Les défis de la Deutsche Bahn touchent aussi son IT
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Une lourde dette, un mur d'investissement. La Deutsche Bahn traverse une des périodes les plus complexes de son histoire, qui a donné naissance à un vaste programme de restructuration, S3. Et cela concerne aussi son IT, comme l'explique son DSI, Bernd Rattey.
Publicité30 milliards d'euros de dettes, environ 100 milliards d'investissements nécessaires pour moderniser l'infrastructure. Ce ne sont là que deux chiffres qui illustrent les défis auxquels la Deutsche Bahn (DB) doit faire face pour préparer l'avenir du trafic ferroviaire en Allemagne. Pour s'attaquer aux multiples problèmes, la DB a mis en place un vaste programme de restructuration, baptisé S3. Celui-ci repose sur trois piliers centraux :
- Infrastructure : modernisation et extension de l'infrastructure existante afin d'augmenter la fiabilité et la performance du réseau ferroviaire.
- Exploitation : optimisation des pratiques afin d'améliorer la ponctualité et accroître l'efficacité.
- Rentabilité : augmentation de la rentabilité de l'entreprise afin de garantir la stabilité financière et de permettre des investissements à long terme.
Le DSI chef de projet sur le programme S3
La mise en oeuvre du programme S3 est confiée à 20 responsables de projet. L'un d'entre eux est Bernd Rattey, le DSI groupe et Chief Data Officer de la Deutsche Bahn. En effet, l'IT joue un rôle clé dans la mise en oeuvre des objectifs de S3. Tout en devant faire face à des défis internes.
Le paysage informatique de la DB, qui s'est développé au fil des années, est assez stable. Mais avec plus de 3 700 systèmes, il est devenu trop complexe au fil du temps. De plus, la DB, comme beaucoup d'autres entreprises, subit une pression considérable sur les coûts IT. « Continuer sur la même voie n'est pas une option », résume Bernd Rattey.
Une organisation IT fédérale
Et ce, d'autant plus que le paysage informatique est organisé de manière fédérale, comme le décrit le DSI groupe des chemins de fer allemands : « nous sommes un peu organisés à l'image de la République fédérale d'Allemagne... La Deutsche Bahn a plusieurs centaines de sociétés. Vingt de ces sociétés, les plus grandes, ont leur propre DSI, qui siègent au CIO Board ». Une complexité qui débouche sur une certaine inefficacité et sur un manque de transparence. Seuls 37% des collaborateurs du groupe sont satisfaits de la numérisation dans l'entreprise. En outre, nombre d'entre aux considèrent que l'informatique n'est pas nécessairement prête pour l'avenir.
Afin de pérenniser l'informatique et de relever ces défis, Bernd Rattey et ses collègues ont développé un nouveau modèle opérationnel. Celui-ci couvre quatre dimensions essentielles : les défis structurels, la rentabilité, la dette technique, la préparation de l'avenir.
Pour relever les défis structurels, Bernd Rattey veut transférer DB Systel, la société interne de services informatiques, dans le domaine de responsabilité de la DSI groupe, afin d'en améliorer le pilotage et réduire les multiples solutions actuellement déployées.
PublicitéConcevoir l'informatique comme un outil de production
Même si, par principe, le DSI n'est pas partisan d'une trop grande centralisation de l'IT : «je crois qu'aujourd'hui l'informatique ne relèvent plus des frais généraux, mais constitue un moyen de production pour les processus métiers des différents secteurs d'activité ». C'est pourquoi, à ses yeux, l'informatique doit rester ancrée dans les métiers.
Pour que la rentabilité ne soit pas mise à mal, toutes les commandes informatiques devront à l'avenir être validées par le DSI concerné. Ce qui doit contribuer à éviter la dispersion des solutions tout en augmentant la transparence.
Diviser par deux les applications transversales
Un outil de gestion du portefeuille de solutions a été introduit à cet effet. Les différentes branches de l'entreprise peuvent consulter la liste des différents projets informatiques. Une façon d'encourager les réutilisations. Parallèlement, le pilotage des bénéfices attendus des projets a été renforcé - les économies promises devant dédormais être inscrites dans les budgets sous SAP.
En ce qui concerne la dette technique, Bernd Rattey prévoit de réduire de moitié le nombre de systèmes informatiques dans les domaines transversaux (tels que la finance, les RH ou l'IT), en le faisant passer de 1500 à 750. En outre, un modèle unique de domaines doit regrouper les capacités métiers et faciliter ainsi la gestion de l'environnement informatique.
LLM made in Germany
Outre les travaux de rationalisation, la Deutsche Bahn étudie aussi le sujet hype du moment : l'IA. Mais le chemin a été long jusqu'à ce qu'elle dispose de son propre écosystème pour l'IA générative, utilisable dans l'ensemble du groupe. D'autant plus que la DB, en tant qu'entreprise critique, doit respecter certaines directives juridiques et réglementaires.
Ainsi, des avis juridiques internes se sont prononcés contre l'utilisation de ChatGPT et autres modèles du marché. Un des principaux points de blocage ? « L'empoisonnement des données d'entraînement », selon Bernd Rattey. Convaincu du potentiel de l'IA, le DSI groupe a donc cherché à s'associer à des acteurs locaux comme Schwarz IT, la société informatique créée par la société à la tête du distributeur Lidl. Et la compagnie ferroviaire participe aussi au développement d'un LLM germanophone.
Article rédigé par
Jürgen Hill, CIO.de (adapté par Reynald Fléchaux)
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