et en valeur ajoutée. » Alors, cette absence d'intérêt pour des logiciels dédiés est-il à mettre sur le dos des juristes ? « On peut faire plein de choses avec SAP » a souri Stéphane Baller, associé chez Ernst & Young Cabinet d'Avocats, sans que sa pique soit relevée par l'hôte de la soirée. Mais il a aussitôt complété : « Le problème est le manque d'intérêt des juristes qui n'ont aucune formation informatique ou bureautique au cours de leurs études. »
Or les questions juridiques en lien avec l'informatique sont de plus en plus importantes. Outre la question déjà évoquée des datas, il y a aussi les demandes pressantes de certaines administrations. Stéphane Baller a ainsi relevé : « en Inde et au Brésil, par exemple, le fisc souhaite accéder directement au suivi d'activité, si possible avec accès aux contrats amenant la génération du chiffre d'affaires, le tout automatiquement et en ligne. » Un plug-in serait disponible à cette fin dans SAP.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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