Le quintuple chemin de maîtrise de la gouvernance numérique
Pour viser l'innovation par les systèmes d'information (SI), il faut une nouvelle doctrine de gouvernance de SI. La doctrine relationnelle devrait compléter la doctrine procédurale : ce sont les relations et non les processus qui déterminent le partage des fruits d'une innovation conjointe.
PublicitéEn 2010, plusieurs auteurs de référentiels de gouvernance de systèmes d'information (SI) ont annoncé la sortie prochaine de nouvelles versions ou de mises à jour. Ainsi « Cobit 5 » [1] et « ITIL V3 Update » [2] sont attendues pour le premier trimestre 2011. Avant leur révélation aux acteurs du marché, nous tentons de faire un point sur les besoins des entreprises.
Un état de l'art
Les pratiques les plus répandues de gouvernance de SI sont nées il y a plusieurs années et pour certaines d'entre elles il y a quelques décennies. S'inscrivant dans une époque où les entreprises recherchaient des gains de productivité et de fiabilité en reconfigurant leurs activités en processus, elles représentent des répertoires de tâches, ou pour les plus abouties d'entre elles, des catalogues de processus. Le référentiel eSCM (eSourcing Capabililty Model) né au début des années 2000 innove en séparant les processus, -désignés par « Practices » dans les documents originaux [3] -, exécutés par l'utilisateur de SI de ceux par le prestataire. En effet, eSCM est né sous l'impulsion d'une SSII indienne souhaitant promouvoir les services offshore et dans cette intention il s'agissait de compenser la distance physique par la mise en place de processus reconnus pour assurer une chaîne sans couture entre les fournisseurs et l'utilisateur.
Innover par et dans les SI
En 2011, les entreprises visent l'innovation par les systèmes d'information. Si on a déjà fait remarquer que trop de processus (« over engineering ») corsètent les initiatives et brident l'autonomie condition d'une imagination opérationnelle, il faut considérer que ce sont les relations entre parties prenantes, en l'occurrence un fournisseur et un client, qui sont source d'innovation : l'innovation [de produit] peut se définir très simplement comme la rencontre d'un produit nouveau avec son marché. Mais également, ce sont les relations qui déterminent le partage des fruits d'une innovation conjointe et non les processus qui ne sont déterminés qu'après. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer une communauté Open Source dont le fonctionnement dépend du type de licence adoptée.
Doctrine relationnelle
Dès lors, il peut être opportun de parler de « doctrine relationnelle » de gouvernance de SI que l'on mettra en regard avec une « doctrine procédurale ». Au lieu d'un catalogue de processus, une pratique suivant la doctrine relationnelle représentera une collection de relations entre parties prenantes. Pour désigner ces collections, nous avançons la notion de régime (Ang : regime) [4] [5], une notion que nous empruntons aux sciences politiques. Ancrée dans l'histoire et la culture française, cette notion semble avoir été méconnue dans les écrits en gestion de SI. Néanmoins, une recherche avec les mots clefs « IT Constitution » ramènera une réponse, celle du County de Sacramento [6] : nos amis américains n'ont connu en deux siècles qu'un seul régime.
La notion centrale de la doctrine posée, il convient de fournir un repère pour la pratique. Nous avançons un quintuple chemin de maîtrise de la gouvernance numérique (« The IT governance tenure paths ») : « implicite » (« Implicit governance ») où le régime numérique n'est pas formellement institué, « écrite » (« Edicted governance ») où il existe des textes instituant le régime, « managée » (« Managed governance ») lorsqu'un dispositif d'amendement est mis en place, « différenciée » (« Differentiated governance ») lorsque plusieurs régimes numériques coexistent au sein d'un SI, et enfin « modulaire » (« Modular governance ») lorsque l'on peut attribuer à chaque composante d'une architecture numérique un régime propre.
Pour désigner les éléments de pratiques à venir qui se réfèreront à la doctrine relationnelle, nous avançons l'appellation « Regime Management for IT » (Reg4IT).
Publicité[1] Cobit Design Paper - Exposure Draft, ISACA, 2010.
[2] « Champ d'application et plan de développement : ITIM®Mise à jour de V3 », Février 2010, OGC, The Stationery Office.
[3] The eSCM-SP v2 - The eSourcing Capability Model for Service Providers, Elaine B. Hyder, Keith M. Heston, Mark C. Paulk, ITsqc, Carnegie Mellon University, 2004.
[4] Les régimes de gouvernance SOA, Tru Dô-Khac, CIO-online, 18 octobre 2010.
[5] Le Régime Numérique est le Service (The Regime is the Cloud Computing Service), Tru Dô-Khac, CIO-online, 17 janvier 2011.
[6] County of Sacramento, Information Technology Constitution, Board adopted on February 18. 2003.
Article rédigé par
Tru Dô-Khac, Consultant indépendant en gouvernance IT et innovation, The Archilogy Institute
Polytechnicien, ingénieur Supélec, Tru Dô-Khac est consultant indépendant en gouvernance de systèmes d'information et innovation. Président fondateur de X-Propriété-Intellectuelle, un groupe professionnel de l'amicale des anciens de l'X, il est un membre fondateur de The Archilogy Institute, une communauté de connaissances "ouverte et libre" adressant la gouvernance pour les entreprises et écosystèmes.
Consultant en gouvernance IT & Innovation
Membre fondateur de The Archilogy Institute, www.archilogie.net
Président fondateur de X-Propriété-Intellectuelle, www.x-propriete-intellectuelle.org
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