Les cartables numériques : une réussite sous conditions


La rentrée digitale du DSI
Les projets web sont souvent malaimés, méprisés, jugés basiques. Pourtant, ils sont l'objet de grands enjeux et souvent d'une grande complexité avec de nombreux liens avec le coeur du système d'information. De même, les problématiques autour du poste de travail ordinaire sont loin d'être triviaux,...
DécouvrirDans le cadre du plan numérique national pour l'éducation et des appels à projet d'Etat induits, de plus en plus de départements équipent les collégiens de tablettes comme cartables numériques. Mais des conditions doivent être respectées qui sont celles de tous les déploiements de grands parcs de tablettes.
PublicitéL'Etat a initié un plan numérique national pour l'éducation. Celui-ci vise, au travers d'appels à projets, à aider aux déploiements d'outils numériques dans les établissements scolaires afin de développer les compétences numériques des élèves. Savoir utiliser l'outil est donc bien en lui-même un objectif pédagogique, au delà de nouvelles méthodes pédagogiques par principe contestables. Les projets retenus dans le cadre de ces appels à projets sont alors partiellement financés par l'Etat, ce qui facilite leur mise en oeuvre. Et ce même si les collèges restent sous la responsabilité générale des Conseils Départementaux et les lycées sous celle des Conseils Régionaux.
Mais la réussite de ces projets numériques suppose un terrain favorable avec des infrastructures et des projets applicatifs connexes. Finalement, on y retrouve les conditions classiques de réussite de tous les grands déploiements de parcs de terminaux mobiles. Voici deux exemples dont les déploiements sont en cours ou récents : dans le département des Yvelines et dans l'académie de Grenoble.
Dans les Yvelines, les infrastructures en soutien
A la rentrée 2015, le Conseil Général des Yvelines avait ainsi profité d'un premier appel à projets pour équiper 815 élèves et 170 enseignants de tablettes. Le deuxième appel à projets, en novembre 2015, a été l'occasion de renforcer ce déploiement en l'étendant à onze collèges supplémentaires (dont un établissement privé sous contrat à Versailles) en partenariat avec la Délégation Académique au Numérique Educatif. En tout, 4700 tablettes seront donc en circulation à la rentrée 2016, en plus des 15 000 terminaux fixes déjà en place avec un but pédagogique pour un total de 35 000 « équipements numériques » dont 2 800 tableaux numériques interactifs (TNI) et vidéoprojecteurs interactifs.
L'investissement est conséquent sur la seule partie « tablettes » du projet : 2,2 millions d'euros, dont un million de subventions d'Etat. A cela s'ajoute le développement préalable d'un espace numérique de travail (ENT), e-collège. Tous les collèges participants au projet étaient utilisateurs de cet ENT. Enfin, tous sont désormais raccordés au réseau départemental en fibre optique. Il est en effet nécessaire que chaque terminal déployé puisse se connecter à Internet avec un niveau de qualité de service suffisant.
Un bilan qui reste à tirer
Cécile Dumoulin, Vice-Présidente du Conseil départemental déléguée aux collèges, précise : « le Conseil départemental s'est engagé depuis plusieurs années dans une politique de soutien à l'intégration des nouvelles technologies pour les collégiens. Cela se concrétise par l'expérimentation de l'usage des nouveaux outils, en lien avec l'Education nationale, afin d'évaluer leur intérêt pédagogique avant d'envisager leur généralisation ». En effet, les projets actuels restent, dans ce département, très expérimentaux auprès d'un petit nombre d'élèves. Rappelons que ce Conseil Départemental a en effet la responsabilité de 116 collèges pour un total de 65 000 élèves.
PublicitéL'évaluation du programme reste bien à faire. S'il est peu probable que la politique de soutien au numérique change, peut-être certains ajustements seront à faire, précisément pour assurer le succès d'une « éducation au numérique ». La pertinence éducative et pédagogique va donc être évaluée au travers d'une consultation auprès des enseignants et autres acteurs du système éducatif, des collégiens et des parents d'élèves. Des questionnaires vont leur être adressés et les résultats de l'enquête seront connus dans les semaines à venir.
En particulier, à l'heure du BYOD en entreprises, déployer un parc appartenant aux autorités de tutelle des collèges est-il pertinent ? Ne faudrait-il pas plutôt inciter voire aider à l'acquisition d'un matériel individuel ?
La gestion des flottes de tablettes reste un défi-clé
Dans l'Académie de Grenoble, un cartable numérique va là aussi être déployé à la rentrée 2016 à titre de pilote dans quatre collèges, un en Ardèche et quatre en Drôme, pour un total de 800 élèves concernés. L'idée est bien d'utiliser l'outil dans une nouvelle interaction pédagogique en plus de l'apprentissage de l'outil lui-même. Tout un travail préalable d'équipement en Wi-Fi ou en prises électriques a dû, encore une fois, être réalisé. Mais le cas est cette fois intéressant par la gestion du digital desktop. Pas d'ENT et d'applications lourdes locales mais un poste de travail virtuel avec une gestion centralisée sous AirWatch de VMware.
L'Académie de Grenoble disposait en effet d'une infrastructure gérée avec vSAN et vCloud Suite du même éditeur. L'objectif du DSI, Laurent Le Prieur, était d'utiliser cette infrastructure existante pour héberger les digital desktops liés aux tablettes déployées. Les travaux réalisés par les élèves comme les contenus pédagogiques devaient pouvoir être entièrement gérés sur cette infrastructure. Laurent Le Prieur se réjouit : « avec AirWatch, nous avons pu déployer très rapidement les tablettes que nous pilotons intégralement avec les équipes enseignantes, notamment du point de vue de l'offre de contenus, que ce soit des applications ou des ressources ».
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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