Business

Les collectivités locales se focalisent plus sur le service citoyen que sur le Big Data

Les collectivités locales se focalisent plus sur le service citoyen que sur le Big Data
De gauche à droite : Pascal Hoguet (Capgemini), Claude Baradat (CGI), Sylvain Gibassier (Mairie de Saint-Germain en Laye), José Diz (Animateur), Bouchaib Hadeg (Mairie de Pantin), Félix Le Bovic (ville de Paris), Sylvie Chauvin (Markess).

Le CPI-B2B (Club de la Presse Informatique B2B) a conclu sa saison 2014-2015 par un débat sur les projets informatiques des collectivités locales.

Publicité« Notre but n'est pas d'inventer l'extraordinaire mais de servir les citoyens » a rappelé Bouchaib Hadeg, DSI à la Mairie de Pantin. Il s'est exprimé lors de la réunion du CPI-B2B (Club de la Presse Informatique B2B) du 10 juin 2014 consacrée aux collectivités territoriales à l'heure du cloud, du Big Data et de la Mobilité. De fait, la tendance est à la rigueur budgétaire et les investissements doivent avoir une véritable utilité pour les citoyens ou les agents publics.

Cependant, Sylvie Chauvin, présidente et analyste du cabinet d'études Markess, a observé que le marché des investissements informatiques en collectivité locale continuerait de croître d'environ 1,6% sur les prochaines années alors que les dépenses du secteur public d'Etat étaient, elles, stables. Selon les études réalisées par Markess, les projets prioritaires portent avant tout sur l'amélioration de la relation usagers/citoyens, la maîtrise des dépenses publiques et l'amélioration des modes de travail des agents. Les chantiers en rapport avec la réforme territoriale suivent en bonne place.

Les collectivités locales en avance sur les entreprises

Autant pour améliorer la productivité que pour maîtriser les dépenses publiques, la dématérialisation et les e-services administratifs sont en bonne place des nouveaux projets, suivis de projets tels que le collaboratif, la mobilité, l'analyse de données à des fins d'aide à la décision, la modernisation des infrastructures... « La dématérialisation est une évidence, plus personne ne le mentionne, et on peut remarquer que, dans les collectivités, la dématérialisation de bout en bout, avec workflow de traitement, est une réalité courante alors que la plupart des entreprises en sont très loin » a relevé Bouchaib Hadeg.
Un gros projet structurant pouvant aider à la réalisation de tous les objectifs est la mise en place d'une GRC. Ici, bien sûr, il s'agit d'une gestion de la relation citoyens et non pas clients même si, comme l'a indiqué Bouchaib Hadeg, « sur le fond, cela ne change pas grand'chose que ce soit l'un ou l'autre ». Cela dit, il a averti : « la GRC est un projet très structurant pour les processus et méthodes de travail et, du coup, les projets menés sont loin d'être tous aboutis ». Il y a notamment un gros impact technique sur les rapprochements de systèmes et aussi un impact métier à cause des changements à intégrer par les agents.

Les mots clés des consultants dans le brouillard

Les grandes tendances voulues par les consultants comme le Big Data restent par contre dans une sorte de brouillard dont aucun DSI de collectivité locale ne songe à les extraire. Pourtant, certains projets visant à améliorer la vie des citoyens peuvent utiliser le Big Data mais le recours à cette technologie sera connexe à un objectif métier. Par exemple, comme l'a cité Bouchaib Hadeg, « on peut suivre les mouvements de foules avec l'analyse des déplacements de cartes SIM des téléphones, ce qui est typiquement du Big Data, mais le but restera de valider les aménagements urbains pour les faire correspondre aux besoins de la population. »
De la même façon, le cloud est partout et nulle part. Comme Markess l'a mentionné, une collectivité sur deux utilise du cloud mais presque toujours du cloud privé interne ou externalisé. La mutualisation avec d'autres collectivités est même rare. Sylvain Gibassier, DSIT à la Mairie de Saint-Germain en Laye, a constaté : « nous avons eu recours à un cloud public mais tout dépend du niveau de confidentialité des données : personne ne songerait un seul instant à y mettre l'Etat Civil qui contient les données les plus sensibles. »

PublicitéDes tendances technologiques pour des usages pratiques

Pascal Hoguet, Manager du Lab Innovation de Capgemini, lui, a considéré pourtant que le cloud permet d'accélérer les projets aussi dans les collectivités, en les rendant au passage plus agiles. Le cloud computing est donc, pour lui, l'une des quatre tendances technologiques majeures actuelle dans les collectivités aux côtés du Mobile, du Big Data et de l'IoT. Ces quatre technologies seraient, selon lui, à relier aux leviers sociétaux, de l'environnement, de la participation citoyenne et de la maîtrise des dépenses.
Bouchaib Hadeg a témoigné : « l'IoT n'est pas neuf pour les collectivités locales, par exemple pour piloter la signalisation verticale (feux de circulation...), même si, aujourd'hui, les objectifs sont plus ambitieux. » De son côté, Félix Le Bovic, Responsable Innovation à la DSIT de Paris, confirme : « l'IoT n'est que le prolongement du M2M pour améliorer la sécurité et la gestion intelligente des équipements de la ville. » Typiquement, selon la présence ou non de personnes à un endroit de donné (via une détection par vidéosurveillance ou par les cartes SIM), l'éclairage urbain pourra être optimisé. De la même façon, les puces RFID incluses dans les poubelles permettent de mieux suivre les besoins en ramassage des ordures ménagères.

L'inversion de l'avance technique entre personnel et professionnel

Comme partout, cependant, la tendance en collectivité locale est de disposer à titre personnel d'outils plus modernes qu'à titre professionnel. « Fournir aux agents un outils sans correction orthographique ni auto-complétion, c'est l'assurance de recevoir des quolibets » a soupiré Sylvain Gibassier.
De même, mais plus encore que dans le privé, l'open-source voit sa place se renforcer chaque jour dans les collectivités locales lorsque les solutions libres sont performantes et pertinentes. La logique est, comme à Paris, le plus souvent de faire créer des logiciels par des SSII avec une obligation d'ouverture du code ensuite. Les frais engagés sur fonds publics ne sont dès lors plus engagés par d'autres mais, de fait, mutualisés. Félix Le Bovic a raconté : « pour la gestion des serres, nous avons récupéré un outil développé par la ville de Genève qui a été ouvert sur notre demande en échange d'améliorations payées par Paris. » Le coût direct n'est en général pas l'argument essentiel en faveur ou défaveur du libre. Claude Baradat, directeur, en charge des collectivités locales chez CGI, a ainsi jugé : « le libre n'est pas gratuit et, globalement, il n'y a pas de grosse différence de TCO entre libre et propriétaire. »

Partager cet article

Commentaire

Avatar
Envoyer
Ecrire un commentaire...

INFORMATION

Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.

Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire

    Publicité

    Abonnez-vous à la newsletter CIO

    Recevez notre newsletter tous les lundis et jeudis