Le secteur public souffre d'un pilotage lourd et peu outillé
Alors que l'intérêt des entreprises pour les modèles d'organisation pilotée par les données va croissant, le secteur public peine à moderniser son pilotage et reste majoritairement cantonné à des cas d'usage traditionnels. C'est ce que révèle une enquête réalisée par le cabinet DataValue Consulting et le réseau d'experts inop's (groupe freelance.com).
PublicitéAfin d'évaluer où en est le secteur public en matière de pilotage, le cabinet de conseil DataValue Consulting et le réseau d'experts inop's (groupe freelance.com) se sont associés pour interroger 300 responsables travaillant dans des organisations publiques français. Les réponses permettent de dresser un état des lieux des outils et pratiques en place chez ces acteurs. Il en ressort une difficulté à moderniser le pilotage et à apporter de la valeur aux métiers.
Premier constat de l'étude, Excel reste l'outil prédominant pour piloter les activités, utilisé par 83% des répondants. À l'autre bout du spectre figurent les outils open source, présents chez seulement 17% des sondés. Dans les organisations équipées d'outils spécifiques pour le pilotage, le premier cas d'usage concerne le pilotage financier (59%) ; suivi par le pilotage de projets (52%). Enfin, 37% disposent de solutions pour piloter les ressources humaines. Pour la majorité des sondés, les solutions de pilotage visent avant tout à analyser les performances passées (81%) ou présentes (69%). 45% se servent toutefois de tels outils à des fins prospectives ou prédictives. Enfin, un répondant sur quatre déplore des objectifs de pilotage peu clairs.
Un pilotage à faible impact métier
L'enquête montre également que les systèmes de pilotage en place n'intègrent que rarement des technologies innovantes (intelligence artificielle, data mining, search). En effet, celles-ci sont absentes chez 74% des répondants. Sans doute faut-il y voir l'une des explications à la prédominance des cas d'usage traditionnels, les usages prédictifs nécessitant davantage de telles technologies. Malgré cela, 37% des sondés envisagent d'utiliser de l'IA dans les prochaines années, témoignant d'une certaine prise de conscience. Pour ces derniers, l'IA interviendra notamment sur la satisfaction des usagers de leurs services (56%), la maintenance prédictive (31%) et la détection de fraude (29%). Autre enseignement de l'étude, 35% seulement des répondants indiquent disposer de données dans le cloud. Les contraintes spécifiques auxquelles est soumis le secteur public en matière de recours au cloud peuvent à cet égard représenter un frein supplémentaire à certains usages.
Le faible niveau d'outillage de beaucoup d'organisations se reflète aussi dans les difficultés qu'elles rencontrent au quotidien pour produire des rapports de pilotage. Ainsi, 66% des répondants déplorent des traitements manuels chronophages, 56% pointent les retraitements liés aux problèmes de qualité des données et 55% des enjeux de fiabilité. Si les rapports sont ensuite mis en ligne dans 44% des organisations, 19% les diffusent toujours au format papier, malgré les efforts entrepris ces dernières années sur la dématérialisation. Au regard de la contrainte représentée par la production des rapports, la valeur générée semble nettement insuffisante : 58% des acteurs publics interrogés (58%) estiment ainsi que les rapports de pilotage ont un impact faible, voir nul sur le fonctionnement de leurs activités. Néanmoins, 78% indiquent vouloir optimiser leur système de pilotage actuel, montrant une volonté de progresser sur ce sujet.
Article rédigé par
Aurélie Chandeze, Rédactrice en chef adjointe de CIO
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