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Le WiFi fait désormais partie des premières demandes personnelles des militaires

Le WiFi fait désormais partie des premières demandes personnelles des militaires
Le commissaire Bruno, directeur international et opérations à l’économat des Armées, ne promet pas Netflix mais garantit le lien avec les familles partout dans le monde.

Maintenir le lien avec les familles pour tous les militaires, même en opérations extérieures : c'est le défi relevé par l'Economat des Armées avec WiFirst.

Publicité« Lors de mes derniers déplacements sur des terrains d'opérations extérieures, j'ai fait un constat symptomatique : alors que, auparavant, un militaire arrivant sur place demandait quand il allait manger et où il allait dormir, désormais, il demande également comment il se connecte au WiFi » raconte le commissaire Bruno, directeur international et opérations à l'économat des Armées. Si internet est présent depuis le début des années 2000, la présence du WiFi de loisir sur les sites militaires remonte à 2013-2014, d'abord en métropole puis à l'étranger et outre-mer. En octobre 2017, a été lancé par la ministre des Armées Florence Parly le « Plan Famille » permettant de couvrir l'ensemble des lieux de vie en métropole. Ce plan vise notamment à garantir aux militaires, où qu'ils soient affectés, de conserver un lien avec leur famille. Ce plan a induit une accélération du déploiement du WiFi de loisir dans les sites militaires non seulement en métropole mais aussi outre-mer et dans les déploiements à l'étranger. L'économat a pour cela eu recours aux prestations de l'opérateur de WiFi managé WiFirst.

Les « emprises militaires », selon le terme consacré préféré au terme plus générique « site », peuvent être des casernes, des bases aériennes, des ports... Une « base de défense » réunit toutes les emprises d'une zone. Par exemple la base de défense de Lille va de la frontière belge à la Somme. Certaines bases de défense correspondent à des sites en outre-mer (Guyane, La Réunion, Polynésie...), d'autres à des opérations pérennes connues du grand public dans des pays étrangers (Gabon, Djibouti, Sénégal, Côte d'Ivoire...). Enfin, les « opérations extérieures » sont des interventions qui ne sont pas destinées à être durables, par exemple l'opération Barkhane (Mali, Tchad, Niger), des déploiements au Liban, en Centrafrique, en Jordanie...

Des réseaux managés pour les seuls loisirs

Quatre réseaux WiFi de loisir différents ont été déployés en fonction du cadre d'emploi : Ilopex, Ilosca, Ilosca Monde et Sentinelle. Ilosca propose un accès WiFi gratuit sur l'intégralité des unités d'hébergement en métropole. Suite à un contrat conclu en 2020, Ilosca Monde offre un service similaire sur les quatre bases de défense françaises en Afrique. Ilopex est destiné aux militaires en opérations extérieures. Ces trois réseaux sont opérés par WiFirst. A ceux-là s'ajoute un réseau WiFi destiné aux patrouilles déployées sur le territoire métropolitain dans le cadre de l'opération anti-terroriste Sentinelle. Dans ce dernier cas, il s'agit d'une simple box 4G par patrouille, commandée chez un opérateur, et pas d'un réseau managé avec garantie de qualité de service. En organisant ces dispositifs, les armées qui font face aux défis du recrutement et de la fidélisation, ont bien pris en compte l'intérêt de maintenir le lien numérique des militaires avec leur famille et les modes de consommation actuels.

PublicitéIl est clair qu'il s'agit ici de réseaux dits « de loisirs », en aucun cas d'un réseau destiné à véhiculer de l'information ou des services classifiés. Les systèmes militaires sont opérés par la Dirisi (Direction interarmées des réseaux d'infrastructure et des systèmes d'information) et répondent autant à d'autres enjeux et contraintes qu'à d'autres normes. « Il y a bien des contraintes de sécurité sur le WiFi de loisirs » modère cependant le commissaire Bruno. Par exemple, sur Ilopex, il y a une anonymisation des comptes. Et la connexion n'est pas libre.

Des usages clairement définis et limités

Déployés dans le cadre du « Plan Famille », ces réseaux WiFi visent à échanger des mails, des photos... « mais pas à regarder Netflix » comme insiste le commissaire Bruno. L'accès est gratuit pour les militaires mais le débit est contraint. A l'étranger, chacun dispose d'une quantité maximale de données pouvant être transmises. L'économat a en charge les moyens et l'assistance à l'usage de ces moyens. Il est amené ainsi à expliquer comment on créé un compte, à résoudre des incidents techniques mais pas à gérer les nécessaires bonnes pratiques en termes d'usage.

Ces bonnes pratiques et leur diffusion sont pilotées par l'État Major. Par exemple, il existe évidemment des règles sur ce qui peut être ou non partagé avec les familles. Il s'agit d'éviter des incidents constatés avec l'armée américaine déployée en Irak où le suivi des opérations militaires pouvait parfois se faire sur Facebook... En contrepartie du déploiement du WiFi de loisir, il y a désormais une interdiction formelle d'utiliser des cartes téléphoniques prépayées locales dans les pays de déploiement de troupes.

Satisfactions et frustrations

Comme le déploiement des réseaux WiFi de loisir a évidemment un coût, la satisfaction des utilisateurs est obligatoirement mesurée. Cette mesure fait partie du retour d'expérience à chaque rotation des troupes en opérations extérieures (tous les quatre mois). Selon le commissaire Bruno, lorsque la commande est explicitée (être en mesure d'échanger des mails, des photos... pour garder le contact avec la famille), le retour est excellent sur tous les sites récemment déployés et il est très bon dans la durée. Mais il reconnaît aussi l'apparition de demandes au-delà du projet tel qu'il est conçu aujourd'hui, typiquement le désir de pouvoir télécharger des films en opérations extérieures. le commissaire Bruno sourit : « il y a vingt ans, on écrivait une lettre et on espérait une réponse avant la fin de la rotation, aujourd'hui le WiFi semble faire partie des besoins vitaux. »

Dans chaque base de défense, un RTO (responsable technique opérationnel), embauché par WiFirst, assure le service de proximité. Celui-ci est un ancien militaire. Au delà du maintien en conditions opérationnelles face à tous les problèmes pouvant survenir sur de telles infrastructures, il a une aussi une responsabilité vitale pour l'armée. « La première mesure, si un 'événement majeur' se produit, est la 'bulle de silence', c'est à dire que toutes les communications privées sont coupées » explique le commissaire Bruno. Cette coupure est aussi assurée par le RTO et c'est une « capacité essentielle du dispositif ». L'armée doit en effet être certaine de pouvoir maîtriser sa communication publique si quelque chose d'indésiré survient.

De lourdes contraintes techniques

Il reste que connecter des résidences étudiantes en centre ville, clientèle habituelle de WiFirst, c'est simple. Quand on parle d'une implantation au centre du Mali ou même d'une caserne en zone rurale très reculée, c'est autre chose : la qualité du réseau local ne permet pas une connexion suffisante à Internet. Toutes les implémentations du « Wifi as a service » de WiFirst, depuis 2003, reposent sur la connexion à la Wifirst Box, une appliance locale qui va concentrer tous les flux locaux avant de les connecter à l'extérieur, en optimisant la bande passante et la gestion des flux. WiFirst travaille avec tous les opérateurs télécoms disponibles mais, parfois, il n'en demeure pas moins qu'il faut investir dans une infrastructure physique propre. WiFirst peut ainsi, en métropole, être amené à poser sa propre fibre pour relier sa Wifirst Box sur un site et un backbone d'opérateur puis son propre backbone. La Wifirst Box permet également de gérer les flux locaux (si deux personnes se téléphonent sur un même site par exemple).

Sur des sites isolés, notamment en Afrique, la connexion va s'opérer avec de la bande passante garantie par satellite (ce qui est très onéreux, reconnaît WiFirst). Lorsque c'est possible, WiFirst peut également recourir à des faisceaux hertziens proposés par des opérateurs locaux. WiFirst attend impatiemment l'achèvement de la forte évolution en cours des offres satellitaires en Afrique. Dans tous les cas, tous les flux sont chiffrés et ramenés dans les trois datacenters franciliens de l'opérateur. De là, des accords de peering avec les grands acteurs (Google, Netflix...) ou les autres opérateurs permettent des connexions Internet de qualité. Tous les développements opérés pour chaque client, comme par exemple la sécurité renforcée pour le compte des contrats avec l'armée française, amène des mises-à-jour de la Wifirst Box, donc des avancées pour l'ensemble des clients.

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