Stratégie

Les 3 promesses que les DSI doivent tenir en 2025

Les 3 promesses que les DSI doivent tenir en 2025
Après une année 2024 marquée par une forme d’hystérie autour de la GenAI, il est temps pour la ou le DSI de mettre en place des fondations solides préparant la généralisation de cette technologie dans les métiers. (Photo : Ronald Candonga/Pïxabay)

Pris dans le maëlstrom de l'IA générative en 2024, les DSI peuvent profiter des premières désillusions nées de la technologie pour recentrer 2025 sur des fondamentaux : la formation des utilisateurs à ce nouveau mode d'accès à l'information, leur proximité avec les métiers sans oublier l'indispensable - et obscur - travail sur la rationalisation des environnements IT.

PublicitéPresque toutes les surprises technologiques de l'année dernière étaient liées à l'IA générative, qui a fait l'objet d'un tel battage en 2023 que toutes les organisations l'ont testée dans le cadre d'un ou plusieurs projets en 2024. Les services informatiques ont réalisé des prototypes, de certains responsables métiers ont également mené leurs propres expériences sans nécessairement en informer le service informatique. Parfois, il suffit pour ce faire de s'abonner à un service piloté par l'IA. « Il subsiste toujours un niveau résiduel de Shadow IT dans les organisations, mais on parle de bien davantage l'année dernière », déclare Krishna Prasad, DSI de l'entreprise de services technologiques UST.

Le problème, c'est que lorsque les métiers font ce qu'ils veulent, le service informatique perd le contrôle, ce qui fait naître des problématiques en ce qui concerne la protection contre la perte de données et de propriété intellectuelle. Comme de nombreuses organisations, UST a commencé à mettre en place un conseil de direction pour l'IA afin de s'assurer que les mêmes contrôles sont bien appliqués à toutes les entreprises et que les gens ne s'éloignent pas trop des objectifs clefs de l'organisation.

Si de nombreux PoC de GenAI été menés en 2024, la plupart ont été décevants. L'une des difficultés réside dans le fait que les algorithmes d'IA ne sont jamais fiables à 100 %. Si un modèle hallucine seulement 5 % du temps, c'est suffisant pour que la plupart des utilisateurs le considèrent comme inutile. Un autre problème vient du fait que les services informatiques ne disposent pas toujours des compétences nécessaires pour prendre en charge la nouvelle technologie. Et le recours à des personnes extérieures restait complexe sur le dernier exercice, car ce besoin n'avait pas été anticipé suffisamment tôt pour être inscrit au budget.


Krishna Prasad, DSI de l'entreprise de services technologiques UST. (Photo : D.R.)

Par ailleurs, tout s'est passé très vite. Alors que les responsables informatiques s'attendent généralement à ce qu'une technologie suive le cycle décrit par le hype cycle de Gartner, l'IA générative l'a fait à un rythme accéléré. « Ce qui m'a vraiment surpris l'année dernière, c'est que le hype cycle de l'IA soit entré si rapidement dans la phase de désillusion », souligne Sidney Fernandes, DSI de l'Université de Floride du Sud (USF).

Néanmoins, il y a eu suffisamment d'exemples de réussite, mentionnés dans la presse, pour que les dirigeants s'interrogent sur les raisons empêchant leurs propres services informatiques d'en faire de même. Les DSI les plus avisés ont rapidement compris la nécessité d'informer les chefs d'entreprise sur l'IA et, ce faisant, certains ont pu éviter des malentendus sur la valeur métier susceptible d'être générée par la génération actuelle d'algorithmes.

PublicitéD'autant que la valeur de la technologie ne s'est pas toujours concrétisée là où les gens s'y attendaient. Selon Krishna Prasad, l'IA générative s'applique principalement à trois catégories de cas d'usage : la productivité personnelle et organisationnelle, la modification des processus d'entreprise et la création de nouveaux produits et services générateurs de revenus.


Sidney Fernandes, DSI de l'Université de Floride du Sud (USF). (Photo : D.R.)

Alors que la plupart des responsables informatiques ont eu du mal à démontrer de réels succès dans les deux derniers domaines, à la fin de l'année 2024, les applications de productivité personnelle ont régulièrement porté leurs fruits, à tel point que nombre d'entre elles sont devenues partie intégrante de la boîte à outils standard du col blanc. Par exemple, la plupart des gens utilisent aujourd'hui l'IA pour prendre des notes en réunion. Selon Sidney Fernandes, ces réussites sont une preuve supplémentaire de l'accélération du hype cycle. « À ma grande surprise, d'ici la fin de l'année, nous aurons peut-être déjà atteint ce que Gartner dénomme le plateau de la productivité », déclare-t-il.

A la lumière des leçons apprises en 2024, voici ce sur quoi les DSI devraient s'engager pour l'année qui débute.

1) Sensibilisez les métiers à l'IA et approfondissez votre connaissance métiers

Pour minimiser les déceptions, les responsables tech doivent définir les attentes des responsables métiers. Tout en ayant une idée précise de la valeur des nouvelles technologies. « Le DSI doit être à la fois évangéliste, éducateur et réaliste, explique Sidney Fernandes. Les responsables informatiques doivent être plutôt froids que trop enthousiastes face aux technologies et ne promouvoir celle-ci que dans le cadre d'analyses de rentabilité. »

Selon Ron Guerrier, directeur technique de la fondation Save the Children, l'un des moyens d'aider les chefs d'entreprise à savoir ce qui est réellement possible est de leur recommander des lectures sur l'IA. « Il ne faut pas les laisser tirer l'essentiel de leurs informations de recherches sur Google et de vidéos YouTube », avertit-il.


Ron Guerrier, directeur technique de la fondation Save the Children. (Photo : D.R.)

De même, selon Krishna Prasad, les DSI devraient intensifier leurs propres efforts pour comprendre les métiers de leur organisation en profondeur. En se montrant plus proactifs dans leurs rencontres avec les dirigeants métiers. En insistant pour que les membres de la DSI rencontrent régulièrement leurs homologues au sein de l'entreprise. Les responsables informatiques doivent admettre qu'ils n'apportent plus de valeur ajoutée simplement en étant des spécialistes de la technologie. Et doivent apprendre à parler des projets en fonction de trois paramètres métiers essentiels : la réduction des risques, la réduction des coûts et l'augmentation des recettes.

Selon Leon Roberge, DSI de Toshiba America Business Solutions et Toshiba Global Commerce Solutions, les DSI doivent en somme devenir visibles pour les métiers et montrer l'exemple à leurs équipes. « J'ai commencé à assister aux réunions business de tous les autres cadres dirigeants sur une base mensuelle, pour m'assurer de rester connecté aux problématiques de l'entreprise, dit-il. Où allons-nous ? Comment gagnons-nous de l'argent ? Comment puis-je aider les métiers à relever leurs défis et à atteindre leurs objectifs ?


Leon Roberge, DSI de Toshiba America Business Solutions et Toshiba Global Commerce Solutions. (Photo : D.R.)

En 2025, les responsables informatiques devraient certes continuer à investir dans l'IA, mais aussi se concentrer sur les cas où ils peuvent démontrer une valeur mesurable, puis améliorer ces solutions progressivement. « Prendre des décisions d'investissement énormes sur l'IA très tôt peut vous conduire dans ce que Gartner appelle le creux de la désillusion, et il sera difficile d'en sortir, prévient Sidney Fernandes. Faites plutôt des investissements à moyenne échelle et démontrez le retour sur investissement à court et à long terme, comme vous le feriez pour n'importe quel autre projet. » Ce qui fonctionne pour l'Université de Floride du Sud ? Permettre aux métiers de décider des projets à mettre en oeuvre et s'assurer qu'ils en partagent les risques.

2) Se préparer à la généralisation de l'IA

Tous les éditeurs intègrent l'IA dans leurs applications les plus populaires. Les utilisateurs de progiciels traditionnels doivent se préparer au changement. Cela signifie qu'il faut non seulement se familiariser à l'ingénierie de prompt, mais aussi rester sceptique quant à certaines réponses. Car les hallucinations ne sont pas près de disparaître.

Les applications d'entreprise dotées d'IA vont changer la façon dont les gens travaillent. Selon Sidney Fernandes, les responsables informatiques doivent s'assurer que leurs équipes et celles des métiers sont prêtes à modifier leurs pratiques pour tirer parti des copilotes. « Cela va être crucial », selon lui.

Les DSI doivent également créer des plateformes pour créer des applications personnalisées qui répondent aux besoins spécifiques non seulement de leur secteur et de leur zone géographique, mais aussi de leur entreprise - et même de certaines divisions de celle-ci. Les modèles d'IA seront développés différemment selon les secteurs, et les données utilisées pour leur entraînement seront spécifiques à la santé ou à la logistique, par exemple. Chaque entreprise a sa propre façon de travailler et ses propres jeux de données. Et, au sein d'une même entreprise, le marketing utilisera des données différentes de celles du service client.

Selon Rom Guerrier (fondation Save the Children), l'une des choses les plus surprenantes en 2024 a été devoir de nombreux responsables IT se lancer dans l'IA sans vraiment comprendre la topologie de leurs données, c'est-à-dire la façon dont les données sont reçues et formatées, et la façon dont elles sont introduites dans un modèle d'IA. « C'est le même adage que depuis toujours : garbage in, garbage out. Vous pouvez avoir le meilleur outil d'IA, mais si vos données proviennent d'une mauvaise source, vous obtiendrez de mauvais résultats. Les responsables informatiques doivent mieux gérer ce point en 2025. »

Sidney Fernandes (Université de Floride du Sud) affirme que les DSI doivent également mieux sécuriser les données et la propriété intellectuelle, d'autant plus que l'IA agentique se répand. « L'IA agentique aura connaissance des données de votre datalake, ce qui signifie que votre gouvernance des données, vos politiques de prévention des pertes et vos processus de cybersécurité doivent être encore plus rigoureux qu'aujourd'hui parce que vous allez maintenant exposer les données à un rythme que vous ne pouvez pas contrôler », dit-il.

La plupart des services IT ayant été pris de court par l'IA générative, ils ne disposaient pas des compétences nécessaires pour mener à bien les projets associés. Pour se préparer à relever d'autres défis l'année prochaine, les DSI ont trois possibilités : développer ces compétences en interne, recruter ou développer des partenariats stratégiques avec des entreprises de confiance qui possèdent ces compétences. Leon Roberge, de Toshiba, est ainsi en train de créer un département d'innovation et de stratégie pour les organisations IT qu'il dirige. « Nous allons identifier et embaucher des ingénieurs et scientifiques spécialisés dans les données au sein et en dehors de notre organisation, et nous allons progresser », espère-t-il.

3) Ne négligez pas les fondamentaux

Avec toute l'agitation entourant l'IA générative, de nombreux DSI ne consacrent plus assez de temps aux autres tâches qu'ils devraient accomplir. « Il faut remettre l'accent sur l'efficacité opérationnelles, affirme Krishna Prasad. À un moment donné, ce sujet vous retombera dessus si vous perdez de vue les principes fondamentaux de votre travail. »

Les responsables informatiques ne devraient jamais oublier que le maintien en conditions opérationnelles (MCO) reste un fondement de leur réussite, abonde Neal Sample, vice-président et DSI de la chaîne de pharmacie Walgreens Boots Alliance. Si l'IA fait figure de développement passionnant de leur activité, le MCO demeure une fondation solide sur laquelle ils peuvent bâtir leur carrière. La modernisation des systèmes, la consolidation des plateformes et le retrait des solutions obsolètes réduisent la complexité et créent un environnement IT plus agile. « Ces mesures permettent non seulement de réduire les coûts et d'améliorer la productivité, mais aussi de rendre l'informatique plus apte à s'adapter à de nouvelles priorités telles que l'IA », souligne Neal Sample.


Neal Sample, vice-président et DSI de Walgreens Boots Alliance. (Photo : D.R.)

Par exemple, l'IA se nourrit de données propres et fiables, ce qui rend indispensables des pratiques assez classiques que sont la gouvernance et l'intégration des données. « Des opérations IT stabilisées garantissent que les outils intégrés à l'IA fonctionnent comme prévu, en minimisant les perturbations et en préservant la confiance, explique Neal Sample. Le potentiel de l'IA ne peut tout simplement pas se concrétiser sans ce travail de l'ombre. »

Selon le DSI, les responsables informatiques devraient également s'attacher à réduire leur dette technique pour gérer la complexité des environnements modernes. Les systèmes obsolètes, les applications trop personnalisées et les architectures fragmentées ralentissent les évolutions, augmentent les risques et compliquent le passage àl'échelle des innovations. Traiter la dette technique comme un investissement continu permet à la DSI de rester résiliente et adaptable. « Alors que l'IA fait les gros titres, le MCO fournit des résultats réguliers et mesurables, dit Neal Sample. Investir dans des bases opérationnelles solides et réduire la dette technique créent les conditions de la réussite du déploiement de l'innovation. En se concentrant sur ces priorités ennuyeuses mais essentielles, les DSI peuvent simplifier leur paysage IT et être des acteurs du progrès en 2025 et au-delà. »

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