Stratégie

« Le transfert technologique ne passe pas nécessairement par la cession de brevets »

« Le transfert technologique ne passe pas nécessairement par la cession de brevets »

Patrick Moreau est responsable du patrimoine logiciel à la direction du transfert et de l'innovation de l'INRIA. Cet EPST (Etablissement public à caractère scientifique et technologique) conçoit de nombreuses innovations qui peuvent être transférées au secteur privé selon des modalités variées.

PublicitéCIO : Qu'est-ce que l'INRIA peut transférer aux entreprises ?

Patrick Moreau : Nous pouvons transférer des compétences et des technologies. Certaines sont couvertes par des brevets, dans le domaine des réseaux et du traitement de l'image par exemple, parce qu'il s'agit là d'un procédé. D'autres ne peuvent pas l'être, notamment dans le domaine du logiciel.

L'INRIA ne dépose globalement pas beaucoup de brevets car notre travail se déroule surtout dans ce domaine du logiciel. Par conséquent, au contraire d'autres EPST* ou établissements, nous ne cédons pas beaucoup de brevets.

De ce fait, les entreprises sont parfois un peu gênées avec nous parce qu'elles ont l'habitude d'acheter des brevets pour obtenir des technologies. D'ailleurs, dans les formations destinées aux responsables de transferts de technologies, l'aspect du transfert de technologies logicielles est souvent absent.

CIO : Comment transférez-vous? Est-ce onéreux pour les entreprises ?

Patrick Moreau : Ça dépend. Si un de nos logiciels open-source est utilisé par une entreprise pour créer de la valeur, il y a de fait création de valeur issue de travaux de la recherche, donc transfert. Un mode de transfert peut être constitué par l'édition ou le support, par une entreprise privée, d'un logiciel conçu initialement par l'INRIA. Un chercheur n'a pas vocation à assurer une qualité de service ou un support autour de son travail. Or les entreprises utilisatrices exigent ces éléments. Il y a donc complémentarité entre le travail de recherche et le service qu'une entreprise privée peut fournir. Notre cible prioritaire est constituée des DSI de grands comptes. Lorsqu'une grande entreprise se met à utiliser tel produit, il acquiert de fait une crédibilité qui va permettre de justifier le développement d'offres commerciales autour de celui-ci, comme la maintenance par exemple.

Selon la stratégie économico-juridique pour ce logiciel précis, le modèle de rémunération de l'INRIA va (...)

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