Le web participatif
Une question d'usages nouveaux plus que de technologies nouvelles.
PublicitéIl est difficile de parler de rôle du web 2.0 : il existe, tout simplement. D'ailleurs, s'il a l'avantage de simplifier le message, le terme « web 2.0 » est porteur de confusion. La numérotation évoque une nouvelle « version » du web, à l'image des versions successives d'un logiciel. En réalité, une bonne partie des technologies utilisées par les sites dits « web 2.0 » existaient déjà il y a 5, ou même 15 ans. Alors, le web 2.0, c'est quoi ? Le concept est plutôt flou et les spécialistes pas tous d'accord. Disons qu'il s'agit d'un ensemble de technologies et d'usages, qui représentent une évolution du réseau internet. Les technologies (au sens large du terme) présentes sont les blogs, les wikis, les APIs, les réseaux sociaux, les folksonomies, le podcasting, les protocoles de syndication, etc... Mais surtout, ce qui qualifie le web 2.0, c'est l'usage qui est fait de ces technologies par les internautes. Cet usage repose sur deux notions, participation et collaboration. D'où un autre nom, celui de « web participatif et collaboratif » ou parfois en anglais de « web read and write ». Dans la version primitive d'internet, seule une minorité d'usagers étaient à l'origine du contenu, le reste des internautes se limitant à être consommateurs de l'information ou des services proposés. L'évolution actuelle correspond à une ouverture du système, permettant à tout internaute de participer à la création du réseau. Le web 2.0 est avant tout un concept de création et de mise en commun d'informations. Une première limite au développement du web 2.0 est tout simplement la connectivité. Par exemple, les pages Web basées sur la technologie Ajax sont assez lourdes à télécharger, ce qui isole les internautes utilisant une connexion bas débit. Bien que le Web participatif soit peu gourmand, la question du financement des sites reste essentielle. L'internaute est habitué à accéder librement et gratuitement à l'information, et rechigne face à des services payants. Le business model actuellement dominant est celui de la publicité (florissante sur le net). Ce modèle favorise naturellement les poids lourds. Cependant, l'e-pub ne peut pas tout financer. Le business-model choisi par de nombreux sites paraît assez incertain sur le long terme, ou complexe ou encore mal-connu. Certains sites, tels que Wikipédia, ont choisi une économie du don; d'autres (eg, SecondLife) vont miser sur un mélange de services gratuits et de services premium payants; un des fantastiques (mais inquiétant) viviers de revenus pour le furur semble être la valorisation des données personnelles d'un internaute, typiquement recueillies sur les réseaux sociaux (eg, Facebook). Autre challenge pour l'avenir, la loi. Ou plutôt la quasi-absence de loi. Dans une large mesure, internet est aujourd'hui le far-west. Modifiable par tous, visible dans tous les pays (sauf censure nationale telle qu'en Chine), le site web 2.0 classique est un joyeux capharnaüm de véritables trésors créatifs, mais aussi de violation de copyright, violation de marques, diffamation, harcèlement électronique, sur nid de DRM. Reste à savoir comment les différents systèmes légaux nationaux et internationaux sauront apporter un peu de civisme, sans toutefois porter atteinte à la liberté d'expression et de création des internautes. Florence Devouard www.wikimediafoundation.org cc-by-sa
Article rédigé par
Florence Nibart-Devouard, Présidente du conseil d'administration de la Wikimedia Foundation
Florence Nibart-Devouard est une des membres élus au conseil d'administration depuis juin 2004, et en est l'actuelle présidente. Elle a été élue comme telle par le conseil d'administration sortant le 21 octobre 2006.
Florence est née à Versailles (France). Elle a grandi à Grenoble, et a résidé dans de nombreuses villes françaises, ainsi qu'à Anvers en Belgique et Tampa, en Arizona (États-Unis).
Elle est ingénieure en agronomie (ENSAIA) et a également un DEA en génétique et biotechnologies (INPL). Elle a travaillé dans la recherche publique, tout d'abord dans l'amélioration génétique des fleurs, puis dans la microbiologie pour étudier la dépollution biologique des sols. Elle a été employée jusqu'à récemment par une entreprise française pour concevoir des outils de prise de décisions dans l'agriculture viable. Elle a rejoint l'aventure Wikipédia en février 2002 et est connue comme contributrice sous le pseudonyme de Anthere.
Florence a 38 ans et vit à Clermont-Ferrand avec son mari Bertrand et ses trois enfants, Anne-Gaëlle (8 ans), William (10 ans), et Thomas (1 an).
(c) Wikimedia / Florence Nibart-Devouard
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